Du 4 au 8 décembre, Rennes vibrera à nouveau sous l’énergie du 46ème édition des Trans Musicales. Un festival qui a encore une fois prouvé son amour pour l’éclectisme avec plus de 80 artistes à l’affiche, venus de 40 pays différents.
Entre deux galettes de saucisses, une bruine incessante et 3 rafales de vent pour agrémenter les casques de bière de certains festivaliers, j’ai pris quelques petites claques aux Trans Musicales. En vrac et en désordre, favori pour Déf Mère Défle groupe sénégalais mené par la passion (et la grâce) de Mamy Victory et Defa, 2 étoiles montantes du hip-hop made in Dakar. En wolof defmaa maadef moyens karma. Ils ont pris d’assaut le Hall 8, arrivant dans des combinaisons panthère moulantes, des soutiens-gorge en cuir et des chaînes accrochées aux hanches. Puissance vocale et twerk à soutenir, chaleur assurée.
J’ai fondu sous la voix envoûtante et le sex-appeal de Bébé Ali (Baba Doherty dansant sur le sol tel un serpent enchantant son charme et les riffs bruts et flashy du guitariste Nik Balchin). J’ai chanté très fort et 18 fois « les arnaqueurs du boulevard des revendeurs (citation) dans une impasse » avec une foule enthousiaste devant Kaba et Hyas. Avoir l’air chic dans un mini short déchiré glissé sous un maillot violet des Denver Nuggets et des chaussures de boxe, c’était Anna F. leader, guitariste et chanteuse du quatuor de rock féminin germano-anglo-autrichien Friedberg. Très belle découverte.
Mention spéciale à Renaissance de l’âme de Saigonun groupe de jazz originaire d’Ho Chi Minh Ville qui fait revivre l’âge d’or de la musique pop vietnamienne mêlée aux sonorités occidentales d’avant 1975 (époque où la ville s’appelait encore Saigon). Comment rater les divas Les reines Zawosedeux chanteurs tanzaniens qui portent sur scène les polyrythmies et polyphonies spirituelles et dansantes du peuple Wagogo héritées de leur père et grand-père ?
Et puis l’OVNI Gilda ce qui aura créé une scission tant elle est singulière. Le chanteur franco-brésilien fait de la musique comme de la cuisine. N’importe quel accessoire peut alors résonner et devenir prétexte à un son ou à une mélodie. Gilda est une vieille femme qui a perdu la mémoire, enfermée dans le corps d’une petite fille et propulsée vers une planète inconnue. Finalement je termine en beauté avec la fanfare hollandaise Rue de la Potenceune hydre à 8 têtes qui mêle cuivres insolents, batterie endiablée et musique électro.
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Ah ! En fait, un dernier clin d’œil à Enjiun chanteur d’Oulan-Bator qui fait vivre le jazz et la musique traditionnelle mongole. Un mélange atypique qui crée une œuvre gracieuse, élégante et légère. La pluie, le froid, le vent, la navette, les espaces pipi, les files d’attente incommensurables ont un impact saveur tout autre chose quand il reste une image, un rythme, une mélodie sur le chemin, dont on sait qu’ils resteront gravés. Se dire « j’y étais !!! ». Merci Jean-Louis (Brossard, patron de Trans) et rendez-vous en 2025 pour le 47ème ! Je laisse mon K-way, mes mitaines, mon bonnet à pompons et mes bottes de danse en caoutchouc dormir au fond d’un tiroir et je les ressortirai vite dans un an !
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Émilie Blon-Metzinger