A 42 ans, Anthony* est bien installé dans sa situation professionnelle et personnelle. Il bénéficie du fruit de ses efforts ces dernières années, mais sait que même si la retraite est encore loin, mieux vaut faire le plan de match tout de suite. Combien doit-il épargner par mois pour garder son rythme de vie plus tard ?
La situation
Ces dernières années, Anthony a opéré des changements majeurs dans sa vie : il a décidé de se réorienter professionnellement, pour devenir papa, puis propriétaire.
Il est maintenant enseignant au primaire depuis quatre ans et a un enfant de 3 ans, qui fréquente un CPE. «Je viens d’acheter un condo en copropriété indivise dans un duplex avec mon conjoint sur l’île de Montréal», ajoute-t-il.
La famille est complète ; Le couple n’envisage pas d’avoir d’autres enfants.
Anthony se dirige désormais vers le prochain objectif. « J’aimerais prendre ma retraite vers 65 ans », nous écrit-il.
Comme il est enseignant dans une école publique, Anthony cotise au régime de retraite des employés de l’État et des organismes publics (Rregop).
Il est présentement au niveau 9 de sa convention collective, ce qui lui assure un salaire brut de 75 726 $ par année. Dans sept ans, il atteindra le plafond, qui se situe actuellement à 109 121 $.
Même si les régimes de retraite publics sont généreux, il ne veut pas tout miser là-dessus.
«Je me demande combien je dois épargner par mois», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il pourrait mettre entre 200 et 225 dollars de côté par salaire pour sa retraite.
Anthony se décrit comme un investisseur prudent. Son CELI est constitué de certificats de placement garanti (CPG) et il n’a aucune dette ni montant à rembourser concernant un rap.
Il souhaite conserver un mode de vie similaire à celui de la retraite, en effectuant quelques voyages.
De son côté, sa conjointe Marie-Ève* gagne un revenu de 100 000 $ par année, et le couple partage toutes les dépenses moitié-moitié.
Regardons de plus près.
Les chiffres
Antoine, 42 ans
Revenu
Salaire annuel brut : 75 726$
Dépenses
Style de vie annuel estimé : 33 600 $ par membre du couple (qui comprend le versement hypothécaire mensuel de 1 962 $, qu’il partage avec son conjoint)
Autres dettes : aucune
Actifs
Celi : 18 000 $ (en certificats de placement garanti)
Compte d’épargne : 10 000 $
Analyse
Charles Rioux Rousseau, planificateur financier et conseiller en développement et qualité de pratique à l’Institut de planification financière, a accepté d’analyser la situation.
Si Anthony atteignait seulement les différentes rentes auxquelles il aura droit à la retraite et qu’il attendait 65 ans pour les prendre, il pourrait compter sur un revenu brut total de 41 200 $, estime Charles Rioux Rousseau.
De celui-ci, 20 500 $ proviendraient de son Rregop, environ 8 700 $ de la pension de la Sécurité de la vieillesse et environ 12 000 $ de la Régie des Rentes du Québec.
-“Si je regarde les barèmes d’impôts actuellement, cela lui donnerait dans ses poches environ 35 000 dollars par an”, a-t-il déclaré.
Notez que tous ces montants sont aujourd’hui en dollars – autant les services que le coût de la vie seront affectés par l’inflation.
Comme la somme de 35 000 $ par an dépasse le coût de la vie estimé par Anthony, qui comprend un prêt hypothécaire qu’il aura sans doute fini de payer pour sa retraite, il est déjà très bien parti en ne comptant que sur les régimes auxquels il aurait droit. .
Mais attention : il serait risqué pour Anthony de dire que tout est réglé et qu’il n’a pas à épargner pour sa retraite.
Même si ce n’est pas dans ses projets, il pourrait changer de carrière, avoir un autre enfant, déménager ou se séparer. Son niveau de vie pourrait également être plus élevé que prévu pour toutes sortes de raisons.
C’est donc une bonne idée d’épargner pour sa retraite malgré sa belle situation.
Que faire de l’épargne ?
Anthony dit qu’il peut mettre de côté entre 200 $ et 225 $ par paie pour la retraite, ce qui représente au moins 5 200 $ par année.
S’il le recevait dans son bureau, Charles Rioux Rousseau explorerait avec lui certaines pistes.
Dans un premier temps, il l’inviterait à recalculer son coût de la vie pour s’assurer qu’il s’agit bien du bien, puisqu’il semble considérablement inférieur au revenu annuel du couple.
Ensuite, il s’assurerait de disposer d’un fonds d’urgence représentant trois à six mois de dépenses, rôle que pourraient jouer les 10 000 $ présents dans son compte d’épargne.
Reste à regarder ce qu’on peut faire avec les 5 200 $ qu’on peut ajouter à l’épargne chaque année.
À court terme, le planificateur financier recommanderait à Anthony de placer 2 500 $ par année dans un système enregistré d’épargne (REEE) au nom de son fils, pour pouvoir accéder aux subventions gouvernementales.
Lorsque son enfant aura terminé ses études secondaires, Anthony sera déjà plus proche de la retraite, et pourra voir s’il souhaite conserver le capital pour la financer. « On n’est pas obligé d’utiliser cet argent nécessairement pour financer les études des enfants, le capital peut être conservé par celui qui a investi », rappelle Charles Rioux Rousseau.
Il lui recommanderait alors de mettre le reste de la somme dans un REER. Cela lui permettrait de diminuer son revenu imposable, mais en plus, par rapport à un CELI, il aurait peut-être plus de facilité à concevoir cet argent comme pouvant être plus risqué puisqu’il s’agit d’un compte typiquement conçu pour la retraite.
CPG, il est certain que ce n’est pas la meilleure solution s’il veut utiliser cet argent à la retraite. Je ne sais pas s’il serait prêt à prendre un peu plus de risques, mais ça pourrait être pertinent, je pense.
Charles Rioux Rousseau, financial planner
Pour les investissements à long terme, les produits prudents tels que les CPG privent généralement les épargnants d’un rendement important.
« [Dans un compte REER]vous ne pouvez pas retirer cette pénalité dans un délai de 25, 30 ou 35 ans. Cela change-t-il la perspective de l’investissement ? Serait-il capable de prendre un peu plus de risques, d’aller vers quelque chose qui n’est pas un CPG, qui a une certaine volatilité ? Ce serait une de mes recommandations», affirme Charles Rioux Rousseau.
“L’idée n’est pas de garantir que les gens prennent plus de risques qu’ils ne le souhaitent, mais si nous pouvons nous assurer qu’il expérimente une certaine part de volatilité au cours de l’année prochaine, voir avec une somme plus petite, cela pourrait être une bonne idée”, a-t-il ajouté. », explique-t-il.
Autre aspect qui pourrait être abordé : comme Marie-Ève gagne un revenu considérablement plus élevé qu’Anthony, il pourrait être pertinent de revoir la proportion des dépenses payées par chacun afin que les deux puissent avoir un niveau d’épargne similaire. «C’est à eux de voir s’ils sont à l’aise avec ça, s’il y a des raisons qui ont mené à cette division, parce que ça peut être plein d’affaires», estime le planificateur financier.
« L’important c’est qu’ils aient pris cette décision en connaissance de cause et qu’il n’y ait pas d’angle mort d’un côté ou de l’autre. »»
*Bien que le cas mis en lumière dans cette section soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.