Malgré le froid glacial, plus d’une cinquantaine de personnes faisaient la queue dehors samedi soir devant le kiosque de la banque alimentaire Les Pirates Verts, à Montréal. «La clientèle a augmenté considérablement au cours de la dernière année», affirme Marie-Pier Denis, bénévole au sein de l’organisme. Mais surtout, c’est le profil des personnes qui n’est plus le même. »
Les besoins ne font que croître partout à Montréal. Jusqu’à présent, année après année, près d’une vingtaine d’organismes ont demandé l’aide de Moisson Montréal pendant le - des Fêtes. Cette année, plus de deux fois plus de personnes ont frappé aux portes de la banque alimentaire, qui sera exceptionnellement ouverte le vendredi 27 décembre.
Aider une cinquantaine d’organismes au quotidien est courant chez Moisson Montréal. Mais jusqu’à l’année dernière, ils étaient normalement presque deux fois moins nombreux à l’arrivée des fêtes, bon nombre d’organisations fermant leurs portes durant cette période.
« Habituellement, nous avons 15 ou 20 organisations. Mais aux dernières nouvelles, je pense que 45 à 48 organisations [ont demandé d’avoir des denrées] on December 27,” notes the general director of Moisson Montréal, Chantal Vézina.
Mmoi Vézina estime que si tant de centres d’aide alimentaire ont levé la main, c’est probablement parce que certains ont décidé de rester exceptionnellement ouverts, les besoins étant aujourd’hui immenses. La banque alimentaire contribue à répondre à près d’un million de demandes d’aide alimentaire chaque mois par l’intermédiaire des organisations qu’elle dessert.
Même son de cloche du côté de l’OBNL Les Pirates Verts, établi dans le quartier d’Hochelaga, qui est ouvert depuis plusieurs années pendant la période des Fêtes. Des repas chauds y sont servis jusqu’au 24 décembre, et l’organisme est également l’une des seules banques alimentaires ouvertes le samedi.
Je reçois des appels de gens de Longueuil et de Laval qui me demandent comment ça marche pour venir chez nous. Les gens viennent de partout, pas seulement d’Hochelaga.
Raïs Zaidi, founder of the NPO Les Pirates Verts
M. Zaidi dit que les gens font la queue pour manger bien avant l’ouverture, car parfois l’organisation ne peut pas répondre pleinement à la demande. Les Pirates verts ne récupèrent pas leur nourriture chez Moisson Montréal, mais bénéficient plutôt de l’aide d’autres organismes, comme La Tablée des Chefs, qui récupère les surplus de nourriture des hôtels et même des restaurants.
Le directeur général de La Tablée, Jean-François Archambault, a également souligné que la demande était croissante. « Nous en faisons toujours plus, mais ce n’est jamais assez », a-t-il déclaré. Même son de cloche du côté des épiceries, qui reçoivent de plus en plus de demandes pour obtenir des surplus alimentaires, confirme le directeur de la succursale IGA de la rue Wellington, à Verdun, qui collabore avec la Société Saint-Vincent de Paul.
Profil des bénéficiaires et crise du logement
Le plus gros changement cette année ? Le profil des bénéficiaires, notent Moisson Montréal et Les Pirates Verts, qui est confirmé par la Société de Saint-Vincent de Paul, qui vient en aide à des dizaines de milliers de familles dans la métropole et dans la couronne nord, et la Mission Bon Accueil, qui répond aux besoins de 10 000 familles par mois.
Parmi les bénéficiaires aujourd’hui, on retrouve des familles monoparentales, des étudiants, des nouveaux arrivants, mais aussi bien d’autres personnes qui peinent à joindre les deux bouts.
L’année a également été marquée par des problématiques telles que la crise du logement et les besoins des sans-abri, qui vont souvent de pair avec des demandes d’aide alimentaire.
D’ailleurs, à Montréal, le nombre de familles bénéficiant de la Société de Saint-Vincent de Paul a augmenté cette année de 40 %, à Pointe-aux-Trembles et à L’Assomption, de 70 %. Mais c’est à Laval que la demande a le plus explosé, tandis que le nombre de familles aidées a plus que doublé. Son directeur général, Romain Duguay, fait un lien direct avec la hausse des prix des logements dans l’ensemble du Grand Montréal. Même chose pour la Mission Bon Accueil, dont la fréquentation a augmenté de 30 % en 2024.
Je ne sais pas comment nous allons suivre.
Chantal Vézina, general director of Moisson Montréal
“Même si on innove avec la moitié de rien, il n’en reste pas moins qu’à un moment donné, nous serons rattrapés par l’ampleur du défi”, a ajouté M.moi Vézina.
Dépendance aux banques alimentaires
À l’intérieur du kiosque de distribution des Pirates Verts, dans Hochelaga-Maisonneuve, des bénévoles s’affairaient à emballer les repas préparés pour les nombreux bénéficiaires qui attendaient dans le froid extérieur. Pas le - de faire une pause, explique Marie-Pier Denis. « Nombreux sont ceux qui dépendent de nous pour se nourrir », explique-t-elle.
C’est notamment le cas de Stéphanie, qui attendait dehors pour recevoir ses plats. Le bénéficiaire n’avait jamais eu recours aux banques alimentaires avant cette année. « Je ne savais même pas que ça existait auparavant. Mais maintenant, cela me sauve la vie », dit-elle.
Plus loin dans la file, deux hommes discutaient, souriants, en attendant de remplir leurs sacs de produits frais étalés sur les tables devant eux. «Je viens souvent ici», dit Yves. Cela fait une grande différence, car même avec un travail, on ne peut pas le faire. »
La banque alimentaire est une bouée de sauvetage pour le bénéficiaire, qui consacre une grande partie de son budget au logement. « Le vrai problème, c’est le loyer. Cela affecte tout. Nous payons d’abord le loyer, puis nous devons économiser sur l’épicerie », déplore-t-il.
76 %
La demande d’aide alimentaire à Moisson Montréal a augmenté de 76 % en cinq ans. En 2024, l’organisation a répondu à 999 455 demandes d’assistance mensuelles par l’intermédiaire de ses organismes accrédités, contre 567 317 en 2019.
54,5% familles
La proportion de ménages recevant une aide alimentaire qui sont des familles a également augmenté, passant de 47,8 % à 54,5 % à Moisson Montréal.
Source: Moisson Montréal 2024 Hunger Report