Après sa mort, les manuscrits de Franz Kafka ont connu des destins incroyables – rts.ch – .

Après sa mort, les manuscrits de Franz Kafka ont connu des destins incroyables – rts.ch – .
Après sa mort, les manuscrits de Franz Kafka ont connu des destins incroyables – rts.ch – .

Dans « Je chercherai Kafka – une enquête littéraire », l’écrivaine et philosophe Léa Veinstein raconte le sort des manuscrits de l’auteur de « La Métamorphose » après sa mort. Un voyage kafkaïen qui commence à Prague, passe par Zurich et se termine à Jérusalem.

“J’ai eu l’impression d’être dans un de ses livres”, raconte avec malice Léa Veinstein, auteure de “Je vais chercher Kafka – une enquête littéraire”, en apparaissant dans l’émission Vertigo le 4 juin l’itinéraire posthume des manuscrits. de l’Autrichien dont le centenaire de la disparition a été célébré le 3 juin.

Aujourd’hui considéré comme l’un des auteurs les plus influents du XXe siècle, Franz Fafka a peu publié de son vivant – à l’exception notable de sa nouvelle « La Métamorphose » en 1915 – et connaît ensuite un succès limité. Au moment de sa mort causée par la tuberculose, il avait 40 ans et était « dans une forme de souffrance dans son rapport à l’écriture », explique la spécialiste française qui lui a consacré sa thèse.

Des manuscrits sauvés deux fois des flammes

Franz Kafka (1883-1924). [DP]

Juste après l’enterrement de Kafka, son ami et exécuteur testamentaire Max Brod a trouvé une note manuscrite lui demandant de brûler tous ses manuscrits, lettres et écrits divers. Mais pourquoi cette demande ? Léa Veinstein tente de répondre : « Je pense que Kafka a tellement placé l’écriture et la littérature qu’à certains moments de sa vie, il ne s’est pas jugé à la hauteur de cette tâche. »

Face à ce dernier souhait, Max Brod, lui-même poète et écrivain, décide de l’ignorer et de publier les œuvres de son ami à titre posthume. Il « a interprété cette volonté comme une angoisse, une peur qui, en fait, signifiait un désir profond de vouloir être publié, de vouloir être lu, de vouloir être reconnu », estime Léa Veinstein.

A partir de là, l’homme consacrera sa vie à diffuser et faire connaître les écrits, souvent inachevés, de Franz Kafka. Parmi ceux-ci, ses romans les plus connus sont « Le Procès », publié en 1925, « Le Château » en 1926 et « L’Amérique » en 1927.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Envahie par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, Prague n’est plus un lieu sûr pour Max Brod. Lorsqu’il quitte en urgence la ville pour Tel-Aviv en 1939, il met dans sa valise, non pas ses propres textes, mais ceux de Kafka. Ce faisant, il les sauve une seconde fois des flammes ; les envahisseurs n’hésitant pas à organiser des autodafés avec les ouvrages qui les dérangent.

>> Ecoutez l’interview de Léa Veinstein à propos de son livre : « Je vais retrouver Kafka. Une enquête littéraire » :

L’invitée : Léa Veinstein sur les traces de Franz Kafka / Vertigo / 23 min. / Mardi à 17h06

Un procès des plus kafkaïens

En 1968, Max Brod meurt sans enfants. C’est sa secrétaire Esther Hoffe qui se retrouve chargée de gérer les archives de Kafka. Elle a conservé une partie des documents dans les coffres d’une banque suisse à Zurich, en a vendu certains à des collectionneurs, dont celui du «Procès» pour deux millions de dollars en 1988. A la mort d’Esther Hoffe en 2007, ce sont ses deux filles qui hérite de la propriété et certains papiers de Kafka finissent par languir dans un appartement de Tel Aviv, rempli de chats errants.

Mais c’était sans compter sur l’Etat israélien qui a engagé une série de poursuites contre les deux héritières afin de récupérer les manuscrits. Dans son testament, Max Brod a demandé à son assistante de léguer ces archives à une institution culturelle israélienne, ce qu’elle n’a pas respecté. Enfin, par une décision de justice rendue en 2016, les écrits de Kafka sont désormais conservés à la Bibliothèque nationale israélienne.

« Ce qui me fascine le plus dans cette enquête, c’est qu’on voit des liens se créer entre le parcours de cette œuvre et son contenu. Le cas le plus flagrant est ce procès en Israël qui va « s’étaler sur des années au cours desquelles il y aura des appels envoyés à la Cour suprême. Cela rappelle évidemment le roman de Kafka», conclut Léa Veinstein.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web : Andréanne Quartier-la-Tente

Léa Veinstein, « Je chercherai Kafka – une enquête littéraire », éditions Flammarion, mars 2024.

 
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