Fragilisées par l’inflation, les Ehpad (Ehpad) espèrent un geste du gouvernement dans le prochain budget, mais en attendant, un nouveau décret facilite les hausses de prix pour certains résidents, une bouffée d’oxygène pour leurs finances.
« La situation budgétaire des établissements est catastrophique »estime Annabelle Vêques, directrice de la Fédération des directeurs d’établissements pour personnes âgées (Fnadepa), à l’AFP. « Malgré l’instabilité politique et le déficit public »il est nécessaire d’investir dans le secteur des personnes âgées pour que les structures puissent continuer à « payer les salaires » et pour « éviter tout risque de faillite ».
Une enquête réalisée en septembre auprès de 1.600 membres de cette fédération montrait que 71% s’attendaient à clôturer l’année 2024 dans le rouge, soit une hausse de six points par rapport à l’année précédente. La perte moyenne est estimée à 156 600 euros. Or, la moitié des établissements ne disposent plus de réserves de trésorerie suffisantes pour compenser.
“Nous n’avons aucune marge de manœuvre”assure également à l’AFP Pierre Roux, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).
Réduire le nombre de soignants, baisser le chauffage ou espacer le nettoyage des locaux : des économies sur les dépenses reviendraient à « réduire la qualité de vie et les soins aux résidents »une option impensable pour lui.
Réévaluation
Ces postes de dépenses ont augmenté de manière significative au cours des deux dernières années, principalement en raison de l’inflation. Mais les revenus des quelque 7 000 Ehpad publics, associatifs et privés commerciaux français n’ont pas augmenté au même rythme.
Les EHPAD bénéficient de trois sources de financement : une subvention de l’État pour les soins, un financement du département pour prendre en charge les questions liées à la dépendance et une prise en charge par le résident pour payer les frais d’hébergement (repas, entretien des locaux, etc.).
Les pouvoirs publics ont augmenté leurs financements de manière trop limitée ces dernières années, selon les établissements.
« Les prestations liées aux soins et à la dépendance n’ont probablement pas été portées à des niveaux suffisants »recognizes Olivier Richefou, vice-president of the Départements de France (DF) association from AFP.
« Les établissements doivent retrouver de l’élan et pouvoir investir pour se moderniser, chacun doit participer [à l’effort]y compris les habitants, sans mettre en difficulté les plus modestes »il croit.
-Pour retrouver un peu d’air frais, le secteur espère avant tout bénéficier d’un « revalorisation conséquente » du montant accordé par l’État pour les soins. Il sera déterminé lors des prochaines discussions parlementaires sur le budget de la Sécurité sociale (PLFSS 2025).
“Nous attendons un signal fort du gouvernement”confirme Jean-Christophe Amarantinis, président du Synerpa, le principal syndicat des Ehpad privés. Il espère “au moins 5-6%” augmenter.
Tarifs différenciés
Jusqu’à présent, les maisons de retraite ne pouvaient pas augmenter librement leurs prix de logement, les augmentations étant régies par des règles différentes.
En attendant les discussions sur le budget, le gouvernement a publié le 1er janvier un décret — en application de la loi sur « bien vieillir » adoptée en 2024 – qui facilite la hausse des prix du logement pour les résidents les plus aisés, ceux qui ne bénéficient pas de l’aide au logement social (ASH).
Cette mesure concerne principalement les établissements publics et associatifs, qui accueillent environ 20 % des résidents modestes, mais avaient jusqu’ici l’habitude de facturer le même prix à tout le monde. Le décret précise que les plus riches pourront payer jusqu’à 35 % de plus pour une prestation identique.
Pour Marc Bourquin, conseiller stratégique à la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente les EHPAD publics, c’est une mesure bienvenue : « ce n’est pas une solution miracle, mais cela devrait aider les établissements à sortir la tête de l’eau ».
Pour les familles des résidents, en revanche, c’est la douche froide : « Beaucoup d’habitants ont déjà du mal à payer leur logement et cela risque de devenir une barrière à l’entrée »a réagi auprès de l’AFP Françoise Gobled, présidente de la Fédération des amis des personnes âgées (Fnapaef), qui a déclaré “choqué” par cette mesure.
Ses effets se feront sentir progressivement dans les comptes des Ehpad car ils ne concerneront que les nouveaux arrivants.