“L’euro tombera à 0,85 contre franc en 2025”

“L’euro tombera à 0,85 contre franc en 2025”
“L’euro tombera à 0,85 contre franc en 2025”

Perspectives du marché

« L’euro tombera à 0,85 contre franc en 2025 »

L’année boursière 2024 s’est avérée solide pour les épargnants. Les actions, les cryptos et le franc ont grimpé. À quoi s’attendre en 2025 ? Le point avec un expert.

Publié aujourd’hui à 8h33

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Bref:
  • La Suisse reste économiquement robuste grâce à une forte consommation intérieure.
  • Le dollar devrait s’apprécier, ce qui procurerait un avantage aux exportateurs suisses.
  • Bitcoin pourrait atteindre 142 000 $, selon une analyse technique.
  • Les fusions et acquisitions vont augmenter grâce aux faibles taux d’intérêt.

Force du franc, montée en flèche du Bitcoin fin d’année, élection de Donald Trump à la présidence américaine, guerre larvée entre Israël et l’Iran au Moyen-Orient : l’exercice 2024 réservera son lot de surprises aux investisseurs. Et plutôt bons en matière d’investissements. Un portefeuille dit équilibré, investi en prenant des risques limités (40 à 60% en actions), aura rapporté 6 à 10% aux épargnants suisses.

Quelles sont les perspectives pour 2025 ? Le point avec Anton Sussland, fondateur de Sussland & CO à Genève.

À quoi peut-on s’attendre pour la croissance en Suisse ?

Bien qu’affectée par le ralentissement de la croissance de ses voisins, la Suisse devrait réussir à tirer son épingle du jeu. Car la consommation des ménages reste robuste dans le pays, soutenue notamment par la force du franc.

De plus, le retour des taux bas aidera le secteur immobilier. Je pense aussi que le dollar devrait s’apprécier en 2025, ce qui donnera un vent de fraîcheur aux entreprises exportatrices du pays.

Vous pensez que le dollar va augmenter. Est-ce que ce sera également le cas de l’euro face au franc ?

Non, la monnaie européenne tombera à 0,85 par rapport au franc en 2025. La monnaie unique restera faible face au franc en raison des problèmes économiques et politiques en Europe. Cette dernière pourrait être la zone économique qui souffre le plus d’une nouvelle guerre commerciale avec les Etats-Unis.

Par ailleurs, l’Europe connaît une hausse du prix de son énergie et une pression importante sur son secteur automobile, pilier industriel historique du Vieux Continent.

Vous vous inquiétez pour l’Europe. Pensez-vous que la risque de faire défaut sur sa dette ?

Non, la dette française n’est pas menacée, à mon avis. Premièrement, cette dernière est majoritairement détenue par des investisseurs nationaux, à plus de 50%, ce qui est un gage de stabilité. Certains investisseurs institutionnels, comme les compagnies d’assurance et les fonds de pension français, pourraient également accroître leur exposition.

Deuxièmement, dans un contexte de baisse des taux d’intérêt, les obligations françaises à dix ans offrent un rendement attractif (ndlr : 3,2%)dépassant les rendements du gouvernement allemand de 0,8%. On constate également que les ratios évaluant la demande des investisseurs pour la dette française restent conformes à leur moyenne historique.

A terme, la France n’aura d’autre choix que de poursuivre la réforme de son système social devenu, comme dans de nombreux autres pays, intenable au fil du temps.

L’année dernière, la bourse américaine a augmenté de 25%, la Chine de 17% et l’Europe de 8%, tandis que les actions suisses (indice SMI) ont gagné un petit 4%. À quoi faut-il s’attendre en 2025 ?

Pour 2025, les objectifs des stratèges sont très modestes. Le potentiel de hausse s’élève à 10% sur le S&P 500 américain et à 4% sur l’Euro Stoxx 50. Il est un peu mieux sur le SMI qui pourrait progresser de 8% pour atteindre 12.500 points. Ces objectifs limités s’expliquent par le fait que la croissance américaine devrait ralentir en 2025, et que la croissance européenne pourrait à nouveau décevoir.

Quant à la Chine, elle continue de subir les conséquences de sa crise immobilière et devrait subir les conséquences de la nouvelle guerre commerciale avec les États-Unis promise par l’administration Trump.

Le Bitcoin est passé de 45 000 $ à plus de 95 000 $ depuis janvier 2024. Est-ce que cela va continuer ?

Un objectif de prix de 142 000 $ peut être fixé pour 2025 sur Bitcoin, sur la base d’une analyse graphique.

Les cryptomonnaies ont repris des couleurs suite à l’élection de Trump. Le nouveau gouvernement américain sera très positif pour les cryptos en termes de régulation. La famille Trump envisage également de lancer sa propre cryptomonnaie, baptisée « World Liberty Financial ».

Preuve de cet engouement, les investisseurs ont commencé à s’intéresser non seulement aux plateformes d’achat et de vente de cryptos, mais aussi aux entreprises qui les « exploitent ». (ndlr : processus de création de monnaie numérique).

En 2025, les performances boursières ont été dynamisées grâce à l’apport de certaines valeurs majeures, notamment celles des groupes technologiques (Apple, Microsoft, Tesla, Alphabet, Nvidia, Meta, Amazon). Cela n’ouvre-t-il pas aujourd’hui d’autres possibilités ailleurs ?

Oui, car il y a eu une grande disparité de performance entre les secteurs et les entreprises l’année dernière, ce qui offre aujourd’hui beaucoup d’opportunités. Sans les « Magnificent Seven », c’est à dire les méga-capitalisations techno américaines, l’indice S&P 500 n’aurait progressé que de 11 % au lieu des 25 % enregistrés en 2024. Les petites et moyennes capitalisations devraient en profiter, tant est la différence de marché boursier. performance. entre ces derniers et les géants de la technologie est important.

Un retour à la moyenne semble probable, dans un environnement favorable aux opérations de fusions et acquisitions. C’est très positif pour les actions petite et moyenne capitalisation qui verront leur prix réévalué.

Des valeurs suisses et européennes à recommander sur ce segment ?

En Suisse, je citerai la BCV, le fabricant de matériaux de construction Sika, Adecco et la boulangerie industrielle Aryzta. En Europe, les perspectives boursières me paraissent bonnes pour Ryanair, le groupe informatique Capgemini et le constructeur automobile Stellantis.

C’est le bon moment pour les fusions et acquisitions, dites-vous ?

Oui. Dans un environnement économique en décélération, la plupart des entreprises auront du mal à afficher une croissance de leurs bénéfices en 2025. Le nombre de fusions et d’acquisitions pourrait alors augmenter considérablement.

De plus, le faible niveau des taux d’intérêt facilitera le financement de telles opérations. En matière de fusions et acquisitions transfrontalières, les entreprises américaines auront le couteau entre les dents pour racheter des entreprises européennes. Parce que, d’une part, l’euro s’est déprécié par rapport au dollar et, d’autre part, les actions européennes se négocient avec une décote de près de 50 % par rapport aux actions américaines.

Les guerres ont marqué l’année écoulée. Les titres d’armes sont-ils toujours intéressants ?

La défense et l’armement restent des thèmes d’investissement attractifs. Parce que les dépenses militaires vont continuer à augmenter pour des raisons clairement mises en évidence par la guerre en Ukraine.

En cas de conflit, la consommation des stocks d’obus, missiles et autres bombes est bien plus rapide qu’on ne le pensait. Dans la plupart des pays, les stocks actuels sont insuffisants pour durer plus de quelques semaines en cas de guerre.

En outre, les besoins en chars et en artillerie sont plus importants que prévu. La guerre moderne requiert enfin des capacités importantes en termes de drones et autres engins téléguidés, ainsi que des équipements de « guerre électronique » (brouillage d’ondes et “piratage” systèmes adverses).

Aujourd’hui, la plupart des pays européens disposent d’armées disposant de peu de ressources dans ces domaines et ne peuvent pas gagner une guerre moderne.

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Nicolas Pinguély est journaliste à la rubrique économique depuis 2018. Spécialiste de la finance, il a travaillé par le passé pour le magazine Bilan, à l’Agefi et au Temps. Il a également occupé diverses fonctions dans des banques et des sociétés financières, notamment en microfinance. Plus d’informations

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