Au Maroc, l’essor de la pratique du sport en entreprise en vue de promouvoir le bien-être dans le milieu professionnel devient un outil de rayonnement pour le rayonnement du pays à travers le continent africain. Cependant, son plein potentiel n’est pas atteint, en raison des limites institutionnelles et de l’absence de certains acteurs dans le développement de ces activités, principalement gérées par les entreprises.
Ces dernières années, le sport au travail suscite un intérêt croissant, tant de la part des entreprises que du monde universitaire ; De nombreuses recherches se sont également concentrées sur les pratiques managériales liées au sport.
La Marocaine des jeux et des sports (MDJS) et la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), convaincues des bienfaits du sport sur le bien-être physique et mental des salariés, ont créé en avril 2019, l’Association pour la Promotion du sport en affaires au Maroc (APSEM). Cette initiative a donné lieu à l’organisation du premier forum africain sur le sport d’entreprise qui s’est tenu à Casablanca en septembre 2022. Début 2024, la Fédération marocaine des professionnels du sport (FMPS) a lancé le label « entreprise du sport », destiné à valoriser les activités sportives marocaines. entreprises en intégrant le sport dans leur stratégie organisationnelle. L’activité sportive stimulerait à la fois le bien-être des salariés ainsi que leur capacité à travailler.
Mais comment ces initiatives s’intègrent-elles dans un écosystème commercial global ? Peuvent-ils devenir un moteur de transformation économique et sociale au Maroc ? Et comment le pays pourrait-il, grâce à cette initiative, accroître son influence sur le continent ?
La portée mondiale des activités physiques en milieu de travail
Les programmes d’activité physique en entreprise représentent une stratégie prometteuse pour améliorer la santé des employés et la performance organisationnelle. Face à l’augmentation mondiale des maladies liées à la sédentarité, comme l’obésité et les troubles musculo-squelettiques, ces initiatives ont l’avantage de réduire les comportements sédentaires et de booster la productivité.
Des études (Brinkley et al., 2016 ; Dabkowski et al., 2023 ; Zhu et al., 2019) soulignent l’effet positif des environnements de travail adaptés à la réduction des modes de vie sédentaires – comme les bureaux assis. pauses debout ou pour faire de l’exercice – lorsqu’elles sont accompagnées de politiques organisationnelles appropriées. Toutefois, des obstacles persistent, notamment en termes de financement et d’accompagnement des salariés. Parmi les obstacles identifiés figurent le manque de motivation, l’insuffisance d’équipement, la charge de travail et d’un plus fort manque de -. De plus, les résultats varient selon plusieurs paramètres, tels que le profil des employés, la taille des organisations participantes, les types d’activités offertes et les ressources disponibles. Ces variations mettent en évidence la nécessité d’adapter les programmes aux réalités locales pour maximiser leur efficacité.
Contexte marocain
Le Maroc connaît une augmentation alarmante de l’obésité, comme le révèlent des rapports Atlas mondial de l’obésité 2023 et ceux de 2024. D’ici 2035, 46% des adultes marocains seront obèses, avec une augmentation annuelle de 2,7% depuis 2020. L’obésité infantile connaît une croissance encore plus rapide avec une augmentation de 5,2% par an. En 2016, 26,2% des adultes et 87,3% des jeunes pratiquaient une activité physique insuffisante.
Sur le plan économique, le rapport Atlas mondial de l’obésité 2023 estime que le surpoids coûtera 7,3 milliards de dollars en 2035, soit environ 3,8 % du PIB du Maroc, en raison des coûts de santé et des pertes liées à l’absentéisme, au présentéisme et aux décès prématurés. Cette situation appelle d’urgence des politiques de prévention combinant mesures de sensibilisation, régulation alimentaire et promotion de l’activité physique, notamment à travers des initiatives comme le sport au travail.
Une tendance facilitée par les outils institutionnels
Créée en avril 2019, l’APSEM précitée encourage la pratique d’activités physiques en milieu professionnel. Ses principales missions incluent l’organisation d’événements sportifs en entreprise et la sensibilisation aux bienfaits du sport au travail. L’association a également élaboré une charte pour encadrer ces pratiques et lancé un site Internet pour faciliter l’adhésion des entreprises.
Par ailleurs, en 2024, la Fédération Marocaine des Professionnels du Sport a lancé le label « Société du Sport » pour favoriser l’intégration du sport dans la culture d’entreprise au Maroc. Elle valorise les entreprises engagées dans le développement des activités physiques auprès de leurs salariés et renforce leur attractivité sur le marché du travail, en positionnant ces entreprises comme des références en matière de pratiques managériales responsables.
Ce label repose sur des critères tels que l’organisation d’événements sportifs, la mise à disposition d’infrastructures adaptées et le déploiement de campagnes de sensibilisation. Les entreprises labellisées déboursent une somme de 7 000 dirhams (environ 700 euros) pour pouvoir l’utiliser. Pour sa première édition, 14 entreprises de secteurs variés – finance, technologie, santé, énergie et loisirs – se sont distinguées, parmi lesquelles Axa Assurance, Capgemini, Intelcia et TotalEnergies.
L’événement des Jeux sportifs marocains d’entreprise (JMSE) s’est imposé, en trois ans, comme un rendez-vous annuel majeur au Maroc. En juin 2024, leur troisième édition a réuni plus de 2 000 salariés de 80 entreprises aux horizons professionnels et géographiques variés. Pendant trois jours, les participants se sont affrontés dans 13 disciplines sportives. Plus qu’un simple événement, les JMSE sont devenus une vitrine pour les entreprises, pour promouvoir leur engagement en faveur du bien-être de leurs salariés et de leur image d’employeur.
Un nouvel outil de soft power marocain en Afrique
Le Maroc renforce sa diplomatie en intégrant le sport dans des initiatives innovantes, comme le premier African Business Sport Forum organisé en 2022. Cet événement inédit à l’échelle du continent a réuni décideurs publics et entreprises. Il montre les efforts de Rabat dans la promotion de l’activité physique dans le milieu professionnel et affirme également le rôle du sport comme levier d’un écosystème managérial innovant.
Ce forum incarne l’ambition marocaine de devenir un acteur régional incontournable dans la promotion du bien-être en entreprise. Inspiré par le rôle global du sport comme outil de diplomatie et d’influence internationale, cet engagement s’inscrit dans une stratégie plus large, illustrée par l’organisation de la CAN 2025 et la co-organisation de la Coupe du monde 2030. Le Maroc s’approprie ainsi pleinement le sport comme outil d’influence sur la scène internationale, notamment à l’échelle de l’Afrique.
Défis et perspectives
Malgré des progrès significatifs, notamment à travers les entreprises labellisées « Société du sport », la promotion des activités physiques dans le milieu professionnel au Maroc reste principalement portée par les multinationales et les grandes entreprises qui concentrent des ressources importantes. Cela laisse de côté une grande partie du tissu économique marocain, notamment les très petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que les structures publiques. Il est donc crucial d’élargir cette initiative en proposant des solutions accessibles à ces acteurs.
Par ailleurs, pour optimiser l’impact de ces programmes, la recherche scientifique devrait être encouragée sur les effets des activités physiques sur le lieu de travail au Maroc. Des données nationales permettraient d’évaluer concrètement leurs bénéfices sur la santé, la productivité et la compétitivité des entreprises, tout en orientant les politiques publiques en vue de mobiliser davantage d’autres acteurs économiques, encore exclus de ce secteur en plein essor.