insuffler de la douceur à la vieillesse

insuffler de la douceur à la vieillesse
insuffler de la douceur à la vieillesse

La pandémie de COVID-19 est-elle encore trop fraîche dans nos mémoires pour que l’on veuille s’y plonger à travers la fiction ? Au contraire, avec son premier roman, Clara Grande en démontre la pertinence.

De sa plume patiente et attentive, l’écrivain parvient à capter la particularité et toutes les nuances d’un temps suspendu entouré de règles inconnues et contre nature, redonnant à ce drame sanitaire la pointe d’humanité nécessaire pour nous sortir de la situation. torpeur du déni.

En 2020, lors de la première vague de confinement, Clara perd son emploi de serveuse et décide de travailler comme auxiliaire de service dans un CHSLD de Rosemont. À huis clos, elle réapprendra et répétera inlassablement les gestes de soin, devenant pour ses patients hantés par une menace invisible l’une des seules sources de chaleur, d’espoir et de dignité.

Jour après jour, convoquée par une succession de sonneries et de désespoir, elle vide les bassins, nourrit et lave les corps, nettoie les dégâts, les excréments, les blessures, offre une oreille, une caresse, remplace un oreiller à mécanisme de patience dans lequel la compassion ne se tarira jamais. «Je me demande à quel moment les patients ont la force de laisser tomber leur pudeur», écrit-elle. Par la routine, elle observe, apprend à composer et célèbre la beauté de ce que l’on cherche désespérément à cacher ; esprits confus, déliquescence des corps, solitude, monotonie, mort.

A travers le récit d’un quotidien qui se répète inlassablement, Clara Grande cultive la mémoire des gestes oubliés que l’on refuse aujourd’hui dans la vieillesse. Elle rappelle ainsi que le culte voué à la productivité s’exerce au détriment de la création de liens, de bien-être, de rencontres, d’observations précieuses, d’amour, que seul permet le ralentissement de la course effrénée du temps.

Le romancier novice témoigne aussi de la fatigue qui accompagne le dévouement, souvent freiné par le manque de moyens et de reconnaissance. « J’aime ouvrir des récipients trop bien fermés pour eux, défaire la peau d’un fromage lorsque les doigts crochus cessent de trembler, crémer la peau sèche jusqu’à ce que la chaleur pénètre dans l’épiderme devenu transparent, lire les instructions d’une colle pour prothèses dentaires pour ceux-là. dont les yeux ne peuvent plus repérer les détails. J’aime que les bleus, les veines, les rides, les courbures et les cicatrices me racontent le passé. Mais mes journées m’épuisent. Je partage mon énergie jusqu’à ce que ma bonne humeur se fissure et que mes os demandent à s’imprégner de douceur. »

Pas de grand drame donc – sinon celui de la vie – dans cette histoire sensible et délicate, qui sort la normalité de l’oubli et de l’invisibilité, et rend hommage à ceux qui ont tenu si longtemps, trop longtemps le monde sur leurs épaules, et à ceux qui, quotidiennement, reconnaissez sa valeur.

Un jardin en hiver

★★★ 1/2

Clara Grande, Le Cheval d’août, Montréal, 2024, 168 pages

A voir en vidéo

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Prédiction gratuite des PRIX LYS LONGINES – .
NEXT Trois jours uniques autour du Jazz à Gréasque