Ce processus, poursuit Jouahri, a fait l’objet d’une large concertation avec les institutions nationales et internationales ainsi qu’avec les acteurs économiques concernés. « Nous avons impliqué toutes les parties prenantes pour développer ce cadre. « C’est une approche qui permet d’assurer une adoption optimale et de minimiser les zones grises », note-t-il. Le Royaume se positionne ainsi parmi les premiers pays en développement à proposer une régulation claire et complète des crypto-actifs. Cette approche permettra au pays de se préparer aux défis économiques et financiers posés par la crise. numérisation systèmes monétaires.
Assouplissement monétaire : les banques jouent le jeu !
Selon lui, ces recommandations de la Banque centrale ont été mises en œuvre. La preuve, avance Jouahri, c’est que les 150 points de base de hausses cumulées n’ont pas été intégralement répercutés sur les clients en termes de tarifs. Les données montrent, selon lui, que seulement 122 points de base sur les 150 auront été appliqués par le secteur bancaire. Pour cette nouvelle baisse du taux directeur, il faut qu’elle s’inscrive dans cette même configuration, c’est-à-dire que les banques doivent procéder à une baisse quasi générale des taux proposés aux clients, qu’ils soient particuliers ou entreprises. Cela aura le mérite de donner un véritable coup d’accélérateur aux investissements et donc à la croissance. Interrogé sur la possibilité d’une potentielle baisse du taux directeur en 2025, Jouahri a précisé que ce type de décision relève de la responsabilité du Conseil de la Banque qui analyse et évalue régulièrement les données liées à l’inflation et fonde ses décisions sur cette base. . Ainsi, estime Jouahri, il est difficile de prédire de telles décisions, tant qu’elles sont étroitement liées à l’évolution de plusieurs indicateurs, dont la croissance économique, les crédits bancaires, l’inflation, les finances publiques… Bref, toutes les données qui pèsent sur les équilibres macroéconomiques. . Si la tendance observée impose un assouplissement du taux directeur, le Conseil procède à cet assouplissement. Mais la crainte du gouverneur du BAM est que l’inflation recommence à augmenter. « Par exemple, la nouvelle administration américaine a une seule devise : l’Amérique d’abord. De même, cette administration entend augmenter le imposition Produits chinois sur le marché américain. Et la même décision est envisagée pour Produits européens. Toutes ces données ont un impact sur nous, c’est sûr ! », prévient Jouahri.
Directive européenne sur l’activité relais des banques étrangères : le Maroc défend ses MRE
Le Wali a également rappelé que ses services travaillent depuis plusieurs mois sur la nouvelle directive de l’Union européenne relative à l’activité de relais des banques marocaines en Europe. “C’est un vrai problème !”, affirme Jouahri, qui affirme que des négociations sont menées avec différentes banques centrales des pays de l’UE, notamment celles d’Espagne et de France, pour que les mouvements financiers des MRE ne soient pas affectés par la directive ou ses interprétation. Autre exemple cité par le gouverneur de BAM, les tensions en Syrie. « Qui aurait cru que les problèmes politiques en Syrie allaient refaire surface ? Aujourd’hui, c’est un fait acquis dans un contexte international porteur d’incertitudes et marqué par une redistribution des équilibres au niveau mondial », estime Jouahri.
Prévisions économiques : BAM révise ses modèles
En abordant le sujet des différences de prévisions de croissance à l’horizon 2025 entre l’Exécutif et la Banque centrale, le Wali de la Banque centrale estime que les prévisions du gouvernement, ainsi que celles de l’Institut d’émission, reposent sur des hypothèses. A ses yeux, cette logique est nécessaire. « Les hypothèses construites sont faites pour être révisées au fur et à mesure. Par exemple, pour les prévisions de récolte agricole, l’hypothèse du gouvernement se construit autour des prévisions fournies par le ministère de l’Agriculture qui peut certes compter sur un rendement agricole moyen, mais si le ciel s’avère par la suite plus clément, les données changent et les décisions sont réajustées en conséquence», explique le gouverneur de la Banque centrale qui précise au passage que l’établissement de prévisions ne constitue pas un exercice scientifique pur et dur même si ce processus s’appuie sur des modèles de calculs. Ces dernières, ajoute Jouahri, font également l’objet d’un travail d’actualisation entrepris par la Banque centrale à la lumière des crises que connaît le Royaume depuis 2008. L’objectif étant d’affiner au mieux les prévisions du secteur bancaire dans le futur.
Régime de change : les réunions de travail vont s’intensifier
Au sujet de la réforme du régime de change, Jouahri prône une nouvelle fois la « prudence ! », tout en affirmant avoir sensibilisé les différentes institutions partenaires de ce projet, notamment le FMI, au fait d’intensifier le rythme des travaux communs. rencontres dans la perspective d’être bien au courant de « leurs chiffres » et surtout de l’évolution de leurs données sur le Maroc. «Cela est susceptible de nous permettre de mieux comprendre leurs analyses et de prendre les décisions les plus appropriées en conséquence», soutient le gouverneur de la Banque. Les retours de ces institutions auront été positifs selon le Wali, puisqu’un bon nombre de ces institutions ont réagi favorablement à cette demande de la Banque Centrale. Ainsi, révèle Jouahri, un calendrier de rencontres est en cours d’élaboration en fonction de ces problématiques. Le gouverneur de BAM assure également que toute nouvelle décision dans le processus de réforme du régime de change devra être dûment étudiée et analysée sur la base de données précises et affinées avec tous les partenaires de ce projet stratégique.
Hausse du chômage : la croissance, une panacée incontournable !
Réagissant aux chiffres sur la hausse du taux de chômage au Maroc fournis très récemment par le Haut-Commissaire au Plan, Chakib Benmoussa, à la suite du recensement général de la population qui a révélé que ce taux a atteint 21,3% contre 16,2% en 2014, Jouahri indique que BAM s’appuie principalement sur les chiffres du HCP concernant le chômage et, à ce titre, la Banque centrale ne dispose pas d’autres données avec lesquelles faire une comparaison. Le gouverneur a toutefois souligné qu’il n’existe pas 36 mille solutions au problème du chômage. Selon lui, pour pouvoir véritablement résoudre ce problème, il faudra s’orienter vers une croissance économique plus solide, accompagnée d’une bonne répartition des richesses. «Nous n’avons pas le choix. Les secteurs public et privé doivent réellement concentrer leurs efforts sur le développement », résume Jouahri. Cela dit, ajoute-t-il, les secteurs non agricoles montrent des signes positifs dans le sens où ils renouent avec la croissance en empruntant des trajectoires oscillant entre 4 et 5%. Et c’est de là que viendra la solution au problème de l’emploi, insiste le chef de la Banque centrale.
Marché secondaire des créances douteuses : Les investisseurs salivent déjà !
Abordant le sujet du marché secondaire des dettes impayées, le Wali de BAM a fait état de l’existence d’un fort appétit pour le marché secondaire des dettes impayées, suite à la première opération réussie de titrisation de 400 millions de dirhams, réalisée par une banque marocaine. Pour Jouahri, cette dynamique doit permettre de structurer et de dynamiser le marché des dettes non performantes, grâce à un cadre juridique désormais finalisé. Ce dernier, actuellement en cours d’adoption, passera par plusieurs étapes avant d’entrer en vigueur, avec une consultation publique et un processus d’adoption gouvernemental et parlementaire. « Le marché secondaire des impayés représente un levier majeur pour renforcer la solvabilité des banques et soutenir l’économie nationale. En permettant une gestion active des dettes non performantes, ce marché contribuera à rationaliser les bilans des institutions financières et à améliorer leur capacité d’intervention », conclut Jouahri.
Sortie du Trésor à l’international : le Maroc réajuste son calendrier
Interrogé sur le calendrier de la prochaine sortie du Maroc sur les marchés financiers internationaux, le Wali de BAM a jugé qu’elle devrait avoir lieu au cours du premier trimestre 2025. Cette opération, initialement prévue pour fin 2024, a été reportée afin de garantir davantage conditions favorables. Pour Jouahri, un bon timing est essentiel, non seulement pour assurer des conditions de taux optimales mais aussi pour préserver la réputation du Maroc auprès des investisseurs étrangers. “Il faut assurer une souscription optimale et déterminer si l’on peut opter pour des maturités longues ou moyennes”, précise le gouverneur de la Banque centrale qui indique que la décision finale revient au ministère de l’Économie et des Finances, avec qui la Banque collabore étroitement, et est basé sur une analyse approfondie des évolutions des marchés internationaux.
En boîte
Croissance : ce que prévoit BAM pour 2025 et 2026
La Banque centrale s’attend à ce que la croissance économique soit limitée à 2,6% cette année, après 3,4% en 2023, mais s’accélère à 3,9% au cours des deux prochaines années, selon ses projections. Dans le détail, l’Issuance Institute prévoit une quasi-stabilité de la croissance non agricole autour de 3,5% en 2024, avant une amélioration à 3,6% en 2025 et 3,9% en 2026. Pour sa part, la valeur ajoutée agricole, pâtit de la conjoncture défavorable. les conditions climatiques qui ont prévalu lors de la campagne précédente, accuseraient une baisse de 4,6% en 2024, avant d’afficher, sous l’hypothèse de récoltes céréalières de 50 millions de quintaux équivalent à la moyenne des 5 dernières années, soit des augmentations de 5,7% en 2025 et de 3,6% en 2026.