Vivant depuis 1989 sous la menace de mort suite à une fatwa émise par le régime islamique d’Iran, Salman Rushdie s’interroge depuis longtemps sur l’identité de celui qui allait finalement le tuer. Sur le point d’être poignardé en 2022, sa première pensée a été : « alors c’est toi ».
L’écrivain américano-britannique livre ses réflexions sur cette attaque publique qui l’a conduit à la mort dans “Le Couteau”, qui paraîtra le 16 avril aux Etats-Unis, et le 18 avril en France aux éditions Gallimard.
Salman Rushdie a été poignardé en août 2022 lors d’une conférence littéraire à Chautauqua, dans la région de New York, par un Américain d’origine libanaise soupçonné de sympathiser avec la République islamique d’Iran. Gravement blessé, l’écrivain a depuis perdu la vue d’un œil.
L’auteur de 76 ans a lu un extrait de son nouvel ouvrage pour la chaîne américaine CBS News dans une émission qui sera diffusée dimanche. Il décrit « la dernière chose que mon œil droit verra jamais » : un homme vêtu de noir « venant vite et bas », comme un « missile accroupi ».
«Je dois avouer que j’avais parfois imaginé mon tueur debout lors d’un événement public ou autre et se jetant sur moi exactement de cette façon», explique-t-il. “Alors ma première pensée en voyant cette forme meurtrière se précipiter vers moi a été : “Alors c’est toi, te voilà.”
Né à Bombay en Inde en 1947, Salman Rushdie publie son premier roman « Grimus » en 1975. Auteur d’une quinzaine de romans, de récits pour la jeunesse, de nouvelles et d’essais, il reçoit en 1981 le Booker Prize, l’un des plus prestigieux. prix littéraires pour « Les Enfants de Minuit ».
L’écrivain a enflammé une partie du monde musulman avec la publication des « Versets sataniques » en 1988, amenant le fondateur de la République islamique, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, à lancer une fatwa exigeant son assassinat.
Il avait été contraint de vivre caché et sous protection policière, allant de cachette en cachette. Sur CBS News, il a déclaré que l’un des chirurgiens qui lui avaient sauvé la vie lui avait dit : « D’abord, vous n’avez pas eu de chance, puis vous avez eu beaucoup de chance. »
Lorsque Salman Rushdie lui a demandé quel était le côté chanceux, le chirurgien aurait répondu : « L’homme qui vous a attaqué ne savait pas comment tuer un homme avec un couteau. »
