Nous avons fait don de notre voix pour aider la science

Nous avons fait don de notre voix pour aider la science
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Nom de code : Colive Voice. lancé par le Luxembourg Institute of Health (LIH) a déjà permis de collecter plusieurs milliers d’échantillons de voix. Le LIH a annoncé, au début du printemps, l’obtention d’une enveloppe de 499 000 euros du Fonds national de la recherche (FNR) pour la création d’une plateforme, baptisée Vocalive, destinée à l’utilisation de biomarqueurs vocaux en santé.

En gros, comment notre voix, sa portée et ses inflexions peuvent en dire long sur la présence de maladies comme le cancer et le diabète ou sur notre état de santé général. Avec des opportunités potentielles spectaculaires dans la détection des maladies et la télémédecine.

De quoi commencer à piquer la curiosité des médias étrangers. Ce vendredi 10 mai, l’initiative LIH a ouvert le journal de 7h30 du matin de la station France Inter, la plus écoutée de France.

Mais en attendant que la plateforme voie le jour, il reste encore à alimenter et documenter l’intelligence artificielle qui la pilotera. Et pour ce faire, chacun peut donner sa voix. C’est comme donner du sang ou du sperme. Mais moins restrictif. L’exercice peut être fait à tout moment depuis chez soi. La seule condition requise est de disposer d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone doté d’un microphone fonctionnel. Et une vingtaine de minutes de disponibilité, si possible au calme.

Le stress et la fatigue sont pris en compte

Première partie : un questionnaire. Le don de voix est entièrement anonyme. Il vous est cependant demandé de fournir de nombreuses caractéristiques comme l’âge, le poids, la taille ou encore le niveau d’éducation. Mais aussi ses habitudes en matière d’alcool, de tabac et d’exercice physique. Rien en revanche sur la consommation de stupéfiants.

Le questionnaire cherche alors à aller un peu plus loin en matière de santé. Physique mais aussi psychologique. Souffrons-nous de diabète, de cancer, de maladies cardiaques, respiratoires, de maladies auto-immunes ? Est-ce qu’on prend des médicaments ? En cochant les cases « hypertension » et « allergie », une nouvelle fenêtre s’affiche, vous demandant de fournir des précisions supplémentaires. La qualité du sommeil, le niveau de fatigue, le degré de stress, la qualité de la respiration et les sensations du moment sont également des thèmes présents.

Maintenir un son le plus longtemps possible

Deuxième étape : le cadeau lui-même. Pour ce faire, on desserre un peu au préalable nos cordes vocales. Élément de contexte : la voix en question évolue dans le grave, donc résolument grave. Souvent, on dit que c’est plus radio-friendly. Mais aussi qu’il est parfaitement cohérent, puisque son propriétaire a, en effet, un physique radio… La page d’accueil prévient que les enregistrements prendront la forme de sept exercices.

Il nous est d’abord demandé de lire la phrase suivante : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment en ce qui concerne l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux et les soins nécessaires. services sociaux; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou, dans d’autres cas, de perte de ses moyens de subsistance résultant de circonstances indépendantes de sa volonté. Longuette, la phrase. Mais il faut le faire exprès, il faut stocker une multitude d’informations. Notre enregistrement dure une trentaine de secondes.

Vient ensuite le moment d’exercer sa respiration. L’exercice commence par une respiration profonde, suivie de la prononciation de la voyelle « a », puis de la voyelle « i » et enfin de la voyelle « o ». A chaque fois, j’essaie de tenir le plus longtemps possible. On se prend vite au jeu. Et on se demande, à la fin, pourquoi on a totalisé 17 secondes avec le son « i », contre 14 secondes avec les sons « a » et « o ». Nul doute que l’IA saura en tirer des enseignements instructifs.

“PaTaKa, PaTaKa, PaTaKa, PaTaKa…”

Possible aussi, étant donné qu’un certain sentiment l’anime, qu’elle se moque ouvertement de nous en écoutant l’enregistrement du cinquième exercice. En 10 secondes, vous devez répéter le mot « PaTaKa » autant de fois que possible. Détacher fermement chaque syllabe. Et en évitant de trébucher. Résultat : flux de mitrailleuses, nous dessinons une trentaine de « PaTaKa » dans le temps imparti, une performance qui nous remplit de plaisir. Sourire jaune cependant à la réécoute. Au moins dix fois, nous balbutions et avalons tout ou partie du mot. La possibilité est donnée de faire une seconde inscription et ainsi d’améliorer votre score. Mort dans l’âme, on y renonce. Nous sommes ici pour faire progresser la science, pas Candy Crush Saga.

L’avant-dernière étape est la seule fastidieuse. Une image apparaît à l’écran. Elle représente un homme debout dans sa cuisine occupé à faire la vaisselle, avec deux enfants derrière lui s’amusant à voler des biscuits dans les placards. Par la fenêtre ouverte de la pièce, on aperçoit une femme poussant une tondeuse à gazon dans le jardin. A nous de décrire ce dessin le plus en détail possible, d’une durée de pas moins de 5 minutes. On décide de « lire » l’image de gauche à droite, avec des descriptions fortes. Au bout de 3 minutes, on se « détache » un peu. La voix devient plus traînante, il faut entendre la lassitude. Quel est le sens caché ? Quels sont les signaux derrière cette lassitude ?

Le ton trouve une amélioration lors de la séquence finale. En l’occurrence une sorte de « carte blanche ». Le donneur doit raconter ce qu’il a fait au cours des dernières 24 heures et, surtout, ce qu’il a ressenti. L’ambiance encore. Et comment la voix peut être affectée. C’est du moins ce que nous en déduisons. L’enregistrement que nous avons laissé respire en tout cas la joie de vivre. Et pour cause : il raconte l’histoire d’un jour férié, passé à flâner loin du bureau…

Les biomarqueurs vocaux, « une révolution »

Et voilà, c’est maintenant fini. Facile, rapide, indolore. C’est désormais à l’IA de faire sa part en se concentrant sur les variations et modulations vocales pour développer des biomarqueurs vocaux. “Les biomarqueurs vocaux vont révolutionner le suivi des patients et la télémédecine et contribuer à l’évolution vers une médecine personnalisée et préventive, améliorant ainsi les résultats en matière de santé et réduisant les coûts des soins de santé à l’échelle mondiale”, affirme le directeur du département de santé de précision du LIH et coordinateur du projet, le Dr Guy Fagherazzi, sur le site Vocalive. Premiers tests attendus à la fin de l’été.

 
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