comprendre les bébés ayant des besoins intenses

comprendre les bébés ayant des besoins intenses
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D’où vient le terme « BABI » ?

La notion de BABI — “bébés ayant des besoins intenses“- a été proposé par le pédiatre américain William Sears dans les années 1980. Ce dernier a écrit avec son épouse Martha Sears, infirmière et consultante en allaitement, de nombreux ouvrages traitant du sujet de la parentalité et de la petite enfance, dont « Que faire quand bébé pleure ? Vivre avec un bébé qui a des besoins intenses ».

“Le couple Sears a développé cette notion en s’appuyant sur leur expérience professionnelle auprès de centaines de parents, mais aussi parce que, parents de huit enfants, ils ont eux-mêmes été confrontés à cette intensité de besoins chez l’une de leurs filles”, explique Aurélie Follain, psychologue-psychothérapeute.

Les signes et caractéristiques de BABI

Le couple Sears caractérise les BABI par caractéristiques communes. Ceux-ci ne sont pas toujours tous présents et leur intensité varie dans le temps et d’un enfant à l’autre :

  • hypersensibilité aux stimuli : Elle « rend ces bébés hyper-réactifs le jour, perturbe leur sommeil la nuit ou encore les rend plus anxieux face aux inconnus » ;
  • haute intensité d’émotions les expressions émotionnelles ressenties et manifestées ;
  • exigences élevées : ces enfants «sont souvent en état d’urgence, ne supportent pas que la satisfaction de leurs besoins soit retardée, ne se laissent pas facilement distraire lorsqu’ils ont un besoin non satisfait» ;
  • impossibilité d’être placé « ou de rester seuls dans leur lit, leur parc, sur leur tapis… avec un fort besoin de contact physique ; ce sont des enfants qui montrent le besoin d’être toujours dans leurs bras” ;
  • toujours en activité motrice ;
  • je n’aime pas me blottir, « avoir tendance à raidir les bras au lieu de les lâcher, avec une tendance à l’hypertonie, éviter les contacts physiques rapprochés, détester être retenu, détester souvent être emmailloté » ;
  • insatisfait et imprévisible : « une méthode d’apaisement efficace un jour ne le sera plus le lendemain, au grand désespoir de leurs parents »;
  • il faut allaiter tout le temps : « Ces bébés ont besoin de tétées longues et non nutritives pour être apaisés et prennent souvent du temps à se sevrer. » ;
  • se réveiller souvent : “Ce sont des bébés très éveillés qui ne se calment pas facilement, font peu de siestes et ont des réveils nocturnes fréquents” ;
  • épuisant pour leurs parents, « physiquement, mentalement et émotionnellement ; en raison des caractéristiques précédentes ».

BABI : mythe ou réalité ?

Le concept de BABI divise parfois la sphère médicale. Existent-ils vraiment ? Tout d’abord, nous devons comprendre queil n’existe pas de diagnostic au sens médical ou psychopathologique du terme. « On ne la retrouve pas dans les classifications internationales des maladies mentales (ICD-11, DSM-5-TR) que nous, professionnels de santé, utilisons comme référence dans le cadre de notre pratique. “, explique Aurélie Follain.

Il s’agit d’un concept clinique qui est basé sur le « description du fonctionnement des bébés qui ont des besoins plus intenses que la moyenne et qui imposent donc des exigences plus élevées à leurs parents », continue-t-elle. Certains de ces tout-petits ont des besoins intenses pour diverses raisons, notamment des problèmes médicaux non identifiés qui amplifient leur besoin de réconfort.

En fait, « l’intensité des besoins d’un bébé est un signe clinique descriptif à partir duquel nous explorerons différentes pistes de compréhension, médicale dans un premier temps, psychologique et environnementale dans un second temps », note Aurélie Follain. Bien sûr, « plusieurs hypothèses de compréhension peuvent coexister pour un même enfant » précise-t-elle.

Et si tous les bébés avaient des besoins intenses ?

«Tous les bébés ont des besoins intenses, mais les bébés ayant des besoins intenses ont des besoins encore plus intenses que les autres.» souligne Aurélie Follain. Le nourrisson, extrêmement fragile et dépendant des personnes qui s’en occupent, a des besoins constants : être nourri, changé, câliné, apaisé, rassuré ou sécurisé… Cela peut être épuisant pour son entourage dont l’attention est constamment sollicitée.

« Cependant, les bébés que le couple Sears qualifie de « bébés ayant des besoins élevés » sont désignés comme tels parce qu’ils démontrent des besoins encore plus intenses que la moyenne. Ce sont ceux qui étaient auparavant caractérisés comme difficiles, maussades ou exigeants. Le couple Sears, en proposant un terme moins négatif et moins stigmatisant, a permis de changer le regard que l’on porte sur ces bébés. Elle a permis d’apporter un regard à la fois plus positif, plus réaliste et plus proche du vécu et des besoins de ces bébés. bébés”, explique Aurélie Follain.

« Ces bébés ne sont pas des bébés autoritaires, colériques, manipulateurs ou tyranniques avec leurs parents, qui devraient rapidement se fixer des limites pour ne pas se laisser dépasser. Non, ce sont des bébés sensibles, facilement dérégulés par les stimuli externes et par leurs états internes, qui ont au contraire besoin d’encore plus de présence et de réconfort que le bébé moyen, d’une harmonisation émotionnelle encore plus sensible, de soins encore plus constants (de jour, mais aussi à nuit), d’encore plus de tétées, de portages et de câlins…’,continue-t-elle.

Une parentalité instinctive en adéquation avec les besoins spécifiques du bébé

« Contrairement aux idées dépassées de la petite enfance (ne le cajolez pas trop, il vous mènera par le nez, laissez-le pleurer, il faut absolument qu’il apprenne à dormir seul, à se sevrer la nuit, à se sevrer vite…) “ souligne Aurélie Follain. La proximité physique joue donc un rôle important pour répondre aux demandes de contact et de proximité physique du bébé s’il en exprime le besoin. Par exemple, en ne laissant pas votre bébé pleurer alors que vous constatez que les pleurs ne s’atténuent pas rapidement et vont même augmenter.

Le couple Sears conseille également des pratiques parentales telles que l’allaitement à la demande, éventuellement le sevrage naturel, le cododo et le portage.

Parents et enfants plus à risque

« En raison de leur caractère plus intense, ces bébés constituent une population plus à risque que les autres bébés. Mais ils exposent également leurs parents à des risques accrus en termes de santé et de bien-être. » note Aurélie Follain.

Tout d’abord, il y a un “risque pour le bébé d’avoir un parent incapable de répondre à ses besoins physiologiques et affectifs”, continue-t-elle. Étant donné que les besoins sont si intenses, le parent peut avoir du mal à y répondre constamment ; trouver des stratégies apaisantes quand « Les stratégies trouvées un jour deviennent inefficaces quelques jours plus tard » ou encore en raison de la fatigue ressentie par la mère ou le père. “La perte de contrôle, la colère (avec ici des risques d’impulsivité, d’agressivité, de non-assistance voire de maltraitance) et le risque de dépression post-partum peuvent alors être plus élevés pour ces dernières”, précise le psychologue.

Ils sont davantage confrontés à des sentiments d’impuissance et leur confiance en eux (en tant que parents) peut être ébranlée. Tout cela est renforcé « si l’environnement (amis, famille, professionnels) ne fait pas preuve d’empathie ou se montre méfiant, voire critique (ici en utilisant des stéréotypes) » précise-t-elle. « Il y a encore ici une confusion bien trop fréquente entre cause et conséquence des problèmes : un bébé aux besoins intenses n’a pas un tempérament difficile car ses parents le portent, le laissent téter longtemps et fréquemment, le câlinent très souvent ou encore dorment. avec lui la nuit”, note-t-elle. Au contraire : ils sont sensibles au bien-être de leur petit et tentent de le satisfaire de manière adaptée.

« Les parents de jeunes enfants constituent une population plus sujette au burn-out, à la dépression, stress élevé, décompensation anxieuse, problèmes physiques et psychologiques liés au manque de sommeil et de temps pour soi, et séparation conjugale induite par les éléments précédents »,note le psychologue. Il précise également que ces risques « ont tendance à être encore trop souvent passées sous silence sous prétexte que « tout le monde vit ça » ». Or, avec un BABI, tout est plus intense et ces risques sont donc accrus.

“Les bébés courent également plus de risques d’être confrontés à des méthodes pour les laisser pleurer, qui correspondent encore moins à leurs besoins qu’à ceux des autres bébés”, continue-t-elle. En effet, il peut être difficile pour les parents BABI (et les professionnels de la petite enfance) de les comprendre. « Le lien émotionnel est affecté négativement et l’enfant peut développer un attachement plus insécurisant »explique le psychologue.

Comment les BABI évoluent-ils à mesure qu’ils grandissent ?

« En grandissant, certains BABI vont complètement se normaliser. D’autres conserveront ou révéleront des particularités (hypersensibilité sensorielle, hypersensibilité émotionnelle, niveau d’anxiété élevé, troubles neurodéveloppementaux…). Ces particularités peuvent constituer à la fois des difficultés, mais aussi des richesses dans sa personnalité si l’environnement peut aider l’enfant à développer ses atouts et à les mettre à profit »,explique le psychologue.

En effet, « derrière nos difficultés se cachent souvent de belles qualités, qui reposent sur les mêmes caractéristiques de notre fonctionnement »,continue-t-elle. « Certains de ces enfants peuvent être particulièrement créatifs et empathiques, sensibles aux détails. Certains seront pleins d’énergie et auront une grande soif de découverte, observe le professionnel. Ces enfants sont plus conscients de leur environnement et plus curieux selon le Dr Sears. En plus, “leur hypersensibilité pourra s’avérer être un atout plus tard”,précise Aurélie Follain.

En fin de compte, il suffit de considérer les BABI comme tels, de les rassurer et de répondre au mieux à leurs besoins, en tant que parents, grands-parents ou encore professionnels de santé. petite enfance. Il ne faut pas hésiter à demander l’aide d’un psychologue.

Aurélie Follain est psychologue-psychothérapeute. Aurélie et son compagnon, Jean-Christophe Lancel, sont parents d’une petite fille aux besoins intenses. Ensemble, ils créent le Centre de Thérapies et de Bien-être Rouen Barentin, où ils accueillent adultes, enfants et parents de jeunes enfants. Passionnés de neurosciences et de thérapies brèves, ils proposent une large gamme de thérapies (TCC, EMDR, Theraplay, EFT, sophrologie, hypnose, etc.) et continuent de se former constamment. Vous pouvez les retrouver sur leur site internet :https://pole-therapies-bien-etre.fr.

 
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