Des dizaines de licenciements à l’Office national du film

Des dizaines de licenciements à l’Office national du film
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L’Office national du film (ONF) a discrètement annoncé de nouvelles mises à pied la semaine dernière. Au total, cette agence fédérale aura supprimé environ 15% de ses effectifs depuis décembre. La direction dit vouloir économiser de l’argent afin de réinvestir directement dans la production de documentaires et de films d’animation. Les employés craignent toutefois que l’ONF ne manque bientôt de moyens pour mener à bien sa mission.

« L’ONF affirme que les plus récentes réductions permettront d’ajouter cinq millions de plus à la production pour faire plus et mieux. Nous pensons que c’est de la poudre aux yeux. On ne peut pas faire plus et mieux quand les gens qui rendent la production possible ne sont plus là, parce qu’on les met à pied», déplore Olivier Lamothe, président de la section locale du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

Le SCFP a organisé une manifestation jeudi devant le siège social de l’ONF à Montréal pour protester contre cette restructuration. Une centaine de manifestants s’y sont rassemblés, parmi lesquels des employés de l’ONF, mais aussi d’autres professionnels du secteur du cinéma.

La semaine dernière, quelques dizaines d’employés de l’ONF à travers le pays ont reçu un avis de mise à pied pour le début du mois de mai. Ces réductions s’ajoutent à celles déjà mises en œuvre en décembre et janvier derniers, lorsque l’Office a annoncé la fermeture de ses studios interactifs. Depuis la fin de l’année dernière, 83 postes au total ont été supprimés. Parallèlement, l’ONF se targue d’en créer 29 nouveaux, pour, entre autres, remplacer ceux supprimés. Les salariés licenciés sont prioritaires pour postuler. Globalement, il n’en demeure pas moins que l’organisation comptera 54 employés de moins, ce qui représente environ 15 % de son effectif.

« Notre objectif en faisant cela est de nous donner les moyens de valoriser les productions que nous produisons. Par exemple, pour certains projets, cela peut signifier améliorer la direction photo, investir plus d’argent dans la distribution pour attirer les jeunes. Bref, nous voulons que les créateurs atteignent le maximum de leur potentiel créatif », a réitéré dans une interview avec Devoir Jeudi la directrice des communications de l’ONF, Lily Robert.

Une mission en danger ?

Financé par le gouvernement fédéral, l’Office national du film a pour mission de produire des œuvres cinématographiques sur des sujets plus spécialisés, qui n’intéressent souvent pas les sociétés de production privées. Il s’agit essentiellement de documentaires et de films d’animation sur différentes réalités canadiennes et autochtones, entre autres.

L’ONF a également pour mandat de donner une chance aux jeunes réalisateurs. Des cinéastes de renom — Denis Villeneuve, Denys Arcand, Pierre Falardeau — ont réalisé à leurs débuts des films pour l’ONF. Depuis sa création en 1939, le bureau a reçu 78 nominations aux Oscars.

« Nous ne disons pas que l’ONF change radicalement de nature. Mais on dit que sa mission pourrait être menacée par les coupes budgétaires. Entre autres choses, nous craignons qu’il y ait de plus en plus de sous-traitance au secteur privé ; ça a déjà commencé», prévient Olivier Lamothe, du SCFP.

D’autres salariés et collaborateurs de l’ONF ont exprimé Devoir les mêmes craintes sous couvert d’anonymat. Ils s’indignent, entre autres, que la section Éducation, qui produit des contenus à des fins éducatives, soit directement visée par les récentes coupures. La quasi-totalité des employés destinés à la production de matériel pédagogique ont en effet été informés que leur poste allait être supprimé, même si leur tâche s’inscrit dans la mission de l’ONF.

«Le volet éducatif demeure important pour l’ONF», a déclaré la directrice des communications, Lily Robert. « Mais il était nécessaire de procéder à cette restructuration, car nous changeons de modèle. Avant, les gens devaient payer pour accéder à nos contenus éducatifs. Mais désormais, notre offre sera gratuite afin d’être plus accessible. Nous devons repenser nos façons de faire. Oui, cela nécessite de supprimer des postes. Mais nous en créerons aussi d’autres », ajoute-t-elle.

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