Accablé par sa dette, le britannique Thames Water parie sur son avenir

Accablé par sa dette, le britannique Thames Water parie sur son avenir
Accablé par sa dette, le britannique Thames Water parie sur son avenir

Keystone-SDA

Le gendarme britannique de l’eau a douché jeudi les attentes du plus grand distributeur du Royaume-Uni, Thames Water, dont la situation financière catastrophique fait craindre un sauvetage par l’Etat. Les hausses de prix seront en effet bien plus modestes qu’espérées.

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19 décembre 2024 – 10h29

(Keystone-ATS) Le régulateur de l’eau (Ofwat) a autorisé une augmentation des factures moyennes de 35% d’ici 2030, à 588 livres (667 francs), très loin de l’augmentation de 59% exigée par l’entreprise pour investir massivement et moderniser ses anciennes infrastructures.

Par ailleurs, l’Ofwat lui a infligé jeudi une amende de 18 millions de livres (20,4 millions de francs) pour avoir versé des « dividendes injustifiés » malgré de mauvaises performances.

“C’est un avertissement clair pour l’ensemble du secteur : nous prendrons des mesures contre les entreprises qui dépensent de l’argent alors que leurs performances ne le méritent pas”, a prévenu le directeur général du régulateur, David Black, dans un communiqué. .

La hausse des prix accordée à Thames Water est en ligne avec la hausse moyenne annoncée jeudi pour l’ensemble des sociétés d’eau et d’assainissement du pays (+36%) qui, espère Ofwat, permettra un investissement global de 104 milliards de livres (118 milliards de francs). dans le pays d’ici 2030 « pour accélérer » le nettoyage de la mer et des rivières.

Les compagnies des eaux britanniques, privatisées depuis 1989, sont critiquées depuis plusieurs années pour avoir déversé d’importantes quantités d’eaux usées dans les rivières et les mers, en raison d’un sous-investissement dans un système d’approvisionnement en eau. des égouts qui datent en grande partie de l’époque victorienne.

montagne de dettes

Thames Water, contactée par l’AFP, n’a pas immédiatement réagi jeudi matin. Mais l’entreprise a jugé en août que les augmentations de prix demandées n’étaient pas excessives et ne feraient que « compenser des années de factures faibles ».

La décision d’Ofwat est susceptible d’appel.

Croulant sous une montagne de dettes – près de 16 milliards de livres accumulées depuis sa privatisation – la compagnie des eaux de la région de Londres a prévenu mardi qu’en raison du manque de financement, elle serait à court de liquidités d’ici mars prochain.

Dans le même -, elle espère voir une dette supplémentaire de 3 milliards de livres approuvée par la justice début février, ce qui lui donnerait un peu de répit… mais alourdirait un peu sa dette.

Une telle solution ne serait de toute façon que temporaire. Le juge William Trower, en charge de l’affaire, l’a qualifié de « financement de transition en attendant une restructuration plus substantielle » lors d’une audience à Londres mardi.

L’entreprise, désormais détenue par un consortium d’actionnaires, principalement un fonds de pension canadien et britannique, espère faire l’objet d’offres de rachat dans les prochaines semaines.

Le fonds d’investissement Covalis Capital a par exemple déjà mis sur la table une offre indicative d’environ 1 milliard de livres, en partenariat avec le géant français de l’eau Suez dans un rôle consultatif.

Mais les investisseurs potentiels attendaient jeudi la décision de l’Ofwat, décisive pour le financement de l’entreprise dans les années à venir, avant de se décider.

Bon rapport qualité/prix

Ofwat estime avoir trouvé le bon équilibre, avec une hausse des factures ni trop élevée ni trop faible pour les consommateurs – ce qui serait de nature à décourager les investisseurs privés potentiels – selon son patron David Black.

L’enjeu est de taille, car si Thames Water, entreprise aux 16 millions de clients, ne parvient pas à trouver les financements dont elle a besoin, elle fera appel à l’aide de l’État.

Le résultat est un sauvetage public potentiellement ruineux, qui constituerait une épine dans le pied du gouvernement travailliste et alourdirait des finances publiques déjà tendues.

Les actionnaires successifs de l’entreprise sont régulièrement accusés d’avoir utilisé l’endettement pour se verser de généreux dividendes, au détriment des investissements nécessaires. Le mécontentement a été encore alimenté au début du mois par la décision de l’entreprise d’augmenter les primes de ses dirigeants.

“Les citoyens ont raison d’être en colère”, a répondu jeudi le ministre travailliste de l’Environnement, Steve Reed, assurant que le gouvernement veillera à ce que “l’argent destiné à l’investissement ne puisse jamais être détourné vers des bonus ou des paiements aux actionnaires”.

 
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