« Ata ndele » d’Adou Elenga

« Ata ndele » d’Adou Elenga
« Ata ndele » d’Adou Elenga

Cette chanson a conquis le public congolais au début des années 1950. C’était sur toutes les lèvres, dans toutes les oreilles. Il animait et égayait les bals du samedi soir à tel point que son auteur fut arrêté par les autorités coloniales. « Je ne savais pas ce que je chantais, ça venait comme ça, sur mes lèvres, et ma guitare l’accompagnait. C’était lors d’un matanga, une réunion de famille provoquée par un décès”, a déclaré son auteur à propos de cette chanson.

Dans l’histoire de la musique congolaise, « Ata ndele » est un chant prophétique, exaltant avant l’heure les profondes transformations que devraient subir le Congo belge, l’Afrique et le monde entier. Des années plus tard, Martin Luther King portera le même message, cette fois plus détaillé, à travers son célèbre discours : « J’ai un rêve ». A noter qu’en langue lingala, « Ata ndele » signifie « tôt ou tard ». Dans cette cantilène qui s’ouvre sur les intonations de la guitare, suivie du monologue de l’auteur l’invitant à reprendre sa guitare : « Adou simba guitar na maboko, oh elombe elenga », « Adou tiens ta guitare oh le héros Elenga », on peut comprendre. Vient ensuite la phrase : « Ata ndele Modele akobaluka », « Tôt ou tard, l’homme blanc se repentira », avant les interjections suivantes : « ata ndele ». Un peu plus loin, on l’entend s’exclamer : « Ata ndele mokili ekobaluka », « tôt ou tard, le monde subira des changements ». Ces paroles sont essentiellement basées sur la guitare jouée avec brio par Adou. Dans sa manière de jouer de cet instrument polyvalent, Elenga produit des sonorités traditionnelles proches de la sanza.

En janvier 1974, sous la direction artistique du talentueux guitariste Nedule Papa Noél, ce chant fut l’une des chansons sélectionnées pour le tome 1 de l’anthologie de la musique airoise moderne, éditée par la présidence de la République zaïroise. Ce sont également les notes de l’éditeur qui nous ont permis de compléter cet article. Dans cette anthologie, ce titre bénéficiera d’une version améliorée et occupera la première place sur le disque référencé 001.

« Ata ndele » a également servi de base à l’artiste Dindo Yongo pour composer, en 1989, avec Zaiko Langa Langa, son titre « Mokili échangé » dans lequel il rend hommage à Adou Elenga pour l’accomplissement de sa prophétie. « Mokili échangé » signifie « le monde a changé ».

Né en 1921 à Watsa, aujourd’hui République démocratique du Congo, Adou Elenga a quitté l’école primaire en troisième année primaire car il préférait la guitare acoustique à l’ardoise scolaire et le chant à la syntaxe. Décédé le 4 août 1981, il a légué un héritage musical qui est exploité par plusieurs artistes de la génération actuelle : Tebo, Verebina, Awale Esika minene, Mwami, Everyone Saturday night, etc.

 
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