Dans son projet, le Conseil fédéral a alloué des ressources plus importantes à l’amélioration des structures agricoles (+ 86 millions de francs), ainsi qu’à la sélection de cultures et de variétés résistantes aux maladies et à la protection durable des plantes (+ 24 millions de francs). Ces fonds sont compensés par les paiements directs (-92 millions) et le domaine « production et vente » (-18 millions).
Le montant total est inférieur de 1,4%, soit de 230 millions, à celui prévu pour la période actuelle 2022-2025. Cet écart s’explique par les réductions prévues par le gouvernement dans le cadre du budget 2025, a rappelé le ministre de l’Économie Guy Parmelin.
“Il est injuste de réduire les salaires des paysans”
Mais le Conseil national ne voit pas les choses de la même manière. « Contrairement à d’autres secteurs, les fonds agricoles sont stables depuis une vingtaine d’années, voire en baisse. Il n’est en aucun cas responsable de l’augmentation des dépenses fédérales. Il est donc injuste de réduire les salaires des agriculteurs», a argumenté Manuel Strupler (UDC/TG).
“Il est inacceptable que l’agriculture soit le seul secteur à être pénalisé”, a lancé Sydney Kamerzin (C/VS) au nom de la commission de l’Economie. Par 187 voix contre 2, le Conseil national a augmenté l’enveloppe totale destinée à l’agriculture de 361 millions.
Pour la majorité, réduire les paiements directs et promouvoir la production et les ventes serait irresponsable compte tenu de la situation actuelle. Les revenus agricoles actuels sont déjà insuffisants et les besoins de production ont augmenté, a rappelé Sydney Kamerzin. “C’est un problème que nous ne pouvons pas ignorer”, a ajouté Beat Walti (PLR/ZH).
Plus d’argent pour la promotion…
Contre l’avis du PLR, de la gauche et du PVL, les députés ont donc décidé d’augmenter le plafond des dépenses pour la promotion de la production et des ventes de 100 millions de francs, pour un total de 2,239 milliards. “Ce n’est pas le moment de réduire la promotion de nos produits qui doivent faire face à la pression des importations”, a ajouté Sydney Kamerzin.
La gauche aurait souhaité abaisser ce plafond en supprimant 30 millions de francs dans le tabac et la betterave sucrière ou 61,6 millions de francs en supprimant la promotion des ventes de vin, de viande et d’œufs. Pour Irène Kälin (Vert·e·s/AG), promouvoir en trop grande quantité un produit mauvais pour la santé est un paradoxe. Et Laurence Fehlmann Rielle (PS/GE) a rappelé que l’excès de sucre est un problème de santé publique.
Pour Pius Kaufmann (C/LU), la promotion des produits suisses est importante pour la Suisse. La population aura tendance à les acheter. “C’est mieux pour la durabilité, c’est mieux que d’importer.”
…Et pour les paiements directs
Les députés ont également décidé par 126 voix contre 62 une augmentation de 261 millions pour le paiement des paiements directs par rapport à la proposition du Conseil fédéral. Soit un montant total de 11,249 milliards de francs.
Pour Samuel Bendahan (PS/VD), «le système actuel ne soutient malheureusement pas les agriculteurs qui se battent pour nourrir les Suisses, mais les fabricants de tracteurs et de pesticides et la grande distribution». Augmenter le budget agricole ne change rien au problème.
Le PS, le PVL et le PLR ont vainement défendu la version du Conseil fédéral en évoquant la situation financière de la Confédération. Selon Jacqueline Badran (PS/ZH), la réduction proposée est supportable pour l’agriculture. Et de rappeler que la majorité du Parlement a coupé « sans problème » les fonds destinés à la coopération internationale.
Tout le monde doit contribuer à stabiliser les finances fédérales, a déclaré Corina Gredig (PVL/ZH). “La question est de savoir qui doit souffrir pour assurer les moyens financiers de l’armée”, a-t-elle répondu à l’UDC. A terme, ces zones continueraient à bénéficier des mêmes ressources financières qu’actuellement.
Enfin, le National a tacitement adopté une motion modifiée par le Conseil des Etats visant à soulager les familles paysannes notamment en supprimant les réglementations inutiles ou dépassées.