« Il portait des Ray-Ban, et me regardait fixement, d’en bas comme pour me scanner »

« Il portait des Ray-Ban, et me regardait fixement, d’en bas comme pour me scanner »
« Il portait des Ray-Ban, et me regardait fixement, d’en bas comme pour me scanner »

L’actrice et réalisatrice publie Dire vrai, un livre de confession qui sort le 1er mai. Elle revient sur sa relation avec Benoît Jacquot entre 16 et 24 ans, et décrypte l’influence exercée sur elle par le réalisateur. Chemin faisant, elle évoque également sa relation avec sa sœur, la réalisatrice Maïwenn.

Est-il anodin pour une actrice de sortir un livre la veille du Festival de Cannes ? L’exercice est classique, mais il a changé puisque la parole est devenue plus libre et les récits sont devenus plus fidèles à la réalité des relations, aux influences subies. Le récent témoignage de Judith Godrèche sur sa relation avec le réalisateur Benoît Jacquot a été suivi médiatiquement par celui, plus discret mais toujours très fort, d’Isild le Besco. L’actrice et réalisatrice a également eu une relation avec le cinéaste, qui a débuté lorsqu’elle avait 16 ans et lui 52 ans, sur le tournage de Sadique. Quatre autres films suivront. Depuis les révélations de Judith Godrèche, Isild Le Besco était pourtant moins présente que l’actrice et réalisatrice de Icône du cinéma français.

Sans doute avait-elle ce livre en tête ? Dire vrai*donc, l’histoire de son enfance et de son adolescence, sort ce 1euh May ressemble autant à une biographie franche de la vie d’une actrice qu’à un violent aveu de tout ce qu’elle a souffert – et de tout ce qu’une actrice française peut endurer. Autant de choses qu’elle n’avait peut-être pas pu ou voulu dire dans ses précédents livres, déjà très personnels, comme Aime-toi quand même (Éd. Grasset).

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Histoire cinglante

Dès les premières pages, le lecteur est frappé par la tension qui apparaît immédiatement dans la vie, dans le quotidien, de celui qui écrit : Isild Le Besco évoque l’état de dissociation dans lequel elle se trouve fréquemment. Elle raconte une récente scène de violence sourde avec sa sœur, l’actrice et réalisatrice Maïwenn et évoque enfin un pull qu’elle avait laissé à Benoît Jacquot et qu’elle a découpé, il y a quelques mois seulement, en fragments pour en faire des chiffons, même si elle je le portais encore l’année dernière. “Il va dépoussiérer ce qu’il me reste”, écrit-elle.

Le ton de sa voix, son attitude, sa retenue obligeaient à l’obéissance

Que reste-t-il exactement ? En lisant ce récit cinglant, parfois littérairement maladroit, parfois trop rapide, mais très précis lorsqu’il s’agit de la relation avec Benoît Jacquot, centre et trou noir de toute l’histoire, on mesure la violence qui reste de ce qu’elle a subi et qui ne s’estompe pas. , malgré les tentatives pour l’éloigner. En quelques pages, elle raconte l’histoire d’un système et comment un homme en prend littéralement le contrôle. À la page 66, elle se souvient de sa première rencontre avec le réalisateur. « Il portait des Ray-Ban avec de petites lentilles teintées. Il me regardait fixement, d’en bas, comme s’il me scrutait. Le ton de sa voix, son comportement, sa retenue obligeaient à l’obéissance.

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“Il avait créé en moi le besoin de lui parler”

Dans les vingt pages qui suivent, Isild Le Besco décrit la relation qui se noue et la manière dont le réalisateur, qui selon elle pourrait être son grand-père, s’impose à elle. “Il avait créé en moi le besoin de lui parler” : en décrivant étape par étape la mise en place de la relation, l’actrice déconstruit aussi la manière dont l’autre s’est immiscé dans sa vie et les interstices par lesquels il est entré, notamment la fragilité de ses relations avec ses parents (Jacquot la convainc presque qu’elle a été violée par son père…), et l’émotion forte qui existe entre elle et sa sœur Maïwenn dont elle a vu dépérir. relation avec le réalisateur Luc Besson.

L’écriture du livre, très transparente, comme un recueil quasi policier d’un témoignage, rend très lisible, presque sans affect, la manière dont Isild Le Besco a été dominée. L’écriture parle aussi de la façon dont tout cela résonne encore en elle : dans les dernières pages, l’auteur raconte le début d’une récente histoire d’amour plutôt très belle mais qui élève aussi en elle un mur de distance. « Après toutes ces années de maltraitance, j’ai même été marquée. C’était plus confortable de me cacher que de me projeter dans l’amour. Comment échapper à ce qui a été subi ? La question reste entière dans ce qui est écrit et ce qui est en jeu dans ce petit livre est la formation d’un bréviaire, un vade-mecum qui explique les rapports de force vus par celui qui les a subis. . Quelqu’un qui a besoin de la distance des années, voire du voyage d’une vie, pour raconter ce que c’était et les conditions dans lesquelles une adolescente était la proie d’un homme de pouvoir, sans que l’époque, qui incluait d’autres, n’y voyait rien. se plaindre de. Témoigner, écrire, est peut-être une manière d’effacer, ou enfin d’en sortir.

Dire vrai

, d’Isild Le Besco, éd. Denoël, 176 pages, 18 euros.

 
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