Atteint d’Alzheimer, cet artiste a peint des autoportraits sur l’évolution de sa maladie

Atteint d’Alzheimer, cet artiste a peint des autoportraits sur l’évolution de sa maladie
Atteint d’Alzheimer, cet artiste a peint des autoportraits sur l’évolution de sa maladie

Après avoir appris qu’il était atteint de la maladie d’Alzheimer, l’artiste William Utermohlen s’est mis au défi de peindre son autoportrait au fil des années, car sa mémoire lui faisait défaut.

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui attaque principalement la mémoire. À un stade sévère, le patient perd complètement ses fonctions cognitives. Il développe des problèmes de mémoire, l’empêchant de se souvenir de quoi que ce soit. Finalement, l’individu qu’il avait disparu, ravagé par la maladie.
Condamné par cette pathologie, le peintre William Utermohlen décide de raconter sa maladie à travers son pinceau, peindre son autoportrait pendant 6 ansavant de sombrer lui-même dans l’oubli.

Qui est William Utermohlen ?

William Utermohlen est né en 1933 à Philadelphie, en Pennsylvanie. Dès l’âge de 18 ans, il se consacre à l’art en obtenant une bourse à l’Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie en 1951. Après avoir effectué son service militaire en 1953, il décide de parcourir le monde et découvre les œuvres de Giotto, Piero della Francesca, Andrea Mantegna et Nicolas Poussin. Il s’installe finalement en Angleterre, à Londres, et s’inscrit à la Ruskin School of Art d’Oxford en 1956. Là, le peintre du mouvement de l’art figuratif rencontre l’historienne de l’art Patricia Redmond, qu’il épouse en 1965.

Tout au long de sa carrière, William Utermohlen a peint de nombreuses œuvres que les spécialistes classent comme six grands « cycles ». Dans la première, de 1962 à 1963, il se consacre à peintures inspirées de la mythologie, la seconde de 1965 à 1966, intitulée « L’Enfer de Dante », fait référence à la littérature médiévale. L’année 1969 constitue le troisième cycle de William Utermohlen. Il peint « La Parade des Mummers » pour dénoncer les conflits violents de l’Amérique à la fin des années 1960. Puis, la série « War » en 1972 dans laquelle il illustre la guerre du Vietnam. Ensuite, les « Nus » de 1973-74 et enfin les « Conversation Pieces », où l’artiste peint des moments de vie avec sa femme dans un décor très coloré, de 1989-1991.

Démence d’Alzheimer

En 1995, la vie de William Utermohlen change. Il est atteint de la maladie d’Alzheimer. Pour autant, l’artiste ne sombre pas dans la fatalité et le désespoir. Le spécialiste du figuratif décide d’utiliser son art comme une arme contre l’oubli. D’ailleurs, les premiers signes de la maladie sont apparus lorsqu’il a peint la série « Conversation Pieces » dans les années 90. En guise d’ode à la vie, William a peint des toiles lumineuses laissant pénétrer le spectateur dans la joyeuse intimité du couple. Mais à mesure que la maladie se propage, ces chefs-d’œuvre montrent les signes d’un monde nouveau et plus sombre. « Les changements dans la perception spatiale deviennent particulièrement évidents dans l’espace sens dessus dessous de Snow, où William montre le chemin vers son nouveau studio dans la maison située sur la mezzanine au-dessus de la salle à manger. Le spectateur surmonte les nombreux obstacles présents dans l’espace – les chaises vertes autour de la table rouge de la salle à manger, la table bleue avec les oranges, l’aquarium, la plante verte rampante – pour finalement atteindre l’escalier menant à la mezzanine en surplomb peinte en couleur. style rouge violent. La porte verte à l’arrière s’ouvre sur une obscurité étrange comme dans Bed”, explique le média Sur l’art et l’esthétique. Cette joie s’est peu à peu transformée en un cauchemar maladif oùl’artiste exprime sur toile sa terreur, sa tristesse, sa colère et son désarroi et surtout son combat contre la progression de la démence. De 1995 à 2000, il peint des autoportraits.

Pièces de conversation, 1989-1991

Autoportraits du néant

Une image vaut mille « peines », dans ce cas précis. Pour ne pas s’oublier, William Utermohlen entreprit de dresser son propre portrait. Son premier tableau « Blue Sky », en 1995, proche du style des « Conversation pieces », le représente assis seul sur une table, une forme de métaphore de sa future solitude face à la maladie.

“Ciel bleu”, 1995 William Utermohlen

En revanche, ces autres autoportraits sont radicalement plus triste et plus sombre à mesure que sa maladie le ravageait. « Chaque fois qu’il réalisait un petit autoportrait, William le montrait à son infirmière, Ron Isaacs. Ron a visité le studio et photographié chaque nouvelle œuvre. La conviction de Ron selon laquelle les efforts de William contribuaient à mieux comprendre les aspects profondément psychologiques et traumatisants de la maladie ont sans aucun doute encouragé William à continuer. dit sa femme.

Autoportraits de William Utermohlen de 1995 à 2000. Creapills – William Utermohlen

En effet, le maître du pinceau a dessiné plusieurs autoportraits : « Rouge » (1996), « Dans l’atelier » (1996), « Autoportrait à la scie » (1997), « Vert » (1997), « Autoportrait à la scie » (1997). -portrait effacé » (1999) et enfin, Head (2000). Chaque coup de pinceau, courbes et couleurs retracent l’évolution de sa maladie et la disparition progressive de lui-même.

Le 21 mars 2007, William Utermohlen succombe à la maladie. Depuis, cette série d’autoportraits est devenue une rare documentation médicale et psychologique. En avril 2024, le Brain Institute l’a même utilisé pour illustrer l’évolution de la maladie dans le cadre d’une campagne de sensibilisation.

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