Décazeville. « Tête contre les murs » mercredi à la Strada

Décazeville. « Tête contre les murs » mercredi à la Strada
Décazeville. « Tête contre les murs » mercredi à la Strada

l’essentiel
Le ciné-club Strada termine son cycle Moqueur avec une œuvre singulière et moderne, La tête contre les Murs de Geoge Franju, mercredi 5 juin, à 18h15

Adapté du roman d’Hervé Bazin, « La tête contre les murs » était initialement un projet porté par Jean-Pierre Mocky. Interprète du rôle principal, il signe également l’adaptation, choisit les acteurs, localise les décors. Mais les financiers ne croyaient pas en lui comme réalisateur et lui demandaient de trouver un cinéaste plus expérimenté. Mocky suggère Franju dont il admire le passé documentaire. Cette œuvre noire à la force poétique évidente est autant le projet de Mocky qu’un tableau vivant de Georges Franju. Ce dernier est l’héritier du cinéma fantastique français originel, il est également avec Henri Langlois le co-fondateur de la cinémathèque. L’auteur de Judex – hommage au cinéma muet et à l’écriture surréaliste – a toujours été fasciné par le monde de la nuit. il tente de retranscrire l’étrangeté du réel, une fantaisie majeure affranchie du folklore gothique. Franju propose, dans La Tête contre les murs, une plongée terrifiante dans l’enfer de l’asile. L’image d’un noir et blanc expressionniste – comme seul Schufftan sait l’éclairer, avec cette impression de nuit même de jour –, la musique baroque de Maurice Jarre et l’interprétation émouvante des acteurs, annoncent le film suivant, le chef -œuvre de Franju, Les Yeux sans visage.

Travaux de déménagement

Mocky est conscient de la richesse de l’imaginaire de Franju. La description du monde psychiatrique des années 1950 est absolument désespérée. Nous sommes ici dans le royaume des limbes, miroir inversé d’une société trop lisse pour être vraie. L’histoire décrit l’errance de François Gérane, un jeune homme passionné et idéaliste, en révolte contre un ordre social inique, où la jeunesse et la vie n’ont pas leur place. Le personnage principal s’oppose à son père, un avocat autoritaire qui le fait interner. Il se lie d’amitié avec Heurtevent, un épileptique. Ensemble, ils tentent de s’échapper. Mocky utilise les intuitions de Franju pour poser les bases de son univers, un monde sans logique, qui a perdu tout fondement, où les individus apparaissent comme des morts en sursis. Le monde moqueur de la pantomime n’est pas encore établi. Le réalisateur n’a pas encore exprimé l’ironie grinçante qui deviendra sa marque de fabrique, mais le délire a déjà envahi le monde. Ce qui rend cette œuvre absolument émouvante et laisse présager ce que serait la transgression esthétique de la Nouvelle Vague quelques mois plus tard. Mocky participera à distance, mais toujours bien placé pour bousculer nos certitudes. Le film sera précédé d’une présentation de Rémy Romain sur la fantasmagorie nocturne de Franju.

 
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