La nouvelle sitcom de Jamel peine à décoller

La nouvelle sitcom de Jamel peine à décoller
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La sitcom de Jamel Debbouze peine à décoller

Publié aujourd’hui à 11h49

La sitcom a-t-elle vieilli ? Tandis que les rediffusions de « H », 71 épisodes d’anthologie et de santé publique entre 1998 et 2002, sont désormais vaccinées contre la morosité sur Netflix, « Terminal », tentative de Jamel Debbouze et Mohamed Hamidi de relancer le format dès le 22 avril sur Canal+, reprend les airs de Papy série dans son hall d’aéroport.

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Pour la petite histoire, il y a vingt-cinq ans, sous le feu des « H », un groupe de crétins mangeurs de télévision revendiquaient l’héritage de l’oncle américain « Seinfeld ». H pour hôpital, humour, histoire. Prêts à illuminer la tranquille, Jamel Debbouze, Eric Judor et Ramzy Bedia s’affairent sous la blouse. Infirmière obsédée sexuellement, standardiste tatillonne ou brancardier tombé du ciel, les doux fous se soignent dans l’improvisation.

Dans cet asile, un indescriptible professeur Strauss tamponne de génie, incarné avec un sublime mauvais esprit par Jean-Luc Bideau. Tout dans la série, du délire aux jurons, fourmille de l’urgence des grandes manœuvres d’écoliers inspirés. Il y a une hémorragie de talent et ça dégouline.

Voyage sans turbulences

Le niveau aujourd’hui confirme les propos de Desproges, « de tout mais pas avec tout le monde ». Car « H » guérit tous les maux et les accueille aussi, du sexisme à la misogynie. Aujourd’hui, « Terminal », qui regroupe quasiment la même équipe, ne peut se permettre de se lancer dans ce type de provocations contagieuses.

Réglementée, la jauge sonore de la bande dessinée est surveillée en permanence. L’écologie, le végétarisme, l’égalité des sexes, l’inclusivité, etc. sont moqués avec une plaisanterie bon enfant qui amortit les chocs comme un gilet de sauvetage sous la chaise. Il y a une sorte d’injection indolore de bon sens dans ce traitement homéopathique.

En pratique, la sitcom impose une bulle statique. Le voyage ici s’annonce sans turbulences. L’action se concentre depuis le comptoir d’enregistrement Flywingz jusqu’au cockpit moyen-courrier et sa kitchenette. Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

À la parodie façon ZAZ, la bande de Jamel préfère le ton du comedy club et pratique les codes du stand-up avec un professionnalisme avéré. Avec ses rires artificiels, l’ensemble volontairement daté rappelle les apartés de “Caméra Café” et autres miniséries d’antan, laissant souvent les commandes flotter au gré des personnages récurrents.

Eric manque à Ramzy

Pour le meilleur ou pour le pire, le commandant Ramzy Bedia, éternel complice de l’humour français, vient alourdir les bunkers d’une incompétence pathologique aussi grossière que prévisible. Sa « moitié » lunaire manque cruellement, Eric Judor s’étant sans doute égaré sur une autre planète. En tant que copilote, le grand Duduche hérite de Bérangère McNeese aux épaulettes badigeonnées d’humour belge, tandis que Tristan Lopin assure tant bien que mal le service en cabine.

Le reste du groupe (Brahim, Camille Chamoux, Doully) s’agite pour provoquer des sourires tout en gardant son rythme de croisière. Quand Jamel, déjà coiffé de casquettes de scénariste, showrunner et producteur, se permet d’enfiler l’uniforme de chef de la sécurité, l’altimètre s’affole et prend de la hauteur, laissant espérer ces étincelles d’absurdité dévastatrice qui maintenaient « H » en vie.

Un tournage à l’ancienne

Mais le niveau d’oxygène du « Terminal » est menacé d’asphyxie en vol. Le scénario est pourtant signé par des scénaristes certifiés, notamment Xavier Lacaille (« Parlement »), Giulio Callegari (« Validé »), Clémence Dargent (« Uvni(s) ») et la production a bénéficié d’un budget confortable, Jamel tenant à revenir à la traditionnelle sitcom tournée en studio devant un public de 150 personnes et boostée par des applaudissements télécommandés.

Entre théâtre et télévision, le fonctionnement permet quelques acrobaties amusantes mais frise souvent le trou d’air. L’impertinence subversive portée en bandoulière par Jamel aux heures de gloire de Canal+ ne semble pas avoir contourné les barrières de sécurité. Dommage.

Cécile Lecoultred’origine belge, diplômée de l’Université de Bruxelles en histoire de l’art et archéologie, écrivant dans la section culturelle depuis 1985. Elle est passionnée de littérature et de cinéma… entre autres !Plus d’informations

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