Tadoussac sous le charme d’Elisapie

Elisapie a envoûté l’église de Tadoussac avec ses belles reprises en inuktitut de chansons pop samedi soir. Avec Maten et Soleil Launière, le Festival de la chanson a su faire une place forte aux musiques autochtones au cœur de sa programmation.

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La troisième journée de la Fête de la Chanson s’est déroulée sous un ciel absolument radieux. En début d’après-midi, des centaines de personnes se sont rassemblées sur la plage ensoleillée de la baie de Tadoussac. Les enfants jouaient dans l’eau, les festivaliers prenaient lentement un bain de soleil ou écoutaient attentivement le rock déjanté d’Allô Fantôme. Une ambiance joyeuse qui respirait le bonheur.

Le soir, l’église du village était pleine à craquer. Baignée d’un faisceau de lumière rosée et d’une fine fumée blanche, splendidement vêtue d’une seyante et magnifique tenue argentée à franges, Elisapie s’est présentée sur scène aux notes deUummati Attanarsimasa version du grand succès de Blondie de 1978, Coeur de verre.

Gracieux et d’une beauté éthérée, bougeant avec douceur en chantant, l’auteur-compositeur-interprète offrirait un spectacle captivant et plein d’émotion.

Après Taimangalimaaqsa version de À maintes reprises de Cyndi Lauper, elle a adressé quelques mots à un public nombreux et attentif.

« Je suis vraiment heureux de commencer cette tournée estivale ici. C’est un festival très spécial pour moi, qui m’a invité dès le début», a souligné la chanteuse inuite qui vient de remporter le prix de l’Artiste autochtone contemporain de l’année aux Juno Awards 2024.

Crédit Jay Kearney Photographe

Invitant son public à un voyage émotionnel, expliquant parfois pourquoi les titres qu’elle choisissait de privilégier pour ses reprises et la résonance personnelle et intime, souvent familiale, qu’ils évoquent en elle, elle a continué d’envelopper l’église de sa voix chaleureuse avec Californiemut ainsi que le succès de Metallica, Isumagijunnaitaungituq (l’Impardonné). “C’est probablement mon album le plus personnel au final”, a-t-elle noté, précisant que les chansons de Inuktitutnominés pour le prix Polaris récompensant le meilleur album canadien, ne sont pas seulement couvre.

Elisapie ne pouvait laisser personne indifférent. Elle a indéniablement charmé son public en racontant son histoire tout en proposant quelques titres de son dernier album original, La ballade de la fugueusey compris sa chanson Arnak, des femmes vibrantes et en fête, la foule entièrement derrière elles. Elle a finalement clôturé son show avec une version a cappella absolument merveilleuse de J’aimerais que tu sois ici, Qaisimalaurittuqavec ses trois musiciens, invitant la foule à fredonner doucement le célèbre morceau de Pink Floyd afin de disparaître pour enfin offrir en rappel la magnifique reprise de Hé, ce n’est pas une façon de dire au revoir par Léonard Cohen. Un spectacle plein de douceur, de magnétisme, de danse et ponctué d’émotions dont les spectateurs se souviendront longtemps.

Place à la musique innue

Juste avant Elisapie, c’est le groupe folk rock innu Maten qui est venu faire vibrer l’église avec ses tambours et ses guitares. La salle était pleine pour le quatuor de Mani-Utenam, sur la Rive-Nord, composé de Mathieu McKenzie, Samuel Pinette, Kim Fontaine et Louis-Philippe Boivin.

Crédit Karine Ruel

Ils ont interprété plusieurs chansons évoquant le courage, commençant par Nitepuatuatune chanson créée par Samuel pour implorer leurs ancêtres de leur donner de la lumière dans cette vie terrestre pendant les moments difficiles, et en continuant avec Tshika ui pishikun ce qui signifie « nous n’abandonnons pas » et ne nous levons pas.

« Nous souhaitons rencontrer des gens pour partager notre culture et notre langue. La musique est un outil important de mémoire et de réappropriation de notre langue, l’innu-aimun, notre langue en perte de vitesse», a souligné Mathieu McKenzie, fils de Florent Volant.

Le groupe attachant a ainsi proposé de nombreuses compositions originales tirées de leur album Uténat, des chants ancestraux, voire un cha cha, le seul Innu au monde, combiné à une animation taquine et pleine d’humour entre Samuel et Mathieu. A de nombreuses reprises, ce dernier s’est montré reconnaissant envers le public et le festival pour avoir fait la part belle aux musiques indigènes, notamment en dédiant un grand Makusham au comité d’organisation. L’ensemble du public s’est ensuite levé pour interpréter cette grande danse traditionnelle innue à travers la nef de l’église au rythme du teueikan.

Quelques minutes plus tard, le pub de la microbrasserie était plein à craquer pour accueillir le grand gagnant des Francouvertes 2024, Soleil Lanaudière. Avec des gestes forts et calmes, l’artiste de Mashteuiatsh est venue découvrir les morceaux de son premier album Taueu avec sa voix très incarnée. Un voyage vibrant et absolument magnifique.


Crédit Karine Ruel

 
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