Avec l’arrivée de l’automne ont commencé les campagnes de vaccination contre la grippe et le Covid et notamment une vaccination conjointe contre les deux virus pour les personnes les plus à risque. Mais comme (presque) chaque année, on craint que les gens ne se précipitent pas pour se faire vacciner.
Récemment, je me suis souvenu d’un échange avec une de mes connaissances. Arnaud, propriétaire d’un bar dans le centre-ville de Lille, m’a demandé : « Pensez-vous que je devrais me faire vacciner ? » Avant même que je lui réponde, il a lancé : « Enfin, le Covid, c’est comme la grippe, ça arrive en hiver, ça provoque la même maladie et on peut se faire vacciner ».
Je n’ai pas eu le temps d’expliquer en détail à Arnaud ce qui différencie ces deux virus et ce qu’ils peuvent avoir en commun. Je vais essayer de le faire dans cet article… en espérant qu’il le lira. Et qu’il comprendra qu’il ne faut pas prendre ces virus à la légère.
Deux virus qui tuent chaque année
D’une année sur l’autre, les épidémies de grippe ne sont pas les mêmes, notamment parce que les souches virales impliquées diffèrent. En revanche, il y a une constante : la grippe tue.
En moyenne, on dénombre chaque année 9 000 décès dus à cette infection, selon Santé publique France. L’agence rappelle que « le poids de la grippe saisonnière est donc considérable sur le système de santé mais aussi sur la société en général (absentéisme, morbidité et mortalité) ».
Le bilan annuel payé au Covid-19 depuis son apparition en 2020 est encore plus lourd : en 4 ans, ce virus a causé au moins 116 000 décès dans les hôpitaux, Ehpad ou autres structures de soins, rapporte l’Insee. Et on se souvient à quel point les différentes vagues du Covid-19 avaient mis à mal tout notre système de santé, avant que les vaccins ne soient disponibles.
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Deux maladies virales aéroportées
Si la grippe et le Covid-19 sont bien deux maladies virales, elles sont provoquées par des virus bien différents. Les grippes sont causées par Virus de la grippe type A, B et – très rarement – C et D, alors que le Covid-19 est provoqué par un coronavirus, le SARS-CoV-2, et ses nombreux variants, qui sont des sous-types de virus dont le génome diffère par une ou plusieurs mutations de celui de le virus d’origine.
Le virus de la grippe, comme celui du Covid-19, partagent cependant un point commun : leur mode de transmission. Tous deux se transmettent par contact avec des sécrétions nasales et salivaires contaminées, par voie aérienne (les virus se retrouvent dans les particules de sécrétions que nous produisons en éternuant, en toussant ou même simplement en parlant ou en respirant).
Dans le cas du virus de la grippe, comme pour le Covid, la transmission est influencée par la température et l’humidité ambiantes : plus il fait froid et plus l’air ambiant est humide, meilleure est la transmission. Cela se produit par contact étroit, mais cela peut également se produire à plusieurs mètres de distance. De plus, les microparticules d’aérosol contenant des virus infectieux peuvent persister plusieurs heures dans l’air ambiant.
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Tous ces éléments expliquent pourquoi le port du masque et l’aération des locaux restent des outils très efficaces dans la lutte contre ces deux infections respiratoires.
Les deux virus peuvent également persister sur des surfaces contaminées (poignées de porte, mouchoirs souillés non jetés à la poubelle, etc.). Si le virus Covid ne reste infectieux que quelques heures sur les surfaces, le virus de la grippe peut rester infectieux jusqu’à 24 heures, d’où l’importance de bien se laver les mains, notamment en période épidémique.
Précisons enfin que le taux de reproduction des virus de la grippe saisonnière (R0, qui correspond au nombre de personnes qu’un individu infecté contamine en moyenne) est d’environ 1,5, tandis que celui des variants du SRAS-CoV-2 peut dépasser 2,5.
Cette plus grande contagiosité explique en partie pourquoi le SARS-CoV-2 est également à l’origine de vagues épidémiques durant l’été, contrairement à la grippe qui est plus ralentie par la période estivale.
Symptômes similaires sous des formes courantes
La durée d’incubation (c’est-à-dire le délai entre la contamination et l’apparition des symptômes) est courte dans les deux infections : 24 à 72 heures en moyenne, et jusqu’à 5 jours après la contamination par le virus de la grippe, 72 heures pour le variant omicron du SRAS. CoV-2.
Dans le cas du Covid comme de la grippe, on considère que les personnes infectées peuvent être contagieuses pendant la phase d’incubation. Une fois les symptômes déclarés, on estime que les gens sont contagieux jusqu’à 7 jours pour la grippe et pendant au moins 7 jours pour le Covid.
Dans la grande majorité des cas, les personnes infectées par l’un ou l’autre de ces virus souffriront de fatigue, de fièvre, de toux, de maux de tête et de gorge, ainsi que d’un écoulement nasal. Cependant, les symptômes varient d’une personne à l’autre, et un nombre important de personnes infectées restent asymptomatiques (elles ne présentent pas de symptômes de la maladie), tout en restant contagieuses.
Dans le cas du Covid, on estime que 30 à 60 % des personnes porteuses du virus sont asymptomatiques (notamment les jeunes enfants). En ce qui concerne la grippe, près de la moitié des infections peuvent être asymptomatiques.
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Risques de complications à prendre en compte
Le virus de la grippe pénètre dans notre organisme par le nez ou la bouche puis se multiplie dans l’épithélium respiratoire. Cette multiplication virale est localisée, ce qui explique pourquoi la grippe entraîne des lésions respiratoires. Cependant, bien que l’infection soit localisée, ces dommages peuvent entraîner la décompensation d’autres pathologies, c’est-à-dire perturber des maladies jusqu’alors bien maîtrisées (diabète ou insuffisance rénale par exemple).
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Les conséquences de l’infection par le SRAS-CoV-2 peuvent être très différentes.
Malgré un tropisme prononcé pour le système respiratoire, ce virus infecte non seulement les cellules des voies respiratoires mais aussi celles d’autres organes (nez, poumons, cerveau, intestin, reins…). Les conséquences potentielles à long terme des infections ne sont pas encore bien comprises, même si l’on sait que certaines personnes développeront des formes à long terme de la maladie.
Certains spécialistes s’inquiètent particulièrement des pertes cognitives qui pourraient être associées à l’infection. Des travaux publiés début octobre 2024 ont montré qu’un an après un Covid léger, des personnes jeunes et en bonne santé présentaient de légers troubles cognitifs. Une autre étude récente a révélé que le cerveau des personnes âgées atteintes d’un Covid sévère était plus gravement touché.
Ces travaux font écho à des recherches antérieures qui avaient déjà révélé que l’infection par le SARS-CoV-2 accélérait le vieillissement cérébral, et provoquait des microruptures de vaisseaux cérébraux.
Populations prédisposées aux formes graves de Covid et de grippe
Certaines situations prédisposent à des formes graves de ces deux infections : l’obésité, les maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, pulmonaires, rénales…), la grossesse et la période qui suit l’accouchement (post-partum).
Le risque de développer une forme grave est également plus élevé chez les personnes dites immunodéprimées, que cette immunodépression soit d’origine génétique, liée à une maladie comme un cancer ou une infection par le VIH ou qu’elle résulte d’un traitement par corticoïdes. à long terme ou chimiothérapie.
Les personnes touchées par ces situations doivent particulièrement se protéger, tout comme les individus de leur entourage qui pourraient être des sources involontaires de contamination.
Il faut aussi penser aux enfants. En effet, s’ils sont très souvent infectés par des virus respiratoires et développent généralement des formes bénignes, ils peuvent transmettre ces virus aussi bien que les adultes… En fonction de leur âge, on peut les sensibiliser aux risques de transmission de ces virus, leur apprendre à s’habiller. un masque, aérer les locaux, etc.
Traitements antiviraux limités et inefficaces
Aujourd’hui, que ce soit pour la grippe ou le « simple » Covid, les symptômes sont traités avec des médicaments destinés à faire baisser la fièvre (antipyrétiques), parfois avec un décongestionnant nasal, du repos et un arrêt de travail si nécessaire. . Seules les formes graves (ou les situations présentant un risque de formes graves) nécessitent une attention particulière.
Concernant le traitement de la grippe par des médicaments antiviraux, seul l’oseltamivir, plus connu sous le nom de marque Tamiflu, est encore remboursé par l’Assurance maladie. Le zanamivir n’est plus utilisé depuis 2020, car jugé trop inefficace.
De plus, ces molécules sont difficiles à utiliser car elles doivent être administrées dans les 48 heures après le début de la maladie, ce qui rend leur utilisation difficile et réduit leur efficacité. L’oseltamivir reste cependant utilisé dans les hôpitaux pour traiter les personnes immunodéprimées, en attendant que des molécules plus efficaces soient disponibles.
Contre le SARS-CoV-2, la première stratégie a consisté à tester le pouvoir antiviral de molécules déjà présentes sur le marché. Même si ce choix ne s’est pas révélé très efficace, il a néanmoins permis d’identifier une molécule, le remdesivir, initialement développée contre le virus Ebola, comme ayant un effet certain contre le SARS-CoV-2. Le remdesivir est actuellement réservé aux patients à haut risque de développer une forme grave, comme les personnes immunodéprimées.
Une autre molécule, le nirmatrelvir, est également utilisée, en association avec un autre médicament, le ritonavir, qui prévient sa dégradation par le foie et prolonge sa durée d’action. L’association nirmatrelvir/ritonavir (connue sous le nom de marque Paxlovid) constitue aujourd’hui le traitement de première intention pour les personnes à haut risque de développer une forme grave du Covid.
Bref, l’offre limitée d’antirétroviraux contre ces deux maladies infectieuses appelle aussi à la vaccination qui reste, on ne le répétera jamais assez, la meilleure arme pour prévenir les formes graves de grippe comme le Covid.