Depuis 50 ans, aucune étude scientifique n’a pu prouver l’efficacité d’une nouvelle molécule en association avec la doxorubicine dans le traitement de première intention des sarcomes des tissus mous. C’est désormais chose faite avec l’étude Doxorubicine – Trabectédine avec entretien de la trabectédine dans le léiomyosarcome, promu par Gustave Roussy qui a évalué l’ajout d’une nouvelle molécule au traitement standard prescrit aux patients atteints de léiomyosarcome métastatique ou inopérable [1]. Les résultats finaux ont été publiés dans Le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre [2].
« La doxorubicine est la chimiothérapie standard depuis des décennies. Nos travaux montrent que l’ajout de trabectidine à cette chimiothérapie, molécule synthétisée à partir d’une éponge marine, suivi d’un traitement d’entretien à la trabectédine seule, permet de doubler la survie sans progression de la maladie chez les patients atteints de léiomyosarcome avancé », détaille le Dr PatriciaPaulierchef du comité de cancérologie gynécologique à Gustave Roussy et premier auteur de la publication [1].
Ajout d’un traitement d’entretien par trabectédine
Les sarcomes, qui totalisent environ 5 000 nouveaux cas chaque année en France, sont constitués d’une très grande hétérogénéité de tumeurs, qui ont en commun de se développer dans les tissus de soutien de l’organisme. Environ 3 000 sarcomes détectés chaque année en France sont dits « des tissus mous ». Ils s’attaquent aux cellules présentes dans les muscles, la graisse (tissu adipeux) ou encore les nerfs. Les léiomyosarcomes constituent l’un des sous-groupes histologiques les plus fréquents des sarcomes des tissus mous, et prennent leur origine dans les muscles lisses, que l’on retrouve notamment dans les muscles des membres ou de la paroi utérine. Détectés à un stade avancé, ils présentent un pronostic défavorable.
Une précédente étude de phase II, également promue par Gustave Roussy, et publiée dans The Lancet Oncologie en 2015 , avait montré des résultats thérapeutiques intéressants concernant l’association doxorubicine-trabectédine sur la survie des patients atteints de limyosarcome avancé. L’étude de phase III qui vient d’être publiée dans le Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre et réalisé par le Groupe Français Sarcome, s’inscrit dans la continuité de ce travail, en y ajoutant un traitement d’entretien à la trabectédine.
La survie sans progression de la maladie a doublé
En effet, cette nouvelle étude réalisée sous la direction du Dre Patricia Pautierchef du comité d’oncologie gynécologique de Gustave Roussy, a évalué l’ajout d’une nouvelle molécule au traitement standard prescrit aux patientes atteintes d’un léiomyosarcome métastatique ou non opérable.
Dans cette étude, 150 patients, tous atteints de léiomyosarcome avancé ou inopérable, ont été randomisés en deux groupes. Les personnes incluses dans le premier groupe ont reçu six cycles de doxorubicine, le traitement standard de première intention pour cette indication. Les patients inclus dans le deuxième groupe ont reçu six cycles de doxorubicine couplée à la trabectédine, suivis d’un traitement d’entretien par trabectédine pour ceux dont la maladie n’avait pas progressé. La chirurgie était autorisée dans les deux groupes après six cycles de chimiothérapie pour éliminer la maladie résiduelle. Le critère d’évaluation principal était la survie sans progression et la survie globale était le critère d’évaluation secondaire.
Les résultats finaux montrent une amélioration significative de la survie sans progression et de la survie globale dans le groupe de patients ayant reçu cette nouvelle approche thérapeutique. La survie globale des patients ayant suivi ce schéma thérapeutique était de 33 mois, contre 24 mois pour le groupe de patients ayant reçu 6 cycles de doxorubicine seule. Les résultats sont encore plus encourageants concernant la survie sans progression de la maladie. Elle passe de 6 mois dans le groupe doxorubicine seule, à 12 mois dans le groupe doxorubicine-trabectédine puis trabectédine d’entretien.
« Grâce à ses résultats positifs, cette étude « change la pratique ». Elle ouvre de nouvelles perspectives de recherche, notamment dans les liposarcomes. Ainsi, un nouvel essai européen de phase III mené par le French Sarcoma Group va débuter dans les léiomyosarcomes utérins à haut risque de récidive après chirurgie, qui comparera la surveillance seule à 4 cycles de chimiothérapie par doxorubicine-trabectédine., conclut la Dre Patricia Pautier.