Deux mois après avoir quitté la politique, l’ancien ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon rejoint un cabinet d’avocats qui a fait du lobbying auprès du gouvernement pour General Motors, qui a reçu 152 millions de dollars de l’État québécois pour son usine de Bécancour.
• Lisez également : Nouveau départ : Fitzgibbon rejoint un cabinet d’avocats d’affaires
Le cabinet d’avocats Osler, Haskin & Harcourt a annoncé mardi avoir recruté M. Fitzgibbon, dans un communiqué vantant « la profondeur de l’expérience [de l’ex-ministre] au sein du gouvernement.
Si l’on se fie à deux avis sur Carrefour Lobby Québec, Osler s’est inscrit comme lobbyiste en mars 2022 pour faire des représentations auprès du gouvernement du Québec au sujet du « financement ». [subventions, prêts ou autres] pour soutenir la construction d’une nouvelle usine de matières actives cathodiques à Bécancour.
Un peu plus d’un an plus tard, François Legault et Pierre Fitzgibbon étaient à Bécancour pour annoncer un financement de 152 millions de dollars à General Motors et POSCO, par l’intermédiaire d’Investissement Québec.
En mai 2023, le premier ministre François Legault annonçait un prêt de 152 millions de dollars à GM et Posco pour la construction d’une usine à Bécancour.
Capture d’écran TVA Nouvelles
Rappelons que ce financement est un prêt dont une partie de 134 millions de dollars est remboursable si les emplois créés sont maintenus pendant 10 ans. Autrement dit, GM et POSCO n’auront pas à rembourser près de 90 % du financement québécois à condition de respecter cette exigence.
Au cours de son mandat, qui s’est terminé en décembre 2023, Osler a exercé des pressions auprès du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, du ministère de l’Environnement, d’Investissement Québec et de la Ville de Bécancour.
Le président émérite d’Osler au conseil d’administration d’Investissement Québec
D’ailleurs, le président émérite d’Osler, Shahir Guindi, a été nommé au conseil d’administration d’Investissement Québec en février 2024, soit plusieurs mois avant la démission de Pierre Fitzgibbon.
Dans un message publié mardi sur le réseau social LinkedIn, M. Guindi s’est dit « ravi » de l’embauche de l’ancien ministre au sein du cabinet d’avocats.
Photo tirée du site Internet d’Investissement Québec
« Avoir une personne aussi expérimentée au service de nos clients et des membres du cabinet est une véritable victoire et apporte une valeur ajoutée inestimable », a-t-il écrit.
Dans le communiqué annonçant ses nouvelles responsabilités, M. Fitzgibbon a exprimé que rejoindre Osler « lui donne une plateforme exceptionnelle pour continuer à faire progresser notre économie en soutenant les entrepreneurs et les entreprises qui façonnent l’avenir du Québec et du Canada ».
Règles à respecter
Après sa démission en septembre dernier, Pierre Fitzgibbon a eu un entretien avec la commissaire à l’éthique Ariane Mignolet, à l’issue de laquelle il a assuré qu’il « entend respecter les règles ».
Ces règles prévoient entre autres qu’un ancien ministre « doit se comporter de manière à ne pas tirer d’avantages indus » de ses fonctions antérieures.
Plus précisément, un ancien ministre ne peut, pendant les deux ans qui suivent son départ, intervenir au nom d’autrui ni faire pression sur toute entité étatique avec laquelle il a eu des « relations officielles, directes et significatives », ni agir à titre de lobbyiste-conseil pour le compte de clients auprès d’une entité parlementaire, gouvernementale ou politique. établissement municipal.
Osler et Fitzgibbon se disent « pleinement conscients »
Le cabinet Osler a décliné notre demande d’entrevue, mais a tout de même insisté sur le fait que l’organisation et M. Fitzgibbon étaient « pleinement au courant de toutes les règles applicables ».
«Nous nous engageons à respecter une conformité rigoureuse», a déclaré la directrice du développement client et commercial, Cindy Dormoy, dans une déclaration écrite au Journal.
« Comme d’autres chefs d’entreprise et anciens hommes politiques ayant rejoint des cabinets d’avocats, nous agissons toujours avec les plus grandes attentes en matière de respect des lois et des bonnes pratiques, notamment en matière de gestion des litiges en entreprise. intérêts », a-t-elle ajouté.
– Avec la collaboration de Philippe Langlois, Sylvain Larocque et Francis Halin