Les aliments cuits dans des friteuses à air contiennent des niveaux plus élevés d’un produit chimique soupçonné d’être cancérigène, selon une étude scientifique.
Écrit sur 13/11/2024
Les friteuses à air font fureur dans nos cuisines, mais sont-elles vraiment sans risque ? Une étude publiée dans la revue Frontières de la nutrition souligne cet appareil électroménager devenu incontournable ces dernières années. Plus particulièrement, les résultats de cette étude scientifique réalisée par une équipe de chercheurs de l’université de Gazi, à Ankara (Turquie), indiquent un lien entre la cuisson dans ces friteuses sans huile et un taux plus élevé d’acrylamide, un composé chimique suspecté d’être cancérigène dans les aliments.
Qu’est-ce que l’acrylamide ?
“L’augmentation de l’obésité et des maladies associées telles que le diabète, l’hypertension et les maladies coronariennes entraînent des changements dans les techniques de cuisson et la création d’ingrédients alimentaires alternatifs.», indiquent les chercheurs en point culminant de leur étude. Avec un objectif en tête : réduire la consommation de matières grasses dans les repas, tout en conservant leur qualité nutritionnelle et leur saveur. Grâce à sa cuisson à air chaud et avec très peu de matière grasse, la friteuse à air est une candidate parfaite pour ce rôle.
Cependant, “les réactions chimiques dans les processus de cuisson conduisent à la formation de certains composants, appelés contaminants des processus thermiques, qui nuisent à la santé.», ajoutent les scientifiques. Un composé chimique a particulièrement retenu l’attention des auteurs de l’étude : l’acrylamide (ou 2-propénamide). Celui-ci “trouvé dans des produits comme les chips, les pommes de terre frites, le pain, les biscuits et le café», énumère le Centre de cancérologie Léon Bérard (CLB).
“Lors des cuissons à haute température (120-150°C), notamment lors de la friture, ce composé chimique peut être généré dans les aliments riches en amidon. Cette réaction de brunissement, également appelée réaction de Maillard, donne de la couleur aux aliments et produit de l’acrylamide.indique également le CLB. Problème : Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé l’acrylamide comme probablement cancérogène pour l’homme (groupe 2A) en 1994.
Trois modes de cuisson testés
Lors de leur étude publiée en janvier 2024, les chercheurs ont analysé le taux d’acrylamide contenu dans les pommes de terre selon trois techniques de cuisson : frites dans l’huile, cuites au four ou à la friteuse à air. Les pommes de terre étaient ensuite soit simplement rincées, soit lavées avant la cuisson.
Résultat : le taux d’acrylamide le plus élevé a été trouvé dans les pommes de terre cuites à la friteuse, avec environ 12,19 microgrammes par kilogramme de pommes de terre. Viennent ensuite les pommes de terre cuites à la friture (environ 8,94 μg/kg) et au four (environ 7,43 μg/kg). Si les différences entre les modes de cuisson ne sont pas «statistiquement significatif», selon les auteurs de l’étude, le taux d’acrylamide diminue cependant de manière assez significative pour les pommes de terre lavées avant d’être cuites, plutôt que pour celles qui ont simplement été rincées.
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Quels sont les risques pour la santé de l’acrylamide ?
Après avoir été ingéré, “l’acrylamide est absorbé par le tractus gastro-intestinal, distribué dans tous les organes et largement métabolisé», expliquait l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) dans un communiqué publié en 2015. «Les animaux de laboratoire exposés par voie orale à l’acrylamide présentent un risque accru de développer des mutations génétiques et des tumeurs.“De plus, l’exposition à l’acrylamide également”pourrait entraîner des effets nocifs sur le système nerveux (y compris la paralysie des membres postérieurs), sur le développement pré et postnatal et nuire au système reproducteur masculin« .
Pour réduire les risques d’exposition à l’acrylamide, n’hésitez pas à laver vos pommes de terre avant de les cuire, quel que soit le mode de cuisson privilégié. Cela réduit la teneur en amidon de la pomme de terre, et limite ainsi la formation d’acrylamide lors de la cuisson.