Dans un communiqué publié sur son site internet – et partagé sur
Que se passe-t-il ici ? Pour l’instant, les médias québécois semblent avoir pris peu de position publiquement à l’idée de quitter X, alors que certains grands médias européens et américains ont déjà annoncé leur retrait dans la foulée du changement de direction. Des publications françaises comme Ouest-France et Sud-Ouest, et d’autres comme Le Gardien (Angleterre), L’actualité du jour (Suède), L’avant-garde (Espagne), ainsi que la radio publique américaine NPR qui avait déjà fermé son compte en avril 2023 après avoir été faussement qualifiée de « média affilié à l’État ».
Le risque du vide
“Sur le fond je les comprends, mais je trouve ça dommage car en quittant X, en cessant de publier à son sujet, on laisse place à la désinformation”, commente Bruno Guglielminetti, spécialiste des nouvelles technologies et des médias numériques, directeur du podcast. Mon carnet. Le vide se comble rapidement et à mon avis cela se fera avec de la désinformation, car plus personne ne contribuera à la plateforme avec un contenu juste et rigoureux.
Au Québec, la Fédération professionnelle des journalistes (FPJQ) ne compte pas imiter son homologue européenne pour le moment. « Pour le moment, la fédération maintiendra sa présence sur X, tout en ayant récemment ouvert un compte sur BlueSky. Nous sommes également actifs sur LinkedIn, Instagram et Facebook, précise Éric-Pierre Champagne. À court terme, il n’est pas prévu de clôturer le compte X. »
Du côté des Coopératives d’Information (dont Le Soleil), c’est le statu quo. L’éditeur de Soleil Marc Gendron indique qu’il maintient la position adoptée il y a près de trois semaines lors d’une première vague de retraits de X. «Nous avons conclu que statuer sur le sort de nos publications à ce moment-là», explique-t-il.
Un appel à migrer vers d’autres plateformes
Bien que la FPJQ n’ait aucune recommandation particulière à faire à ses membres quant à leur départ ou à leur maintien, son président réitère qu’il comprend que pour certains journalistes, notamment les femmes, la situation peut s’avérer intenable.
« Se faire insulter au quotidien, et gérer cette multitude de commentaires, ne fait pas partie de leur description de poste, explique Éric-Pierre Champagne. Dans ce genre de circonstances, je peux très bien comprendre un départ. C’est vraiment une décision personnelle.
Le fait qu’il existe encore une masse critique d’élus sur la plateforme, propriété d’Elon Musk, pèse dans la balance.
“Si cela devait changer, peut-être qu’on aurait des questions à se poser là-dessus”, ajoute le président. Pour l’instant, nous continuerons à surveiller la situation.
Partir pour encourager la liberté de la presse et lutter contre la haine
La Fédération européenne des journalistes appelle de son côté ses membres et défenseurs de la liberté d’expression à abandonner X au profit d’autres plateformes.
“L’évolution éditoriale de X, depuis son rachat par Elon Musk, va à l’encontre de nos valeurs humanistes, de notre engagement en faveur de la liberté de la presse et du pluralisme des médias, ainsi que de notre lutte contre la haine et la discrimination”, a affirmé l’organisation.
Son secrétaire général, Ricardo Gutiérrez, s’inquiète de l’impact conjoint d’Elon Musk et de Donald Trump sur la démocratie, soulignant les risques d’une collaboration entre deux personnalités aussi influentes. La présidente Maja Sever dénonce la dérive de la plateforme X, qu’elle accuse de propager des idées extrémistes et de s’éloigner de l’intérêt public au profit d’agendas idéologiques et financiers.
La FEJ espère que ce geste encouragera d’autres acteurs médiatiques à prendre position face à ce qu’elle considère comme une menace croissante pour le journalisme et les droits fondamentaux.