Paolo Roversi et Emanuele Coccian, deux regards complices sur la photographie

Paolo Roversi et Emanuele Coccian, deux regards complices sur la photographie
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« Audrey, Paris, 1996 », de Paolo Roversi. PAOLO ROVERSI

Comment écrire sur la photographie ? Comment rendre compte du pouvoir d’une image, interpréter son sens, percer son mystère ? Dans un bel ouvrage publié chez Gallimard, le philosophe Emanuele Coccia et le photographe Paolo Roversi ont choisi le genre épistolaire pour partager leurs réflexions sur le sujet. Un voyage en forme de réminiscences chromatiques qui apparaît alors que le photographe fait l’objet d’une très belle exposition au Palais Galliera, à Paris.

« Leur dialogue nous emmène dans de nombreuses directions, mais s’articule presque toujours autour d’une métaphysique de la lumière, racontée comme une fable. Au fil des échanges, la photographie devient un rituel de domestication du soleil. écrit dans l’avant-propos l’auteur Chiara Bardelli-Nonino, spécialiste de la photographie. Car, pour Paolo Roversi, connu entre autres pour ses collaborations avec les créateurs de mode Yohji Yamamoto, Romeo Gigli et Rei Kawakubo, « nous sommes tous de petits employés du Soleil, de simples scribes, le dos penché sur nos Rolleiflex, occupés à copier ses dessins ».

Esthètes lettrés et sensibles, tous deux italiens, Paolo Roversi et Emanuele Coccia sont amis à la ville et partagent une passion pour la mode. Ils s’expriment également dans leur travail contre le«étrange mépris» dont ce dernier est encore victime. Spécialiste de théologie médiévale, Emanuele Coccia s’est orienté vers l’étude du monde vivant, et en particulier des plantes, obtenant un grand succès tant auprès de la critique que du public avec ses travaux. La vie végétale. Une métaphysique du mélange (Rive, 2016). En 2022, il devient le premier philosophe à enseigner la mode à Harvard.

Astronomie, extraterrestres et sorcellerie

Les lettres publiées dans l’ouvrage, missives aussi poétiques que didactiques, sont entrecoupées de photos signées Paolo Roversi. Des photos aux tons doux et sépia, des noirs et blancs oniriques et captivants, aux contours parfois vaporeux. « Les images que vous prenez ne cherchent jamais à être actuelles : elles paraissent éternellement contemporaines, comme si elles avaient été prises ce matin. » Emanuele Coccia lui écrit. Le photographe s’est toujours tenu à la fois au cœur du système de mode et à distance, loin des tendances éphémères – ses images n’ont pas d’âge.

Cette œuvre passionnante nous fait également voyager à travers l’histoire de la photographie. Au fil des pages, Paolo Roversi évoque Saul Leiter, Dorothea Lange, cite Robert Frank, Diane Arbus, William Eggleston, partage des anecdotes, nous instruit sur sa méthode de travail. « La photographie est trop souvent qualifiée de vol » alors que “donne de la vie au monde, il est important de souligner cet aspect généreux”. Il est également question de vie éternelle, d’invisible, de méditation, d’astronomie, d’extraterrestres ou encore de sorcellerie – des thèmes abordés sur un ton convivial et qui jettent sur ceux qui s’y intéressent une couche de lumière supplémentaire.

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