vendredi 20 décembre 2024 ▪
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Luc José A.
L’écosystème crypto pourrait entrer dans une phase de transformation sans précédent. Depuis des années, les marchés suivent des cycles bien établis, dictés par les mécanismes internes du bitcoin, notamment le halving, qui ponctue les périodes de hausse et de baisse. Aujourd’hui, une initiative politique majeure se dessine, susceptible de bousculer ces fondements historiques. La sénatrice américaine Cynthia Lummis a proposé le Bitcoin Reserve Act, un projet de loi qui vise à reconnaître le bitcoin comme un actif de réserve stratégique pour les États-Unis. Cette initiative, qui prévoit l’intégration progressive d’un million de bitcoins dans les réserves fédérales américaines, intervient dans un contexte de rivalités économiques et géopolitiques croissantes. Alors que des puissances comme la Russie et l’Allemagne envisagent également d’adopter des stratégies similaires, ce projet constitue un défi. Par ailleurs, les implications d’une telle approche dépassent les frontières américaines et redéfinissent le rôle du Bitcoin sur la scène internationale, ce qui lui confère un statut inédit dans l’histoire des cryptos.
La proposition audacieuse du Bitcoin Reserve Act
Le Bitcoin Reserve Act, proposé par la sénatrice Cynthia Lummis, vise à doter les États-Unis d’un cadre juridique innovant pour intégrer le bitcoin dans leurs réserves stratégiques. Ce projet de loi prévoit l’achat de 200 000 bitcoins par an sur une période de cinq ans, ce qui permettra au gouvernement américain d’accumuler au total un million de bitcoins. Une telle initiative reflète une vision ambitieuse, qui vise à faire du bitcoin un pilier des finances publiques américaines afin de consolider son statut d’actif mondialement reconnu. Iliya Kalchev, analyste chez Nexo, a qualifié cette décision de « moment historique pour Bitcoin ». Il estime qu’il pourrait formaliser sa légitimité en tant qu’« instrument financier mondial ».
Le soutien à cette proposition trouve une résonance particulière dans le camp du président élu Donald Trump, connu pour ses positions favorables à l’industrie de la cryptographie. Ainsi, lors d’un entretien avec CNBC, Trump a comparé la constitution d’un stock stratégique de bitcoin à celle des réserves pétrolières américaines, et souligne son potentiel en tant qu’actif de réserve national. Cette position a été corroborée par Denis Porter, co-fondateur du Satoshi Act Fund. Dans un post du 15 décembre 2024 sur le réseau social
Cependant, malgré cet enthousiasme apparent, des obstacles notables pourraient freiner la concrétisation du projet. Si un décret présidentiel devait poser les premières bases, la pérennité d’une telle initiative dépendrait d’un vote au Congrès. Ce passage législatif est essentiel pour protéger le programme contre d’éventuels revirements politiques, notamment lors de changements de majorité. Une telle incertitude politique illustre les défis inhérents à la mise en œuvre d’une stratégie aussi ambitieuse, dans un contexte où le bitcoin reste un sujet de débat au sein des institutions américaines.
Concurrence mondiale et bouleversement de la dynamique du marché
L’impact du Bitcoin Reserve Act pourrait s’étendre bien au-delà des frontières américaines, déclenchant un élan mondial sans précédent. Selon plusieurs experts, cette initiative pousserait les autres nations à constituer leurs propres réserves de bitcoins pour ne pas perdre leur compétitivité économique. L’avocat en cryptographie George S. Georgiades a décrit ce projet comme un catalyseur possible pour une adoption généralisée : « La mise en œuvre du Bitcoin Reserve Act entraînerait un changement majeur pour l’adoption mondiale. Cela pourrait obliger les nations à emboîter le pas ou risquer d’être laissées pour compte. Une telle concurrence internationale pourrait accélérer la transformation du bitcoin en étalon monétaire mondial, et positionnerait cette crypto comme un atout stratégique essentiel.
Ce changement aurait également de profondes conséquences sur le comportement des investisseurs institutionnels. Ainsi, contrairement aux cycles traditionnels du bitcoin, historiquement dominés par le halving et caractérisés par des périodes de forte croissance suivies de corrections brutales, une demande soutenue de la part des gouvernements et des institutions financières pourrait réduire considérablement la volatilité. Cette évolution, déjà perceptible, remettrait en cause les fameux cycles de quatre ans. «Nous assistons déjà à des changements structurels et les cycles de quatre ans ont été remis en question à plusieurs reprises», souligne Iliya Kalchev.
À plus long terme, ce bouleversement pourrait introduire une stabilité accrue sur les marchés, ce qui attirerait davantage d’investisseurs institutionnels. Ces derniers, avec leurs stratégies disciplinées et leurs capacités financières plus grandes, seraient en mesure d’influencer durablement les dynamiques actuelles. En effet, la présence renforcée des acteurs institutionnels pourrait transformer le bitcoin en un marché moins réactif aux comportements spéculatifs des particuliers, ce qui réduirait l’amplitude des fluctuations des prix. Dans ce contexte, l’adoption du Bitcoin Reserve Act ouvrirait la voie à une nouvelle ère, où le bitcoin ne serait plus seulement un actif de réserve, mais un véritable pilier des systèmes financiers mondiaux.
L’adoption du Bitcoin Reserve Act pourrait constituer une étape historique dans la manière dont les gouvernements envisagent les cryptos, ce qui redéfinirait le rôle du bitcoin sur la scène internationale. Cette initiative pourrait transformer la crypto en un actif stratégique essentiel, en vue d’influencer durablement la dynamique des marchés financiers. Toutefois, cette vision audacieuse n’est pas sans risques. Une volatilité accrue pourrait s’installer à court terme, le - qu’un nouvel équilibre s’établisse.
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Luc José A.
Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d’une certification de consultant blockchain délivrée par Alyra, j’ai rejoint l’aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l’économie, j’ai pris l’engagement de sensibiliser et d’informer le grand public. public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu’elle offre. Je m’efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l’actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en cours.