Dans son dernier roman, Quentin Mouron met en scène des trentenaires sous influence

Publié le 15 juin 2024 à 14h09 / Modifié le 15 juin 2024 à 14h51

Depuis la parution de son précédent roman Vesoul, le 7 janvier 2015, dans lequel il évoquait de manière décalée les attaques qui ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo, Quentin Mouron a fait un long détour par d’autres registres de l’écriture. Il y a d’abord un essai consacré à l’écrivain fin de siècle Jean Lorrain, envers qui le jeune homme reconnaît volontiers une dette. Puis surgit la pandémie de covid et ses contraintes successives qui furent l’occasion pour lui de se plonger dans la poésie engagée du XXème siècle. Durant cette période de retrait, l’auteur a publié de nombreux poèmes sur les réseaux sociaux. Des textes en vers libres, dont une partie, ainsi que des inédits, ont été publiés en 2022 par l’éditeur Olivier Morattel – complice de longue date – dans deux recueils aux titres intrigants : Pourquoi suis-je communiste ? Et Haine des oiseaux.

La Dernière Salle du Grand Hôtel Abîme marque le retour de Quentin Mouron à l’écriture romanesque. On voit bien les traces laissées par son expérience de versification. Dans un prologue au tracé aérien, un ton nouveau s’impose : « Elle gisait au bord de la piscine de l’hôtel, brisée, sans vie. /Elle gisait dans la nuit, /dans cette nuit de frissons/de coups de graisse, /dans cette nuit ordinaire de violence, /qui était banalement l’envers du rêve, /qui n’avait même pas la dignité d’un cauchemar. » Flashback : en une cinquantaine de chapitres et un épilogue doux-amer, le lecteur suit les imbroglios relationnels de cinq personnages, tous trentenaires et potentiellement responsables (voire coupables) de cette mort violente.