30 événements pour découvrir des mondes imaginaires sans quitter Strasbourg

Après le Japon, les peuples gitans ou slaves, il nous invite dans un tout nouveau monde : celui de « l’utopie ». Une sixième édition pour le Festival Arsmondo qui articule chaque année sa programmation autour d’une culture transnationale. Et du 12 avril au 7 mai, avec ce dernier, Strasbourg s’apprête à entreprendre un voyage pluridisciplinaire dans les mondes imaginaires. Soutenu par l’OnR (Opéra national du Rhin) et plusieurs partenaires culturels de la ville, il propose 30 événements dans 11 lieux. Concerts, projections, lectures, conférences, débats, expositions… présentation d’une vaste exploration !

première édition, en 2018, nous avait fait voler au Japon. Depuis, le festival Arsmondo nous emmène en Argentine, en Inde et au Liban, à la rencontre des Tsiganes et des peuples slaves. Comme “un pas de côté”, cet événement – ​​soutenu par l’OnR – cette fois propose une exploration artistique différente des précédentes : celle deutopieet de ceux-ci « Terres imaginaires ».

Le Pavillon d’Or. © Coraline Lafon / Pokaa

Utopie, dystopie

Le terme même « utopie » signifie « lieu de nulle part » nous le rappelle-t-on. Pourtant, ils sont présents depuis plus de 500 ans dans nos œuvres, depuis son invention par Thomas More en 1516, dans un texte fondateur. Il désigne alors « un pays imaginaire où vit une société idéalement organisée ».

En programmant cette saison, les opéras Lohengrin et particulièrement Guercoeur (« une pépite méconnue de l’opéra français ») les deux « hanté par cette aspiration » d’une société parfaite, l’OnR a décidé de concentrer toute sa réflexion autour de ce concept. Car depuis Thomas More, cette notion n’a cessé d’inspirer la littérature, la peinture, le cinéma, créant et diffusant dans nos imaginaires nombre d’œuvres « Terres fictives ».

Par ailleurs, en articulant sa réflexion autour du livre de cet auteur, Arsmondo s’intègre dans « Strasbourg Capitale Mondiale du Livre »avec une volonté particulière de relier débats d’idées (citons la conférence « L’utopie en littérature : rêve ou mise à l’épreuve du rêve ? »).

Projet « Le Conseil » d’Adelita Husni-Bey (à voir sur l’affiche du Festival Arsmondo Utopie). © Adelita Husni-Bey / Document soumis

Mais comme le rappelle Alain Perroux – directeur général de l’OnR – dans son éditorial, « De l’utopie à la dystopie, il n’y a qu’un pas ».

« Si l’utopie, fille de l’humanisme de la Renaissance, a rendu possibles le siècle des Lumières, la Révolution française ou le triomphe des démocraties parlementaires en Occident, elle a aussi donné naissance à des monstres. En cherchant à la réaliser pleinement, les dictatures du XXe siècle ont en fait inversé son objectif premier. s’appuyer sur elle pour justifier la mort de dizaines de millions d’êtres humains. »

Ajoutant également que, si l’utopie existe, c’est pour servir d’horizon vers lequel avancerpour nous mettre en mouvement et en action. De ce point de vue, les utopies ont toujours une importance capitale pour les sociétés humaines. Et aujourd’hui plus que jamais. […] »

” […] C’est ici que les artistes ont un rôle à jouer. En nous plaçant face à des chimères séduisantes, ils remettent en question notre réalité désenchantée ; en présentant dans leur fiction entreprises en difficulté, ils nous encouragent à examiner notre conscience ; quand, à l’inverse, ils décrivent des sociétés utopiques, ils nous poussent à croire encore en l’idée de progrès et à travailler pour rendre l’avenir meilleur. »

Projet « Le Conseil » d’Adelita Husni-Bey. © Adelita Husni-Bey / Document soumis

C’est donc avec cette double vision de l’utopie que cette programmation s’est construite. Nous rencontrerons ainsi textes, films, œuvres où apparaissent des sociétés idéalesproposé par le différents partenaires strasbourgeois de ce festival interdisciplinaireà peine.

Les évènements clés

Pour plonger dans cette programmation utopique, rendez-vous le vendredi 12 avril (18h) au Lieu d’Europar exemple, avec un inauguration animé par Judy Diallo (comédienne et élève de l’École Supérieure d’Art Dramatique TNS – Théâtre National de Strasbourg).

Un événement gratuitoù nous entendrons des extraits lus discours qui a marqué l’histoire modernee, de philosophes, de poètes ou d’hommes politiques qui, à leur manière, « invitez-nous à rêver d’autres mondes possiblesLE ».

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Projet « Le Conseil » d’Adelita Husni-Bey. © Adelita Husni-Bey / Document soumis

Quant à découvrir Guercoeur par Albéric Magnard (1865-1914) – les travaux qui ont conduit à cette programmation – ce sera du 28 avril au 7 mai à l’Opéra de Strasbourg (et les 26 et 28 mai à La Filature de Mulhouse).

Réalisé par une compositrice à la fois engagée, féministe et dreyfusarde, cet opéra en trois actes raconte, entre autres, une histoire à l’image de son auteur : celle de« un héros mort pour la liberté de son pays ».

Puis au Paradis où des « ombres » heureuses louent quatre déesses dont la Vérité – entourée de Beauté et de Bonté et avec la Souffrance à ses pieds –, le jeune Guercœur souhaite que sa vie et son enveloppe charnelle lui soient restituées.Elle. Mais sa chute du Paradis et son retour deux ans après sa mort sur Terre “là où rien ne dure”, “pourrait être brutal”. A moins que… un autre monde soit imaginé et imaginable. Et ainsi terminer, peut-être, sur une belle note d’espoir.

Créé en 1931cet opéra a longtemps oublié avant d’être aujourd’hui reconsidéré comme un chef-d’œuvre « le score prodigieux ». Ce sera sa première représentation française depuis sa création, sur une scène d’opéra ! Et pour en savoir plus sur ce compositeur d’avant-garde, Arsmondo articule, en prime, plusieurs événements liés à Albéric Magnard, comme une lecture de concert.

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Albéric Magnard. © Document soumis

Coups de coeur

« La Pépinière Utopique » : chimère musicale

La pépinière utopiquesamedi 13ril (19h), créera des expériences savoureuses. Au sein de l’Opéra, et plus précisément dans le Chambre Ponnelle (une boîte noire habituellement dédiée aux répétitions), s’inviteront trois groupes de la pépinière artistique de Espace Django.

Des talents strasbourgeois réunis pour un projet commun, hybride et innovantmodifier: UN concert interdisciplinaire construit de toutes pièces pour le festival, avec des touches deimprovisation musicaleprise.

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La « pépinière » de l’Espace Django. © Document soumis

Les polyphonies féminines se mêleront ainsi aux influences latines et balkaniques du Les Baklavas, “les riffs saturés de post punk de Pales », et le duo clavier-voix de Biêm (Béatrice Mélisse). Tout cela, « mené » par un artiste polymorphe renommé et tout aussi curieux : Chapelier Fou.

Accessible au tarif Carte Culture à 6 €, ou tout public à 12 €, ce chimère musicale – avec trois styles et plusieurs têtes – est annoncé surprenant Et spectaculaire.

« Le Retour du Capitaine Nemo » : un spectacle multimédia autour de la bande dessinée

Alors que Strasbourg jonglera entre les Rencontres de l’Illustration et Strasbourg Capitale Mondiale du Livre, Arsmondo nous propose Le retour du capitaine Nemo. Un spectacle multimédia à découvrir le 28 avril (11h) à la Cité de la musique et de la danoui, qui réunira musique, littérature et dessin, grâce aux auteurs de la célèbre série de bandes dessinées Les villes sombres : François Schuiten et Benoît Peeters.

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“Le retour du capitaine Nemo”. © Document soumis

Le terrain ? “À l’intérieur de cet étrange engin [« le Nauti-Poulpe », ndlr], mi-animal, mi-machine, on découvre un vieil homme. Nemo, méconnaissable, est toujours inconscient. » Se réveillant peu à peu du coma, il se souvient de sa vie, de ses rencontres et découvertes… Un voyage à travers des souvenirs que Schuiten dessinera, narré par Peeters et mis en musique par le compositeur et musicien Bruno Letort et le reste de l’ensemble.

Les utopies et dystopies du cinéma

Pour les cinéphiles, sachez que le festival donnera lieu à plusieurs projections et rencontres. D’un côté, quatre films du Cycle Documentaire (en partenariat avec Lieu Documentaire) qui s’intéressera aux initiatives qui réinventent ou remettent en question de nouveaux modes de vie.

Divers sujets, tels que « éducation, agriculture, alimentation, urbanisme, conditions de production, robotique ou intelligence artificielle ». Citons par exemple le projection au Planétarium du documentaire Isaac Asimov, l’étrange testament du père des robots de Mathias Théry (2022).

Gattaça
Bienvenue à Gattaca (1997) Andrew Niccol / Document soumis

Et enfin, cinq séances au cinéma Le Cosmosdans le cadre d’un Cycle de fiction.

Nous y (re)découvrirons, du 14 au 21 avril, grands classiques comme le passionnant Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol (1997) ou l’immense Métropole de Fritz Lang (1927), comme les plus récents avec le loufoque Merveilles à Montfermeil de Jeanne Balibar (2018) ou le film d’animation Mars-Express de Jérémie Périn (2023).

Et les plus jeunes ne seront pas en reste avec deux séances dédiéesdont Animal de ferme de John Halas et Joy Batchelor (1954), accessible dès 8 ans !

La journée des enfants

Transition prête à l’emploi avec La journée des enfantsc.t. Un rendez-vous annuel du programme Arsmondo, qui ravit petits et grands !

Pour cette édition, elle aura lieu le Dimanche 5 mai de 10h à 16 heures, où quatre artistes embarqueront les plus petits “sur les chemins de l’utopie”… Avec une certaine contesmais aussi danseOu dessin et gravure autour du travail Le nuage bleu de Tomi Ungerer, mais aussi en construisant leur propre monde imaginaire en 3D avec la technique du collage et du pop-up.

Arsmondo + journée des enfants + onr
La journée des enfants. © Klara Beck / Document soumis

Ateliers accessibles pour certains à partir de 4 années, ou jusqu’à 12 ans pour les autres : donc, les utopies sont à vivre et à inventer à tout âge. Alors venez à Arsmondo Utopie à partir du 12 avril, pour un grand voyage… rendez-vous au « Terres imaginaires » !

Quoi ?

Festival animé par l’ONR (Opéra national du Rhin) avec 30 événements : musique, cinéma, danse, rencontres, ateliers, etc.

Quand ?

Du 12 avril au 7 mai 2024

Ou ?

Dans 11 salles strasbourgeoises dont l’Opéra national du Rhin, Le Cosmos, La Cité de la musique et de la danse…

Plus d’informations ?

Le programme complet

Article soutenu mais non relu par l’Opéra national du Rhin.

 
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