et pourtant personne n’a jamais vu ce réalisateur légendaire – Cinema News – .

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et pourtant personne n’a jamais vu ce réalisateur légendaire – Cinema News – .

Alias ​​​​Prolific Man, il est l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages, du cinéma… au jeu vidéo. Son nom ? Alan Smithee, le célèbre pseudonyme utilisé par les artistes américains qui ont désavoué leur travail. Retour sur une création fascinante.

Séquence de flash-back. En 2015, Hollywood est secoué par une sombre affaire autour du film La Sentinelle, réalisé par Paul Schrader. Avec Nicolas Cage devant la caméra, le scénariste de Taxi Driver et Nicolas Winding Refn à la production, le film s’annonçait prometteur sur le papier. Mais les trois hommes ont appelé au boycott du film, au motif légitime que Schrader avait été totalement dépossédé de son œuvre. Porte des Lionsle studio qui avait produit le film avait ainsi décroché le réalisateur et monté le film dans son dos…

Non sans une certaine ironie, Schrader aurait pu faire appel – quelques années plus tôt – au plus célèbre réalisateur du 7e art. Alias ​​Prolific Man, il est l’auteur de plus d’une centaine de films, séries TV, documentaires, clips, ou encore jeux vidéo. Son nom ? Alan Smitheele célèbre pseudonyme utilisé par les artistes américains qui ont désavoué leur travail.

Retour sur une brillante création hollywoodienne 100% virtuelle, aussi étrange et fascinante que possible.

Un pedigree sacré

Il fut tour à tour réalisateur, assistant réalisateur, scénariste, acteur, producteur, directeur artistique, responsable des effets visuels et directeur de la photographie. Son nom apparaît sur plus de 100 films, séries télévisées, clips, documentaires et même, plus surprenant, sur des jeux vidéo. Il a dirigé de grands noms du 7ème Art, comme Robert de Niro, Max Von Sydow, Richard Widmark, Burt Reynolds… En fait, il était si célèbre qu’il a même eu droit, à sa mort officielle à l’âge de 39 ans en 1999, à des funérailles de première classe.

« Il » est bien sûr Alan Smitheeanagramme de “Le nom d’alias”le célèbre pseudonyme créé par le Guilde des réalisateurs d’Amériquederrière lequel s’abritaient les auteurs qui désavouaient la version définitive de leur œuvre, mais qui conservaient le droit de réclamer leur salaire.

Une création qui résonne comme un étrange paradoxe au pays de l’Oncle Sam. Car en réalisant cette création, c’est confirmer et reconnaître l’existence d’un cinéma d’auteur, tout en fournissant des outils aux studios et aux producteurs pour exercer un contrôle sur leur travail.

Pendant longtemps, la DGA a interdit à ses membres d’utiliser un pseudonyme. Dans un pays et une usine à rêves hollywoodiens où les producteurs règnent en maître et ont le pouvoir Coupe finale sur les œuvres, cette mesure/création apparaîtra comme une bouée de sauvetage pour ceux qui l’utilisent.

Western recherche le réalisateur perdu…

Le nom deAlan Smithee apparaît pour la première fois (mais pas sous cette orthographe) dans un téléfilm réalisé en 1955, L’Indiscrète Mme Jarvis. Derrière ce pseudonyme, Frank Burt, le réalisateur, qui refuse de voir son œuvre découpée par les ciseaux des monteurs et des producteurs pour l’insérer dans les cases ultra-codifiées de la télé américaine.

Sur grand écran, son acte de naissance est plus tardif : 1968. Cette année-là, le Major Universel confie à un solide artisan de la télé, Robert Totten, la production d’un western, Death of a Gunfighter, dont la tête d’affiche n’est autre que le vétéran Richard Widmark.

Après 25 jours de tournage qui ont vu la relation entre le réalisateur et l’interprète principal se dégrader inexorablement, la production du film s’est arrêtée brutalement. Widmark exige le remplacement de Totten, qu’il juge incapable.

Avec la bénédiction du studio, Widmark sollicite alors Don Siegel, qui n’a pas vraiment le profil d’un débutant. Il a aussi l’avantage d’avoir récemment dirigé Widmark dans City Police. Siegel a passé une dizaine de jours sur le tournage, principalement pour préparer le début et la fin du film.

Ci-dessous la bande-annonce de Mort d’un tireur (Une poignée de plomb en français):

Le problème est que Siegel refuse que son nom soit crédité au générique et donc d’assumer la responsabilité de la paternité du film. Quant à Robert Totten, il s’indigne légitimement de cette mise à l’écart sans prévenir, et refuse donc que son nom soit crédité. Face à l’impossibilité d’exploiter légalement un film sans réalisateur au générique, Universal a alors saisi la DGA pour un arbitrage.

Le syndicat a proposé le nom fourre-tout « Al Smith ». Problème : en vérifiant ses registres, la DGA se rend compte qu’elle existe déjà. Le nom devient « Smithe » ; c’est encore trop proche. Finalement, Don Siegel a proposé « Allen Smithee », qui a été choisi.

Au fil des années, le pseudonyme se transformera en « Alan Smithee », anagramme de « The Alias ​​Men », qui sera très officiellement homologué par la DGA, et utilisé en dernier recours en cas de différends irréconciliables entre le réalisateur. et la version. exploité de son travail.

Savoureuse ironie, la réception critique du western Mort d’un tireur c’est plutôt bien : le New York Times le louer « Direction précise et précise du réalisateur Allen Smithee » ; tandis que l’influent critique de cinéma Roger Ebert, Chicago Sun Timessalue le travail remarquable de « Allen Smithee, un réalisateur qui [lui] n’est pas familier”.

Des conditions d’attribution strictes

Pour la DGA, pas question cependant de donner son feu vert de toutes ses forces à d’éventuelles demandes d’emprunt du pseudonyme. Les spécifications sont assez drastiques. Le demandeur doit constituer un dossier solide, et plaider sa cause devant une commission spéciale qui étudie le bien-fondé de la demande.

Il n’est pas question d’autoriser un réalisateur à utiliser ce pseudonyme simplement parce qu’il a honte de son travail. S’il obtient effectivement le feu vert pour utiliser le pseudonyme, il lui est également strictement interdit d’en faire la publicité ; autrement dit, communiquer aux médias les raisons de l’emprunt du surnom.

Au cœur des tensions…

À partir de 1969, année de sortie du western Mort d’un tireuren 1999, année de son enterrement officiel par la DGA dans la foulée du film Alan Smithee Film : Burn Hollywood Burn, les exemples très symboliques abondent.

Là où le pseudonyme est le plus utilisé, c’est à la télévision, lorsque les films sont montés, débarrassés des scènes trop violentes ou sexuellement explicites, jusqu’aux dialogues amputés ; le tout bien entendu sans l’accord de leur créateur. C’est ainsi que David Lynch a exigé la suppression de son nom de son film culte et maudit Dune, dans sa version télévisée. William Friedkin a fait de même pour la version télévisée de The Nurse en 1990.

Images universelles

Le film « Dune » signé Alan Smithee, en réalité David Lynch.

Michael Mann demandera le pseudonyme pour les versions modifiées de Heat et Révélations destinées à la télévision. Martin Brest l’a également utilisé en 1998 pour la version modifiée de Meeting Joe Black, tant pour la diffusion du film à bord des avions que sur les chaînes câblées.

De manière moins médiatisée, le pseudonyme a également été utilisé dans des séries télévisées, comme MacGyver dans le pilote de la première saison, ainsi que celui de “Cassé”, en 1985 ; dans Femme Nikita également, dans l’épisode 16 de la saison 4.

L’affaire « Twilight Zone »

En 1983 éclate l’affaire Twilight Zone, des films de sketchs basés sur la célèbre série télévisée. Dans celui réalisé par John Landis, un crash d’hélicoptère tue l’un des principaux interprètes, ainsi que deux enfants. Landis, d’autres cadres de l’équipe technique ainsi que Warner en tant que personne morale doivent répondre des accusations d’homicide involontaire.

Le procureur propose un marché à Anderson House, le deuxième directeur adjoint : une immunité totale en échange d’un témoignage, forcément accablant, sur John Landis. Le 24 juin 1983, l’acte d’accusation est rendu public.

La date n’a évidemment pas été choisie au hasard : il s’agissait du jour même de la première du film, qui a été de facto torpillée… Si le procès s’est soldé par un acquittement général, Maison Anderson demandera à la DGA d’utiliser le pseudonymeAlan Smithee remplaçant son vrai nom dans le générique de Twilight Zone. Nous le comprenons…

En 1990, Dennis Hopper a utilisé le pseudonyme Alan Smithee pour signer son thriller (raté) Too Good a Target : il accuse la société productrice du film, Photos de Vestron, pour avoir réalisé le travail dans son dos. Il a intenté une action en justice, qui a échoué et l’entreprise a fait faillite.

American History X et le début de la fin

Dans la grande majorité, l’utilisation de pseudonymes Alan Smithee sert souvent de couverture à des œuvres qui penchent franchement vers le narcissique (au hasard : Hellraiser : Bloodlines ; The Birds 2…). Parfois, il arrive que le pseudonyme revienne sur le devant de la scène pour défrayer la chronique.

C’est le cas en 1998 du très solide American History Variété le studio Cinéma nouvelle ligne (filiale de Warner) et Edward Norton pour avoir saborder le dernier quart d’heure de son film. La DGA refuse la demande du directeur. La raison est claire : ces derniers ont violé la règle qui consiste à ne pas rendre publics le(s) motif(s) des litiges…

Le coup de grâce, assez brillant et très ironique, arrive l’année suivante, avec la sortie de Un film d’Alan Smithee : Burn Hollywood Burn, réalisé par Arthur Hiller. Mise en abîme délirante du scénariste Joe Eszterhas, le film évoque l’histoire d’un réalisateur anglais, Alan Smithee. Totalement insatisfait de son travail, il est bien décidé à y renoncer.

Problème : la DGA n’a qu’un seul pseudonyme en stock… et c’est son nom ! Impossible d’être retiré de l’affiche ! En désespoir de cause, il décide de séquestrer entièrement les bobines de son film pour les détruire…


Photos d’Hollywood

Outre un pitch fou, le destin du film est complètement fou. Son directeur, Arthur Hilleraccusé Joe Eszterhas Et Photos de Cinergiles producteurs du film, d’avoir caviardé le montage du film, au point de demander – et d’obtenir – que l’œuvre soit réalisée par…Alan Smithee.

Élu pire film de 1999 par la critique hollywoodienne, il a fait l’objet de moqueries meurtrières qui ont d’abord embarrassé puis irrité la DGA. Au point que le syndicat tape du poing sur la table.

En 1999-2000, il retire définitivement le pseudonyme de ses étagères. Woman Wanted, sorti en 2000 et actuellement réalisé par Kiefer Sutherland, sera très officiellement le dernier film à sortir avec la mention «Alan Smithee» à la réalisation.

Si Alan Smithee a été euthanasié au cinéma, il reste cependant utilisé dans d’autres domaines comme les vidéoclips, les bandes dessinées/BD, les jeux vidéo… Dans tous les cas, des domaines qui ne relèvent pas de la compétence et de l’attribution du tout-puissant. Guilde des réalisateurs d’Amérique.

Au revoir l’artiste…

 
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