Le vélo cargo trouve de plus en plus sa place comme véhicule de tous les jours. Quels éléments faut-il prendre en compte avant de troquer sa citadine contre ces vélos ?
C’est l’un des rares segments du marché du vélo à rester dans le vert. 35 000 vélos cargo à assistance électrique ont été vendus en 2023 à des particuliers, selon les chiffres de l’Union Sport&Cycles (USC), sans compter les artisans ou les livreurs qui acquièrent également ce type de véhicule pour un usage professionnel. Un chiffre stable par rapport à 2022 et qui se maintient cette année. D’où l’appétit des marques face à cet intérêt consommateur. Voici nos conseils pour choisir le bon vélo cargo.
• S’adresser à des marques spécialisées ou plus grand public ?
Du deux-roues ou scooter doté d’une benne à l’avant, au longtail qui accueille les passagers sur sa plateforme arrière, le vélo cargo peut servir à différentes fins. Si des marques historiques comme Douze Cycles en France (qui a noué un partenariat avec Toyota), Yuba aux Etats-Unis, Tern à Taiwan, fabriquent des vélos cargo depuis des années, des marques internationales comme Canonball ou Trek s’y lancent également. .
Le prix de ce type de vélo reste cependant dans le haut du panier des vélos à assistance électrique (VAE) : 3 600 euros en moyenne, soit presque deux fois plus que le prix d’un VAE classique. Certains modèles peuvent atteindre 6 000 euros chez des marques spécialisées, tandis que ceux des marques grand public comme Decathlon restent autour de 3 000 euros. Mais attention à ne pas forcément penser uniquement au prix d’achat.
« Un vélo qu’on utilisera tous les jours, et qui fera 40, 50, 60 kilomètres par jour, ça vaut le coup de dépenser 1 000 ou 2 000 euros de plus pour un vélo durable qui n’est pas réparé tous les jours, conseille Jérôme Sorrel, associé fondateur de weelz.ouestfrance.fr « Il nous faut des composants adaptés au vélo cargo. »
Plus lourd, plus long, il vous faut des composants adaptés pour assurer par exemple un freinage efficace. Et pour une autonomie d’une centaine de kilomètres sur un vélo de 40 ou 50 kg, il vous faudra une batterie grosse et donc plus chère.
• Bi-porter, longtail, quel format choisir ?
Au-delà de la marque, quel modèle choisir ? « Il faut bien réfléchir aux usages », explique Philippe Gentil, responsable du développement commercial Douze Cycles x La Mobilité Toyota. “Si je veux transporter mes enfants, comment je les assure en sécurité, comment je me sens sur mon vélo.”
Il existe en effet deux grandes catégories de vélos cargo, le plus souvent à assistance électrique :
- le deux-roues avec benne à l’avant (une version tricycle existe également, cette fois avec deux roues à l’arrière)
- le « longtail », un vélo avec un pont arrière.
Le premier sera davantage dédié à l’usage du transport de marchandises, mais pourra également accueillir des enfants, dans des sièges dotés de petites ceintures de sécurité. “Quand ils ont 3, 4 ans, on peut les mettre à l’avant, mais quand ils sont plus grands, on peut passer à un modèle longtail, où on peut facilement transporter deux enfants à l’arrière”, explique Gwenola Periot, responsable de communications au sein de la marque Trek.
Les longtails, plus étroits et aussi plus légers, sont actuellement appréciés pour leur maniabilité dans les grandes villes comme Paris. Notamment parce qu’ils sont plus faciles à garer que les vélos avec benne.
« Il faut aussi être conscient de ses contraintes, explique Jérôme Sorrel. “Tous les vélos cargo peuvent transporter des enfants, mais un deux-roues peut être encombrant si on habite en ville, même si les enfants sont bien protégés, et si, comme s’ils sont devant, on peut communiquer avec eux.”
Avec des accessoires, un longtail peut aussi être évolutif, pour s’adapter au transport de passagers de plus en plus grands, via une « cage » lorsque les passagers sont plus petits, un porte-bagages avec barres latérales pour s’accrocher, un porte-bagages plus long pour accueillir plusieurs enfants. . Le longtail peut également accueillir un passager arrière adulte, selon le poids qu’il peut transporter.
• Et le poids ?
Une fois l’usage défini, une autre question se pose rapidement : celle de la taille du vélo. Avoir un gros vélo cargo en ville peut vite devenir encombrant, comme conduire un van en ville, surtout lors des manœuvres à pied. De 25kg pour les longtails les plus compacts à 70kg pour un gros vélo cargo en acier, tout dépend ici de l’utilisation.
Au-delà du poids du vélo – le garer et le faire pivoter est un petit coup de pouce à prendre – il faut surtout regarder combien de poids il peut supporter. Le Toyota Cargo Verso peut par exemple transporter 100 kg dans son coffre avant, le Trek Fetch 4 avec deux sièges à l’avant peut supporter près de 175 kg (passagers et bagages inclus).
Moins cher que les deux modèles précédents, à 2 999 euros, le Decathlon R500E peut transporter deux enfants ou un adulte en plus du conducteur, soit 170 kg au total.
• Quels accessoires choisir ?
« Il faut penser au vélo, mais aussi à tous les accessoires, c’est un vrai déterminant », nous explique Jérôme Sorrel, associé fondateur du site spécialisé weelz.ouestfrance.fr. Ces accessoires permettront au vélo d’évoluer selon les usages.
Les cale-pieds arrière sur un longtail ou un marchepied avant sont des éléments très intéressants. Les planchers arrière peuvent être changés pour l’embarquement, de même pour la protection contre la pluie (comptez par exemple près de 200 euros pour l’adapter au R500E de Decathlon). Idem en deux-roues : des sièges enfants supplémentaires peuvent être ajoutés.
Et là, il est important de se renseigner sur la stratégie de la marque pour ne pas voir la facture gonfler.
«Certains aiment [la marque française, NDLR] Moustache livre le vélo quasiment prêt à l’emploi, d’autres livrent un vélo nu auquel il faut ajouter 100 euros par-ci, 100 euros par-là, et assez vite on augmente la facture de 500 euros », prévient Jérôme. Sorrell.
Autre élément indispensable : l’antivol « pour le fixer à un point fixe » ou mieux encore, une place de stationnement vélo sécurisée en ville pour une quinzaine d’euros par mois. A noter que les vélos disposent souvent d’un antivol intégré sur l’une des roues.
• Faut-il une assurance spécifique ?
Officiellement, aucune assurance complémentaire n’est obligatoire, le vélo cargo est couvert comme tout vélo par une assurance responsabilité civile.
L’assureur en ligne Leocare conseille de souscrire une assurance spéciale “qui couvre le vol et la panne de batterie, mais aussi les accessoires coûteux comme les bâches imperméables, les systèmes de rangement et les sièges enfants”.
Cette assurance peut également couvrir le dépannage, ce qui peut être intéressant pour les professionnels notamment, ou simplement avoir une assistance qui peut également venir récupérer les passagers. Par exemple, l’assurance en ligne Leocare propose une assurance casse et vol à 14,77 euros par mois pour un vélo cargo d’une valeur de 3 000 euros.
Toyota, de son côté, a développé une gamme de services plus large, car le vélo cargo est « considéré comme un véhicule classique ». « Toyota propose son assurance, son financement, avec des offres dédiées aux vélos cargo mais dupliquées du monde automobile », résume Philippe Gentil. Le constructeur propose également une séance pratique avec le vélo pour apprendre les bases de ce vélo plus lourd et plus long qu’un modèle classique, incluse dans le prix du vélo.