La plus grande entreprise d’armement d’Israël améliore les performances financières de la BNS – rts.ch – .

La Banque nationale suisse a réalisé un bénéfice lié à la guerre à Gaza. Elle a vendu les actions qu’elle détenait dans une entreprise israélienne qui fournit l’armée israélienne alors que le cours de l’action de cette dernière s’envolait, notamment en raison de la guerre en cours. Selon les estimations de la cellule d’enquête de la RTS, ces opérations auraient pu générer un bénéfice d’un million de dollars.

Au premier trimestre 2023, la Banque nationale suisse (BNS) a acquis plus de 104 000 actions d’Elbit Systems LTD, société cotée au Nasdaq et principal fournisseur de l’armée israélienne, pour plus de 17,5 millions de dollars, alors que le titre se négociait à un prix bas compris entre 165 $ et 175 $ l’unité. Dopé entre-temps par les commandes passées par Tsahal pour son offensive à Gaza, le titre s’est envolé, avec une hausse moyenne de 20% et des pics à 225 dollars.

Durant cette période, la BNS a vendu près d’un quart de ses actifs. Ces opérations auraient pu permettre de générer un bénéfice d’un million de dollars, selon une estimation de l’Unité d’investigation réalisée sur la base des données figurant dans les rapports trimestriels d’investissement fournis par la BNS à l’autorité américaine de surveillance des marchés financiers. .

« Un choix stratégique », selon un économiste

Pour Sergio Rossi, professeur de macroéconomie à l’Université de Fribourg, ces opérations poursuivent un double objectif : « Je pense que c’est un choix stratégique, d’une part pour éviter des pertes sur le cours des actions qui pourrait chuter rapidement, dans un avenir pas trop lointain et d’autre part, réaliser un gain de portefeuille, s’il achetait ces actions à un prix bien inférieur au prix de revente. Un bénéfice net pour pouvoir en redistribuer une partie au secteur public et ainsi améliorer sa réputation en Suisse », a-t-il analysé jeudi dans le 19h30.

Les documents consultés par la RTS ne précisent pas précisément à quel moment les actions Elbit détenues par la BNS ont été vendues. Seules les quantités vendues par trimestre sont annoncées. Il est donc impossible de savoir quel était le prix exact au moment des ventes.

Au total, la BNS a vendu plus de 24’000 actions d’Elbit Systems entre le 31 mars 2023 et le 31 mars 2024. Contactée par la RTS, la banque centrale a expliqué ne pas avoir répondu sur les différentes positions composant son portefeuille d’actifs. Cela représentait 252 milliards de dollars au 31 décembre 2023.

La BNS assure qu’elle ne spécule pas

Dans un courriel, la BNS explique qu’elle réalise ses investissements selon un plan qui exclut la spéculation. «Dans ses placements en actions, la Banque nationale suisse suit le principe de couverture totale du marché. Il reproduit les différents marchés boursiers dans leur intégralité et pondère ainsi les différents secteurs de l’économie en fonction de leur capitalisation boursière. La BNS veille ainsi à ce que son portefeuille d’actions soit exposé à divers risques à peu près de la même manière que toutes les sociétés cotées dans le monde et qu’il reflète également les changements structurels de l’économie mondiale.»

Pour Sergio Rossi, professeur de macroéconomie à l’Université de Fribourg, ces principes ne dégagent en rien sa responsabilité: «Etant donné qu’elle reproduit les paniers d’actifs vendus sur le marché financier mondial, la BNS estime qu’elle n’a pas à se sentir coupable si elle achète des actions dans une entreprise qui produit des armes, qui pollue l’environnement ou qui exploite le travail de mineurs. Elle dit : « si d’autres acteurs financiers font ce type de choix, nous ne faisons que le faire. suivez-les pour ne pas influencer les prix. » Mais c’est, je dirais, une « bonne excuse ».

Elbit est très demandé pour la guerre

Interrogée sur les questions éthiques que cela soulève, la BNS répond qu’elle s’abstient d’acheter des titres d’entreprises qui violent massivement les droits humains fondamentaux. Cette limite n’a-t-elle pas été franchie à Gaza ? La BNS ne répond pas sur ce point.

Dans un communiqué publié le 28 mai à l’occasion de la présentation de ses résultats trimestriels, l’entreprise d’armement israélienne a reconnu l’impact de cette guerre sur son activité. « Depuis le début des hostilités, Elbit Systems a connu une demande considérablement accrue pour ses produits et solutions de la part du ministère israélien de la Défense », explique l’entreprise.

Les revenus de l’entreprise ont ainsi augmenté significativement au premier trimestre 2024 pour atteindre 1,554 milliard de dollars contre 1,394 milliard un an plus tôt. Et son carnet de commandes dépasse désormais les 20 milliards.

Un élu réclame plus de régulation

En 2020, alors qu’il siégeait à la chambre basse du Parlement, le conseiller d’État socialiste Baptiste Hurni avait déposé une motion demandant la création d’un comité d’éthique des investissements à la BNS, une proposition restée sans suite.

Les profits réalisés par le BNS avec la société Elbit Systems le mettent donc en colère : « Le BNS, c’est-à-dire la Suisse, a gagné de l’argent sur le dos du massacre d’une population civile. Car c’est de cela dont on parle au moins sur le dos d’une guerre et je trouve cela assez choquant sur le plan éthique. Une fois de plus, nous demandons des règles d’investissement pour le BNS, car nous ne voulons pas que l’argent de tout le monde soit investi dans des entreprises de ce type. »

UBS augmente ses investissements dans Elbit en 2024

Olivier Feller (PLR), membre de la Commission économique en charge du dossier BNS, estime que ces critiques sont de nature à porter atteinte à l’indépendance de la banque : « La BNS est critiquée pour avoir investi dans une entreprise particulière basée en Israël. Je pense qu’il y a un an, le BNS n’aurait pas été spécifiquement critiqué pour cela. Elle investit dans de nombreux pays afin de mener à bien sa mission d’assurer la stabilité des prix en Suisse. Je crois que ce n’est pas à nous de dicter ses choix.»

En 2020, une initiative populaire proposant d’empêcher les investissements dans le secteur de l’armement a été rejetée par 57,5% des votants et la majorité des cantons. Le groupe Pictet, la Banque cantonale vaudoise et l’UBS détiennent également des parts dans la société Elbit Systems.

Une pétition en ligne a récemment circulé demandant à UBS de retirer ses actions. La banque a augmenté ses investissements dans la société israélienne de 875% au premier trimestre 2024, selon les calculs de l’ONG américaine EKÔ.

Claude-Olivier Volluz, Service des enquêtes

 
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