bénéfice des anti-IL5 en aigu lors des exacerbations

bénéfice des anti-IL5 en aigu lors des exacerbations
bénéfice des anti-IL5 en aigu lors des exacerbations

L’hyperéosinophilie est retrouvée dans de nombreuses exacerbations de l’asthme et de la BPCO. Elle est présente dans près de la moitié des exacerbations d’asthme et dans un tiers des exacerbations de BPCO. Mais on ne sait pas si l’administration d’anti-IL5 – sous forme d’injection unique de béralizumab – est bénéfique au stade aigu de ce type d’exacerbation. C’est ce qu’a testé une étude de phase 2 randomisée en double aveugle récemment publiée dans le Lancet avec des résultats encourageants (1). Dans les bras ayant reçu cet anti-IL5 seul, ou associé à des corticoïdes, les échecs thérapeutiques de l’exacerbation sont en effet significativement moins fréquents à trois mois et les symptômes moins significatifs à un mois.

Une étude de phase 2 randomisée, en double aveugle et à trois bras

L’étude Abra (pour exacerbations aiguës traitées par benralizumab) est une étude de phase 2 multicentrique, en double aveugle, à trois bras avec deux placebos dans deux hôpitaux britanniques. Il était parrainé par l’Université d’Oxford.

Des sujets adultes ont été recrutés aux urgences lorsqu’ils présentaient une exacerbation de l’asthme ou de la BPCO associée à un taux d’éosinophiles supérieur ou égal à 300 cellules/μl. Ces sujets préalablement connus doivent avoir déjà reçu un diagnostic d’asthme ou de BPCO, avoir eu une exacerbation dans l’année et avoir des antécédents d’hyperéosinophilie (plus de 250 cellules/μl).

Ils ont été randomisés après stratification sur leur pathologie (asthme ou BPCO), leur VEMS (inférieur à 50 %, au moins 50 %), leur tabagisme (non-fumeur, ex-fumeur, fumeur) et le nombre d’exacerbations annuelles. (moins de deux, au moins deux/an) en trois bras (1/1/1) :

— Un bras « Benra-Pred » associant une injection de béralizumab (100 mg SC) et des corticoïdes (prednisolone à 30 mg/jour, 5 jours)

— Un bras « Benra » traité avec la seule injection de béralizumab

— Un bras « Pred », traité par corticoïdes seuls.

Au total, 158 patients ont été inclus entre mai 2021 et février 2024.

Leur âge moyen est de 57 ans et 54% sont des femmes.

Parmi eux, plus de la moitié souffraient d’asthme (56 %), un tiers de BPCO (32 %) et un peu plus d’un sur dix souffrait à la fois d’asthme et de BPCO (12 %).

Le critère d’évaluation principal inclut le taux d’échec du traitement à trois mois (décès, réhospitalisation ou nécessité d’un retraitement par corticoïdes ou antibiotiques) et la symptomatologie (score EVA de toux, dyspnée, respiration sifflante, crachats purulents, production d’expectorations et exacerbation globale) à un mois, dans les deux bras ayant reçu des anti-IL5 (Benra et Benra-Pred), versus le bras témoin corticostéroïdes uniquement (Pred).

Moins d’échecs à trois mois et de meilleurs symptômes à un mois

À 3 mois, il y avait 74 % d’échec dans le bras corticostéroïdes (bras Pred), 47 % d’échec dans le bras Benra et 42 % d’échec dans le bras Benra-Pred. Résultat, on observe une différence significative dans les taux d’échec, entre le bras corticoïdes seuls, et les deux bras ayant reçu l’anti-IL5, analysés ensemble. (74 contre 45 % ; RR = 0,26 [0,13-0,56] ; p = 0,0005).

Déjà, à un mois, les échecs sont nettement moins nombreux. Il y a 45 % d’échecs dans le bras corticoïdes contre 25 % dans le bras Benra et 19 % dans le bras Benra-Pred. Soit une différence significative entre le bras corticoïdes et les bras Benra pris ensemble (RR = 0,30), mais pas de différence entre les deux bras ayant reçu l’anti-IL5.

Parallèlement, la symptomatologie à un mois est encore meilleure dans les bras ayant reçu l’ensemble des anti-IL5 que dans le bras corticoïdes (différence moyenne : 49 [14-84] mm sur une échelle de 0 à 100 ; p = 0,0065). Lorsque nous examinons chaque bras séparément, nous mettons également en évidence une différence significative en faveur du bras Benra par rapport au bras corticostéroïdes et du bras Benra-Pred par rapport au bras corticostéroïdes.

Enfin, le délai d’échec est significativement plus long dans l’ensemble des bras Benra que dans le bras corticoïdes (RR = 0,39). [0,25-0,61]). Cependant, il n’y a aucune différence entre les armes Benra seules et les armes Benra-Pred.

Pour les auteurs, ce travail met en évidence que « l’administration d’anti-IL5 en phase aiguë, associée ou non à des corticoïdes, est très intéressante chez les patients présentant une exacerbation d’asthme ou de BPCO associée à une hyperéosinophilie ». Selon l’éditorialiste qui a commenté cet ouvrage, « cela ouvre une nouvelle ère dans la manière d’envisager, de traiter et de gérer ces exacerbations » (2).

(1) Sanjay Ramakrishnan et coll. Traiter les exacerbations éosinophiles de l’asthme et de la BPCO avec le benralizumab (ABRA) : un essai randomisé en double aveugle, à double placebo, actif, contrôlé par placebo. Lancet Respir Med 2024
(2) C Leung et coll. Une nouvelle ère dans le traitement des exacerbations aiguës de l’asthme et de la BPCO. Lancet Respir Med 2024

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV soigner les patients les plus graves à Uvira, foyer de l’épidémie [2/3]
NEXT Des scientifiques danois mettent en garde contre un risque accru de développer une maladie oculaire rare – Libération