Voici comment les stations de ski du Québec pourraient bénéficier des changements climatiques

Voici comment les stations de ski du Québec pourraient bénéficier des changements climatiques
Voici comment les stations de ski du Québec pourraient bénéficier des changements climatiques

Avec la hausse des températures, la pluie et les épisodes de gel-dégel en hiver, les stations de ski doivent redoubler d’efforts pour offrir de bonnes conditions. Ce travail pourrait toutefois s’avérer payant : la position géographique du Québec offre des avantages économiques pour attirer la clientèle, jugent les experts. Mais comment pouvons-nous nous adapter pour tirer le meilleur parti du changement climatique ?

À Ski Saint-Bruno, 80 % de la neige qui recouvre le domaine skiable durant la saison est « artificielle ».

« Depuis le début de l’année, notre montagne est recouverte presque exclusivement de neige artificielle. On commence à ouvrir les canons lorsque le mercure est sous zéro, que l’humidité n’est pas trop élevée et qu’il y a peu de rafales», explique la vice-présidente au développement, ventes et marketing et nouvelle copropriétaire de la station, Stéphanie Grenier.

Si tout se passe bien, après le - doux et pluvieux des derniers jours, les canons pourront repartir jeudi après-midi, dès que la température le permettra.

«On s’attend à ce que les conditions soient bonnes pour Noël», rapporte Mme Grenier.

Plus d’investissements pour s’adapter

La neige artificielle, c’est bien beau, mais l’industrie du ski alpin devra redoubler d’efforts pour maintenir ses activités.

D’ici 2070, la durée d’enneigement pourrait en effet diminuer d’une vingtaine de jours, raccourcissant ainsi la saison de ski de près de 17 jours, selon une récente étude Ouranos commandée par l’Association des stations de ski du Québec. (ASSQ).

Pour Ski Saint-Bruno, une des solutions réside dans les toiles isolantes, qui « abritent » la neige une fois la montagne fermée en soirée.

« C’est un projet pilote. Nous recouvrons des portions de pistes ou de gros tas de neige artificielle qui se conserve plus facilement lorsqu’elle n’est pas épandue. On a tiré avec nos canons tout le week-end dernier, donc on a posé des toiles sur les gros monticules de neige accumulée», explique Stéphanie Grenier, qui précise que la neige artificielle fond moins vite que la neige naturelle.

La station serait la seule au Québec à tester cette technologie.

« Cela fait longtemps que nous nous adaptons aux changements climatiques », explique Christian Dufour, directeur marketing de Sommets.

« Au cours des cinq dernières années, nous avons continué à investir dans notre système d’enneigement artificiel pour améliorer son efficacité grâce à une meilleure utilisation de l’eau et de l’énergie », dit-il. Nous veillons également à ce que le terrain soit beau, lisse, sans arbustes ni rochers. Plus le sol est prêt à accueillir la neige, moins nous aurons besoin de fournir de bonnes conditions. »

Saisir les opportunités

La semaine dernière, l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) présentait, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, la toute première conférence « Météo et tourisme : alertes en vigueur » au Manoir Saint-Sauveur.

L’objectif : proposer des solutions aux stations de ski pour renforcer leur résilience au changement climatique.

Un soutien financier de 1 million de dollars du gouvernement du Québec a également été annoncé au même moment pour soutenir leurs efforts.

« Il faut continuer à s’adapter même si le modèle d’affaires québécois fonctionne bien, pour le moment. Nous serons affectés climatiquement, mais le rapport Ouranos indique que l’hiver et le ski sont là pour rester», assure le président-directeur général de l’ASSQ, Yves Juneau.

La position géographique du Québec offrirait même des avantages concurrentiels pour attirer la clientèle vers les montagnes de la province, tandis que les régions plus au sud connaîtraient encore plus d’aléas climatiques.

« Ce sont des opportunités qu’il faut saisir pour attirer davantage d’Américains et d’Ontariens dans nos stations, d’autant plus que le taux de change nous est favorable », a déclaré le PDG de l’ASSQ.

Stéphanie Grenier de Ski Saint-Bruno rappelle qu’il est plus intéressant de skier à -2°C qu’à -30°C.

Un secteur payant

Le secteur du ski alpin occupe une place majeure dans le tourisme québécois, rappelle le récent rapport du consortium Ouranos. Il contribue « de manière significative » à l’économie régionale, avec 6,4 % du PIB touristique et 866 millions de dollars de retombées économiques pour l’année 2019.

« Le Sommet Saint-Sauveur supporte tous les coûts de la station, mais tous les commerces environnants en profitent. C’est dans notre intérêt d’investir pour que le restaurant soit plus fréquenté ou que Pascal le boulanger vende plus de croissants», illustre M. Juneau.

Avec des mesures d’adaptation efficaces, les centres de villégiature de la province pourraient générer davantage de revenus dans les années à venir, selon lui.

Ouranos prévoit néanmoins une réduction du trafic de 2 à 6 % en raison des précipitations liquides.

« Lorsqu’on prévoit de la pluie, on constate immédiatement une baisse de notre achalandage, mais il est important de rappeler que nous sommes efficaces pour ramener de bonnes conditions les jours suivants », mentionne Christian Dufour du Sommet Saint-Sauveur.

 
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