« Orlando », l’identité comme objet politique

« Orlando », l’identité comme objet politique
« Orlando », l’identité comme objet politique

Le monde contemporain regorge d’Orlando », raconte Paul B. Preciado dans la voix off de son film. Orlando ? C’est le nom du roman d’avant-garde de Virginia Woolf publié en 1928, dans lequel le personnage éponyme change de sexe au milieu du roman. Orlando est aussi le prénom que les amis de Preciado ont voulu lui donner au début de sa transition, une période qu’il qualifie d’heureuse.

Tout au long de cela Biographie politique – comme il est sous-titré – le premier long métrage du philosophe espagnol (en salles ce mercredi 5 juin après plusieurs participations en festivals, notamment la 45e édition du festival Cinéma du Réel) relève le défi de baliser les thématiques qui marquent le parcours d’une personne trans vers la reconnaissance sociale de son identité. Le prénom, le genre administratif (utilisation de pronoms inappropriés), l’attente avant de bénéficier d’un traitement hormonal, ou encore la transphobie, sont autant de sujets évoqués à la lumière du texte de Woolf. Les expériences intimes sont éclairées par une historiographie peu enseignée en dehors des cours d’études de genre : entre entretiens d’archives avec Christine Jorgensen, première femme transgenre mondialement connue, ou avec l’artiste française Coccinelle, les couvertures du Corps lesbien par Monique Wittig ou le Trans Liberation : au-delà du rose et du bleu par Leslie Feinberg. Autant de motifs littéraires fondateurs de l’histoire identitaire des personnes trans.

Le casse-tête du genre

Parce que Orlandoc’est aussi un travail didactique qui, en plus de questionner les dynamiques de pouvoir qui contrôlent les rapports entre hommes et femmes d’abord, et entre tous les individus plus largement, donne la parole aux personnes concernées. Résultat : les témoignages remettent la balle au centre, redressant le curseur sur des questions fondamentales (comment se réapproprier sa propre identité quand la société s’efforce de nous en priver ?) plutôt que sur les éternels châtaigniers qui, en plus d’être hors sujet , sont souvent vecteurs d’une incompréhension évidente, voire d’une forme de transphobie. Le casting est incarné par des personnalités fortes et combattantes, farouchement amoureuses de leur liberté et de leur droit de disposer de leur corps et de leur vie comme elles l’entendent. La rencontre est jubilatoire.

 
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