La censure gouvernementale peut-elle faire monter les taux immobiliers ?

La censure gouvernementale peut-elle faire monter les taux immobiliers ?
La censure gouvernementale peut-elle faire monter les taux immobiliers ?

En cas de chute du gouvernement et de non vote du budget, on craint une hausse du taux d’emprunt de la à 10 ans. Et, par extension, sur une hausse des taux hypothécaires. Mais selon les spécialistes, l’impact devrait rester « limité ».

Le secteur immobilier est soumis à des vents contraires. Du côté des taux, les bonnes et les mauvaises nouvelles se succèdent. Dans la première catégorie, les barèmes bancaires qui ont été dévoilés au début du mois : ils prévoient des baisses de taux pour les crédits immobiliers.

Le courtier Pretto évoque des baisses de 0,05 à 0,10 points ce mois-ci avec des taux moyens de 3,21% sur 15 ans, 3,31% sur 20 ans et 3,38% sur 25 ans. De son côté, le courtier Vousfinancer enregistre des moyennes de 3,15% sur 15 ans, 3,35% sur 20 ans et 3,55% sur 25 ans, avec des taux plus avantageux pour les meilleurs profils.

En un an, par rapport à décembre 2023, les taux ont baissé de près d’un point. Cela représente une capacité d’emprunt de 20 000 euros supplémentaires. Mais cette nette amélioration du pouvoir d’achat sera-t-elle de courte durée ?

Au premier rang des mauvaises nouvelles se trouve l’instabilité politique que traverse la France avec une possible censure gouvernementale. Dans ce cas, il faut s’attendre à des craintes quant à la trajectoire de réduction du déficit public. De quoi inverser la tendance ?

“La censure pourrait mettre un terme à la trajectoire de baisse des taux hypothécaires, la dynamique baissière globale initiée par la BCE s’atténuant en raison de l’incertitude accrue”, prédit le courtier Pretto.

Les Experts : Le budget, le prix de la censure – 03/12

Ne pas paniquer

La crainte vient aussi d’une possible hausse du taux auquel la France emprunte à 10 ans (OAT 10 ans), et qui influence les taux des prêts immobiliers. Mais avant de s’affoler, Vousfinancer souligne que l’annonce de la dissolution en juin et les élections qui ont suivi n’ont finalement eu aucun impact sur les taux des prêts immobiliers.

Tout d’abord, selon le porte-parole du courtier, les banques s’appuient de moins en moins sur cet indicateur. “Ils se sont affranchis des taux d’emprunt de l’Etat ces dernières années, c’était surtout une référence il y a 10 ans”, assure-t-elle.

“Ce qui compte le plus aujourd’hui, c’est la politique commerciale des banques, elles veulent attirer de nouveaux clients et pour cela elles sont prêtes à réduire leurs marges et à absorber une hausse de l’OAT”, explique Sandrine Allonier.

Ensuite, il n’est pas certain que l’OAT à 10 ans grimpe ni que cette hausse soit durable. Lors de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, ce taux était en effet passé de 3% à 3,30%, mais non seulement il avait chuté rapidement (début août), et il n’avait eu aucun impact sur les taux immobiliers.

Un impact limité sur les taux immobiliers

“Il n’y a aucune raison pour que ce soit différent cette fois-ci”, estime Sandrine Allonier. Car non seulement les banques affichent une forte volonté de prêter, mais une nouvelle baisse des taux de la BCE est attendue le 12 décembre. “Si les banques peuvent emprunter moins cher, elles pourront continuer à prêter”, assure le spécialiste.

« Il est probable que l’impact sur les taux de crédit reste limité », juge Sandrine Allonier.

Un indice lui donne un certain optimisme : “Les banques ont envoyé leur barème en décembre, elles auraient pu attendre mais elles ont choisi de baisser encore”, souligne le spécialiste.

Or, la censure entraînerait la chute du gouvernement mais aussi du projet de loi de finances et des mesures en faveur de l’immobilier tant attendues par la profession. Adieu le prêt à taux zéro pour les biens neufs pour les appartements et les maisons, ou la défiscalisation sur les cadeaux aux enfants ou petits-enfants pour l’achat d’un nouveau bien immobilier.

« Ce manque de visibilité n’encourage pas l’investissement à long terme et pourrait freiner la reprise qui se dessine, entraînant une perte de confiance tant des repreneurs que des investisseurs », conclut Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer. “C’est un pas en avant et deux pas en arrière…”

 
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