“Miséricorde” – a French village

“Miséricorde” – a French village
“Miséricorde” – a French village

Ce matin, l’automne, un curé, et des champignons : trois motifs déterminants d’un film sorti aujourd’hui au cinéma, « Miséricorde », d’Alain Guiraudie, le réalisateur d’Inconnu du Lac et Rester vertical. Une histoire bien étrange qui se déroule dans un village du Sud de la , un village comme un nouveau lieu du cinéma français, anti-pittoresque, anti-naturaliste, et qui permet de surgir une fable à la morale complètement indéterminée.

Cela commence par des funérailles, celles du boulanger de cette petite ville, Saint Martial, perchée dans les causses du Rouergue. Jérémie, un jeune homme qui a grandi là-bas et travaillé avec lui, est venu pour l’occasion, il est attaché à cet homme, à sa femme Martine, et aussi, semble-t-il, aux autres habitants : Vincent le fils du couple, qui habite seul avec sa femme et ses enfants, et Walter, un autre homme solitaire, qui vit au bout du village. Jérémie s’y attarde un jour, puis deux, puis plus, évoque la possibilité de reprendre la boulangerie, se promène surtout, et rencontre souvent Vincent et Jacques dans la forêt voisine, ainsi que l’abbé du village qui y cueille des champignons. , est toujours, étrangement, sur sa route. Il semble accueillir plutôt favorablement le séjour prolongé de Jérémie, mais c’est plus compliqué pour Vincent, qui commence à trouver suspect l’intérêt que porte le nouveau venu à sa mère et au village.

J’avais vu la bande-annonce du film il y a quelques semaines, et rien dans les images qu’elle montrait ne suggérait la beauté particulière du film. Avec ses courts fragments, montrant des gendarmes dans une petite cuisine triste, Catherine Frot et son air abasourdi, un curé en soutane dans une forêt, on pourrait imaginer un jeu de Cluedo au grotesque poussif – un peu téléfilm, quelque chose de médiocre. bref, à mille lieues du titre. Or Miséricorde est un grand film, qui ne ressemble qu’à lui-même, un peu aux précédents de Guiraudie et puis encore, et qui bouleverse toutes les attentes qu’on peut avoir d’une fiction qui prend pour décor un village français.

Terreau

Ce n’est pas facile à analyser car il n’y a rien de spectaculaire dans l’écriture ni dans la réalisation. C’est un film qui semble éviter toute attribution de forme et de genre. Il y a bien une intrigue de film noir dans ce film qui commence et se termine dans un cimetière, avec de vrais effets de suspense voire d’effroi, cependant toujours subvertis par un réalisme franc, dans la représentation du quotidien finalement banal. de cette poignée de personnages – avec la boulangerie abandonnée, la peur du ouï-dire, la teinte bleue criarde de la voiture de Vincent. Il y a bien du tragique, dans l’exacerbation de la violence, le soulèvement des secrets, mais sans cesse contrebalancé par un burlesque assumé. La satire apparaît parfois dans la manière de caractériser les personnages en types – le boulanger, le curé, le paria, mais jamais mordant – le film les aime trop – et il semble que chacun puisse sans cesse s’émanciper de sa position sociale ou sexuelle initiale. Il y a une forme de grandiloquence, qui se reflète aussi dans ce titre de « miséricorde », mot emprunté au vocabulaire chrétien, mais qui rencontre une sobriété de la mise en scène, une simplicité presque grise des dialogues, sans effusion, sans affectation aucune – ce qui nous fait nous demander tout au long : mais comment Alain Guiraudie nous donne-t-il l’impression d’avoir jamais vu ça.

Toutes ces contradictions se retrouvent au fond de ce personnage, d’abord périphérique puis central, de curé de campagne incarné par l’excellent Jacques Develay, qui fait autant partie des héros torturés de Bernanos via le cinéma Pialat que des abbés bouffons du cinéma italien. comédie. : avec sa soutane et son panier de champignons, sa grandeur d’âme et sa mesquinerie : un personnage unique en son genre, dont les apparitions resteront sans doute gravées dans la mémoire des spectateurs.

Alors que le village de campagne, sa hiérarchie sociale, sa propension à la rumeur, sont souvent des lieux de clôture du récit, des plateaux de jeu fermés qui figent les rôles et les personnages, le village de Guiraudie est en constant mouvement, en germination pourrait-on dire. C’est un lieu de circulation amorale des désirs, et cette idée d’amoralité teste jusqu’au bout sa possibilité dans le récit ; Bref, ce village n’est pas une terre, mais un vivier.

 
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