(Québec) Qu’en est-il du projet de loi 69 qui vise à donner carte blanche au Québec pour doubler sa production d’électricité ? La pièce maîtresse du gouvernement Legault en matière énergétique n’a pas été étudiée lors de la présente session parlementaire et elle n’est pas à l’horaire de la dernière semaine de travaux. La ministre de l’Économie et de l’Énergie, Christine Fréchette, évoque le futur locataire de la Maison Blanche, Donald Trump, pour justifier ce retard.
Publié hier à 16h16
Thomas Laberge
La Presse Canadienne
« L’arrivée de la nouvelle administration aux États-Unis a quelque peu changé la donne. S’il y a des tarifs qui sont imposés, cela va changer la nature de la compétitivité des entreprises au Québec et, donc, on veut voir comment ça va se passer avant d’aller de l’avant, parce qu’il y a notamment la question de la tarification dans le projet de loi. », a expliqué la ministre Fréchette lors d’une mêlée de presse, lundi à Montréal.
Le ministre de l’Énergie a indiqué que « quelques éléments » pourraient être modifiés dans le document législatif. «Mais il faut voir dans quelle mesure l’éventuel élément de prix sur les exportations québécoises va changer la donne, ou non», a ajouté le ministre.
La menace du président élu Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits canadiens a provoqué une onde de choc de ce côté-ci de la frontière. La semaine dernière, le premier ministre François Legault a affirmé que ces tarifs affecteraient également l’électricité québécoise exportée vers les États-Unis.
Jusqu’à 185 milliards d’ici 2035
Le projet de loi 69 vise à modifier la réglementation du secteur énergétique afin de répondre à l’augmentation de la demande nécessaire à la décarbonation de l’économie. Hydro-Québec prévoit investir jusqu’à 185 milliards d’ici 2035 afin de doubler sa production.
Cela modifie également la manière dont les tarifs d’électricité seront fixés. Malgré l’augmentation de la production qui sera nécessaire, le gouvernement Legault assure que les tarifs résidentiels seront plafonnés à 3 %. Ce sera plutôt aux entreprises de payer la transition énergétique.
Le document législatif a été déposé par l’ancien ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, en juin dernier. Après sa démission choc en septembre, c’est Christine Fréchette qui a dû remplacer à la dernière minute sa collègue pour diriger les consultations particulières sur le projet de loi. L’étude détaillée est toujours attendue.
Avant sa démission, M. Fitzgibbon avait parlé d’« augmentations significatives » des prix d’ici cinq ou dix ans.
« Le gouvernement est empêtré »
Le Parti libéral du Québec (PLQ) déplore le retard du projet de loi. «De notre côté, nous sommes prêts depuis des mois, mais force est de constater que le gouvernement est empêtré dans les questions liées à «l’héritage» de Fitzgibbon. Nous avons perdu une année entière dans l’avenir énergétique à cause des atermoiements de la CAQ », a déclaré le chef libéral Monsef Derraji dans une déclaration écrite.
« Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée de la part du gouvernement de vouloir réviser le projet de loi à la lumière des récents développements aux États-Unis. Mais en réalité, il s’agit d’un pansement sur une plaie béante. Ce projet de loi doit être retiré», a déclaré le chef péquiste Pascal Paradis en entrevue à La Presse canadienne.