Les obligations restent attractives, tandis que les actions nécessitent davantage de prudence face à une surévaluation.
À l’horizon 2025, l’économie mondiale et les marchés financiers seront confrontés à un mélange d’opportunités et de défis. Les taux d’intérêt reviennent vers des niveaux neutres, mais ils devraient se stabiliser à des niveaux supérieurs à ceux des années 2010. Une offre de main-d’œuvre positive et une productivité accrue ont soutenu la croissance américaine en 2024, mais de nouveaux risques politiques pourraient freiner cette croissance en 2025. Le marché américain est dynamique, mais les valorisations élevées limiteront les rendements à long terme.
La croissance économique américaine sous pression
En 2024, l’économie américaine a connu une forte croissance, soutenue par un marché du travail dynamique et une productivité accrue. Toutefois, de nouveaux risques politiques, tels que des tarifs douaniers et des politiques migratoires plus strictes, pourraient freiner cette croissance en 2025. Nous nous attendons à une modération de la croissance du PIB réel aux États-Unis, qui devrait se situer autour de 2 %, avec une inflation sous-jacente probablement supérieure à 2,5 % pour la plupart. de l’année. Ces incertitudes soulignent l’importance d’une approche d’investissement prudente et diversifiée.
La résilience économique américaine ne dépend pas de la politique de la Fed
Au cours des deux dernières années, le discours du marché s’est concentré sur la question de savoir si la Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait parfaitement planifier son cycle de baisse des taux pour parvenir à une désinflation sans douleur. Malgré une politique monétaire restrictive, l’économie américaine a connu une combinaison favorable d’une forte croissance du PIB réel, d’un apaisement des tensions sur le marché du travail et d’une baisse de l’inflation. Cependant, nous pensons que la résilience de l’économie américaine est probablement davantage due à des facteurs fortuits du côté de l’offre qu’à un « atterrissage en douceur » orchestré par la Fed. Même si ces facteurs positifs du côté de l’offre pourraient persister jusqu’en 2025, les risques politiques émergents pourraient annuler une partie des gains. Si ces risques se matérialisent, la croissance du PIB réel américain pourrait ralentir, passant de son taux actuel d’environ 3 % à près de 2 %.
Les économies en dehors des États-Unis n’ont pas été aussi chanceuses du côté de l’offre et n’ont pas réussi à combiner la même croissance forte et une inflation considérablement réduite. La croissance de la zone euro devrait rester inférieure à la tendance l’année prochaine, le ralentissement du commerce mondial constituant un risque majeur.
Rendements obligataires : l’ère de la monnaie saine pose des bases solides
L’ère d’une monnaie saine, caractérisée par des taux d’intérêt réels positifs, se poursuit. Même si les banques centrales assouplissent actuellement leur politique monétaire, nous nous attendons à ce que les taux directeurs se stabilisent à des niveaux plus élevés que dans les années 2010. Cet environnement ouvre la voie à de solides rendements obligataires au cours de la prochaine décennie.
-Des rendements de départ plus élevés ont amélioré le rapport risque-rendement des investissements obligataires. Les obligations restent une option solide. Ces perspectives reflètent une normalisation progressive des taux directeurs et des courbes de rendement, même si d’importants risques à court terme subsistent. Les bonnes perspectives pour les obligations, combinées à une vision à long terme plus prudente pour les actions américaines, suggèrent que des portefeuilles plus défensifs pourraient convenir aux investisseurs présentant un profil de risque approprié.
Rendements boursiers : exubérance rationnelle ou irrationnelle ?
Notre vision des actions est plus prudente. Les actions américaines ont généré de solides rendements ces dernières années, et 2024 n’a pas fait exception, avec une croissance des bénéfices et des ratios cours/bénéfice supérieurs aux attentes. La question clé pour les investisseurs est la suivante : « Que se passe-t-il ensuite ? »
Même si les perspectives de rendement des actions américaines peuvent sembler trop conservatrices, l’éventail des résultats possibles est large et les valorisations constituent rarement un bon outil de timing. Des valorisations initiales élevées risquent de freiner les rendements à long terme. Cependant, l’histoire montre qu’en l’absence de choc économique ou de croissance des bénéfices, les rendements des marchés boursiers américains peuvent continuer à défier la gravité de leurs valorisations à court terme.
Les valorisations des marchés actions en dehors des États-Unis sont plus attractives. Ces dernières années, la croissance modeste des économies et des bénéfices en dehors des États-Unis a maintenu les rendements boursiers mondiaux en dehors des États-Unis relativement tièdes par rapport aux rendements remarquables du marché américain. Nous pensons que cette tendance pourrait se poursuivre, ces économies étant probablement les plus exposées aux risques économiques et de politique publique mondiaux. À long terme, les différences dans les ratios cours/bénéfice sont le principal moteur des rendements relatifs. Au cours de la prochaine décennie, nous prévoyons que les marchés développés en dehors des États-Unis enregistreront un rendement compris entre 2,9% et 4,9% (toutes les prévisions sont du point de vue d’un investisseur en francs suisses) .
Un nouveau point de tension apparaît
Le défi de l’investissement réside dans une tension croissante entre dynamique et surévaluation. Les actifs dotés des fondamentaux les plus solides ont souvent les valorisations les plus élevées, et vice versa. Les risques économiques et politiques pour 2025 aideront à déterminer si la dynamique ou les valorisations domineront les rendements des investissements au cours de l’année à venir.