Planète économique | L’œuf, la poule et la Norvège

Planète économique | L’œuf, la poule et la Norvège
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Les placements privés, très appréciés des grands investisseurs institutionnels, sont interdits pour le fonds souverain qui fait croître la richesse pétrolière de la Norvège au profit des générations futures.


Publié à 1h31

Mis à jour à 9h00

Pas de doute, son actionnaire gouvernemental a répondu cette année encore aux gérants du fonds qui souhaiteraient élargir leur horizon d’investissement.

Le fonds norvégien, l’un des plus importants au monde avec 1 500 milliards d’euros d’actifs (près de 2 200 milliards de dollars), aurait néanmoins les moyens de miser sur ce type d’investissement. LE capital-investissement sont des investissements illiquides qui nécessitent de la patience de la part des investisseurs avant d’être rentables. Le fonds ne verse pas d’argent directement aux retraités, mais plutôt au Trésor, et son horizon d’investissement est aussi long que la durée de vie attendue des réserves pétrolières, entre 30 et 50 ans.

La Norvège souhaite que les 1,5 billions d’euros du fonds soient investis uniquement dans des actions et des obligations de sociétés cotées en bourse. Les placements privés manquent de transparence et sont risqués, complexes et plus coûteux à gérer, selon le gouvernement qui préfère la simplicité et la transparence des marchés organisés.

Cette simplicité lui a bien servi jusqu’à présent. Le fonds, entièrement investi en dehors de la Norvège, affiche un rendement de 16,1 % en 2023.

La performance est ce que nous attendons avant tout de ceux qui gèrent notre argent, comme nos fonds de pension, mais la liste des attentes s’allonge et se complexifie.

L’œuf ou la poule

Les grands fonds de pension sont soumis à des pressions pour garantir que leurs investissements respectent les valeurs environnementales, sociales et de gouvernance, et ils sont de plus en plus tenus de rendre compte de leurs progrès à cet égard. C’est bien, car ils ont le pouvoir d’influencer les choix des entreprises dans lesquelles ils investissent.

Au Canada, ceux qui augmentent les pensions des travailleurs sont maintenant critiqués pour ne pas investir suffisamment dans l’économie canadienne, alors qu’ils rivalisent sur les marchés étrangers pour mettre la main sur les meilleures opportunités.

L’investissement des fonds de pension canadiens dans des sociétés cotées en bourse au Canada est passé de 28 % à 4 % de leur actif total au cours des 20 dernières années. En plus d’investir dans des actions, les fonds de pension canadiens peuvent investir dans les infrastructures et d’autres placements moins liquides comme l’immobilier. Au total, environ 10 % de leur actif total est investi au Canada.

C’est trop peu, ont dénoncé publiquement un nombre impressionnant d’administrateurs et anciens dirigeants de grandes entreprises, dont Henri-Paul Rousseau, qui fut d’ailleurs président de la Caisse de dépôt en 2006 lorsqu’elle a investi 2,4 milliards dans l’aéroport londonien d’Heathrow, la le plus gros investissement étranger de son histoire.

Les arguments de ces gros bras de l’économie canadienne ont convaincu Ottawa qu’il s’agit d’un problème et qu’il faut s’y attaquer.⁠1.

Ce n’est pas un problème pour tout le monde, du moins pas pour les bénéficiaires des caisses de pension. Le système de retraite du Canada fonctionne bien et fait l’envie de nombreux pays. Il se classe année après année au sommet du classement des meilleurs régimes de retraite au monde établi par la firme Mercer.⁠2.

Au Canada comme en Norvège, investir à l’étranger est une nécessité pour les grands investisseurs à la recherche des meilleurs rendements. L’ensemble du marché boursier canadien représente moins de 3 % de la capitalisation boursière mondiale.

Au cours des 10 dernières années, le rendement du marché boursier américain (S&P 500) a été deux fois plus élevé que celui du marché boursier canadien (TSX 60).

L’économie canadienne est depuis longtemps confrontée à un problème de sous-investissement et de faible productivité. Avant de forcer les fonds de pension à investir davantage au Canada, il faudrait savoir si l’économie va mal parce que les fonds de pension n’investissent pas suffisamment ou s’ils n’investissent pas au Canada parce que l’économie est moins efficace.

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, devra répondre à cette question. Il a été mandaté par la ministre des Finances, Chrystia Freeland, pour tenter de trouver, avec les dirigeants des fonds de pension, des moyens d’augmenter leurs investissements. Il connaît déjà une ou deux choses sur le sujet. S’il existe une réponse, c’est sûrement la bonne personne pour la trouver.

1. Lire une lettre envoyée au gouvernement fédéral

2. Consultez le classement de Mercer

 
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