Deux géants japonais se sont engagés à investir jusqu’à 500 millions dans le projet de mine de fer près de Fermont, un grand pas de plus vers un projet aux retombées économiques potentielles majeures.
Champion Iron, qui exploite notamment la mine Bloom Lake sur la Côte-Nord, a annoncé mercredi cette avancée cruciale dans le projet Kamistiatusset (Kami), un projet de mine à ciel ouvert dans le sud-ouest de Terre-Neuve-et-Labrador, près de la frontière est du Québec.
La société a signé un accord avec deux leaders de l’industrie minière japonaise, Nippon Steel et Sojitz, qui apporteront dans un premier - 245 millions de dollars, pour une participation de 49 % dans le projet.
La nouvelle mine aurait une durée de vie de 25 ans et son coût de construction a été estimé à près de 4 milliards de dollars dans une étude de préfaisabilité. Il produirait chaque année 9 millions de tonnes métriques humides de minerai de fer de qualité réduction directe, un concentré hautement purifié dont l’exploitation émet moins de quantités de CO.2.
Un deuxième investissement de Nippon Steel et Sojitz pourrait suivre, si la construction de la mine se poursuit, portant la contribution des géants japonais à 490 millions de dollars avant même que Champion ne soit obligé de financer le projet.
Selon David Cataford, PDG de Champion, le projet s’inscrit dans la décision des gouvernements du Québec et du Canada de classer le minerai de fer comme minéral critique. Le Québec considère ces minéraux essentiels à la fabrication de plusieurs technologies de production et de stockage d’énergies renouvelables réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
« De l’argent neuf » dans la région
L’intérêt des partenaires japonais pour le projet Kami n’est pas surprenant aux yeux de Pierre Gagnon, président-directeur général du Port de Sept-Îles, dont Champion est l’un des principaux partenaires. «Les propriétés du minerai que nous avons dans le Bouclier canadien sont vraiment recherchées, car elles contiennent très peu de contaminants, et nous pouvons les enrichir au plus haut niveau pour permettre la plus grande efficacité possible dans la production d’acier», dit-il.
L’investissement de Nippon Steel et Sojitz dans le projet constitue « un beau pont commercial » entre le Québec et le Japon, selon Pierre Gagnon. « Côté port, nous disposons des infrastructures pour répondre à la demande, et nous sommes très heureux d’avoir Champion pour cette association avec des alliés véritablement stratégiques », ajoute-t-il.
Pierre Gagnon affirme que Champion est en bonne position pour exploiter les propriétés minières Kami, situées à seulement une vingtaine de kilomètres des installations du Lac Bloom.
Directeur du développement économique de Port-Cartier, Bernard Gauthier a également salué cet investissement. «C’est de l’argent frais qui arrive dans notre économie», a-t-il commenté. C’est une bonne nouvelle pour la région et, entre autres, pour Champion. »
David Cataford, PDG de Champion, a célébré la nouvelle dans un communiqué, affirmant que le projet pourrait « fournir un accès à l’énergie renouvelable pendant des décennies dans la région » s’il se concrétise. « Kami pourrait générer une croissance économique significative dans l’ouest du Labrador et représente une opportunité de contribuer à la décarbonisation de l’industrie sidérurgique mondiale », a-t-il ajouté.
Un investissement en deux étapes
Champion devra franchir quelques étapes avant d’obtenir un deuxième investissement de Nippon Steel et Sojitz. Les partenaires devront d’abord réaliser une évaluation définitive de la faisabilité du projet, qui devrait être finalisée d’ici mi-2026.
Le projet peut alors avancer vers une décision finale d’investissement. La durée de construction du projet est estimée à 48 mois après la prise d’une décision finale d’investissement.
Le cas échéant, Champion et ses partenaires japonais partageront les coûts de développement et de construction de Kami au prorata de leurs contributions respectives. Suite à la clôture de la transaction, Champion détiendra une participation de 51 % dans le projet, tandis que Nippon et Sojitz détiendront des participations respectives de 30 % et 19 %.
Champion restera responsable de l’exploitation du projet, notamment en assurant le développement potentiel et les opérations futures du projet.