« Types de gentillesse », la fable antipathique de Yorgos Lanthimos sur le besoin d’être aimé – .

« Types de gentillesse », la fable antipathique de Yorgos Lanthimos sur le besoin d’être aimé – .
« Types de gentillesse », la fable antipathique de Yorgos Lanthimos sur le besoin d’être aimé – .

Temps de lecture : 3 minutes

Quand on cherche trop à plaire, on finit souvent par faire n’importe quoi et par renier sa propre identité. C’est un piège dans lequel Yórgos Lánthimos n’est pas tombé. Avec son cinéma basé sur des paraboles tordues, une violence frontale et des jeux de pouvoir inconfortables, le réalisateur a réussi depuis quinze ans à toucher un public de plus en plus large et enthousiaste.

Le grec de ses débuts a cédé la place à l’anglais et les stars oscarisées se bousculent dans ses films (Colin Farrell, Olivia Colman, Rachel Weisz, Emma Stone, Mark Ruffalo, Willem Dafoe, Jesse Plemons, etc.). Récompensé à chaque nouveau film, Yórgos Lánthimos est désormais le chouchou des festivals de cinéma.

Mais le cinéaste n’a rien perdu de sa touche satirique et dérangeante. Après avoir remporté le Lion d’or à la Mostra de Venise pour Pauvres créatures en 2023, le Grec revient en compétition au Festival de Cannes 2024, avec l’un de ses projets les plus radicaux et antipathiques. Divisé en trois paraboles sur des personnages prêts à tout pour être aimés, Types de gentillesse ne se soucie pas du tout d’être aimé. Et c’est ce qui le rend si délicieux.

Abuser et être abusé

D’une durée de 2h45, Sortes de gentillesse est en fait la somme de trois parties conçues comme des moyens métrages (générique de fin inclus). Ce qu’ils ont en commun, c’est leur casting (Emma Stone, Jesse Plemons, Willem Dafoe, Hong Chau, Mamoudou Athie, etc.), leur ton sec et glaçant, et surtout leur thématique : des personnages antipathiques, pris dans des relations de contrôle inquiétantes. .

Un tube Fais de beaux rêves d’Eurythmics, qui joue dans les premières secondes du film, n’est pas seulement là pour mettre l’ambiance. Cela nous rappelle également qu’il n’y a que deux types de personnes ici : celles qui veulent vous maltraiter et celles qui veulent être maltraitées.

La première histoire suit Robert (Jesse Plemons), un homme qui laisse un homme nommé Raymond (Willem Dafoe) diriger chacun de ses mouvements : comment s’habiller, quoi manger, à quelle heure faire l’amour avec sa femme. Lorsque l’arrangement va trop loin, Robert tente de se rebeller et est rejeté par Raymond (« Si tu m’aimais vraiment, tu ferais ce que je te demande »). Mais au lieu de s’émanciper, il se rend compte, une fois livré à lui-même, qu’il ferait n’importe quoi pour retrouver le confort de sa prison dorée.

Dans le deuxième volet, Daniel (Jesse Plemons) est inconsolable après la disparition de sa femme (Emma Stone) lors d’une expédition scientifique. Mais lorsqu’elle réapparaît enfin, il la soupçonne d’être une usurpatrice, et décide de la rejeter de plus en plus violemment. Cependant, Liz continue de vouloir lui prouver son amour.

Enfin, la troisième partie suit deux personnages appartenant à une secte polyamoureuse qui boivent des larmes (oui, résumer un film de Yórgos Lánthimos implique toujours un certain lâcher prise). Pour rejoindre cette secte, Emily (Emma Stone) a laissé derrière elle sa fille et son mari (Joe Alwyn), qu’elle continue d’espionner avec mélancolie chaque fois qu’elle en a l’occasion. Mais comme le révèle une sombre soirée de retrouvailles, une relation de contrôle peut en cacher une autre.

Un triptyque cruel

A chaque nouvelle histoire, ponctuée de notes de piano discordantes, Yórgos Lánthimos pousse à l’extrême les actions de personnages tous plus pathétiques les uns que les autres, avides d’être aimés et terrifiés par la solitude. Dans chaque partie, le cinéaste capte aussi toutes les petites gentillesses du quotidien qui peuvent vite devenir exaspérantes : montrer des photos de son enfant à quelqu’un qui s’en fiche, ou insister pour faire plaisir à nos invités au point de les mettre mal à l’aise. Autant de faussetés superflues qui ne masquent pas la laideur dont les humains sont parfois capables.

Incarnant une multitude de personnages, tous les acteurs se donnent à fond et démontrent une fois de plus toute leur palette et leur présence singulière à l’écran. Jesse Plemons, qui possède un don sans précédent pour les rôles sinistres et pathétiques, a remporté le prix du meilleur acteur à Cannes.

Chaque parabole du film peut évoquer plusieurs contextes de domination et de contrôle : la première histoire, avec ses scripts envoyés chaque matin, peut faire penser à un tournage de film, tout comme l’ouverture de la troisième partie, semblable à une audition. On peut aussi y voir une mise en garde plus contemporaine contre l’autoritarisme : dans chaque segment, les femmes sont dépossédées de leurs droits reproductifs, et leur corps est contrôlé, surveillé et traumatisé par des autorités supérieures qui disent vouloir leur bien.

Quoi qu’il en soit, le réalisateur livre une histoire riche, faite de brillantes séquences absurdes et de nombreux gags visuels, sans jamais tomber dans le simplisme. Les liens de contrôle représentés par Types de gentillesse sont complexes et insolubles et, dans de nombreux cas, les victimes se retrouvent également coupables d’abus ou de violence. Ce triptyque cruel et sans compromis en rebutera peut-être certains. On trouve son manque de fausse politesse plutôt rafraîchissant.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV After A Little Extra Thing : déjà un nouveau projet pour Artus ! – - Cinéma
NEXT le talentueux Monsieur Niney au cinéma