pourquoi la dissolution de l’Assemblée constitue une menace pour l’économie française

pourquoi la dissolution de l’Assemblée constitue une menace pour l’économie française
pourquoi la dissolution de l’Assemblée constitue une menace pour l’économie française

La situation politique actuelle, à l’heure où les finances publiques sont en mauvais état, inquiète les économistes et les marchés financiers.

Le score historique du Rassemblement national aux élections européennes, dimanche 9 juin, a poussé Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale. Cette décision, qui a provoqué un séisme politique et ouvert une période d’incertitude jusqu’aux élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet, n’est pas sans conséquence sur l’équilibre économique de la France. Dans un contexte de dégradation des finances publiques, le flou sur la future majorité à l’Assemblée nationale crée de nombreuses incertitudes. Franceinfo vous explique pourquoi.

Parce que les marchés sont agités

Le résultat des élections européennes et l’annonce d’Emmanuel Macron ont plongé les marchés financiers dans le suspense. Lundi matin, dès l’ouverture de la séance, Le CAC 40, principal indice boursier de la Bourse de Paris, a chuté de 2,37% avant de terminer sa journée en baisse de 1,81%. Depuis le début de la semaine, il a chuté de 6 %. Une légère dépréciation de l’euro face au dollar a également été observée, tandis que les actions de plusieurs grands groupes baissaient lundi, tout comme les banques (-7,61% pour Société Générale, -5,09% pour BNP Paribas notamment).

Les taux d’emprunt de l’État français sur les marchés financiers se sont accrus, tandis que l’écart entre les taux d’emprunt français et allemands – La dette allemande, jugée la plus sûre de la zone euro, a atteint au cours de la semaine son plus haut niveau depuis 2020. « La dissolution et la possibilité de voir le RN à Matignon créent un climat d’incertitude. Elles ont eu plus d’impact sur les marchés que la dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s.souligne Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Car cette dégradation avait été largement anticipée par les marchés, contrairement à cette séquence politique. « Il y a un effet à court terme de la part des investisseurs, avec des marchés qui intègrent les risques, et un autre à plus long terme, avec la perspective de l’arrivée au pouvoir du RN. Ceux qui détiennent la dette de l’État évaluent le risque de défaut de paiement de la France. »observe Simon-Pierre Sengayrac, professeur de finances publiques à Sciences Po.

Parce que le programme RN inquiète

La possible arrivée du Rassemblement national au pouvoir interroge et inquiète de nombreux acteurs économiques. La première question concerne ses propositions. Avec quel programme le RN fera campagne lors de ces législatives ? L’abrogation de la réforme des retraites, adoptée en avril 2023 et qui relève l’âge légal de la retraite à 64 ans, ne semble plus être la priorité du parti d’extrême droite, qui fait pourtant campagne de longue date contre elle. Il n’apparaît pas dans les huit thèmes abordés dans les tracts du parti pour les législatives.

Jordan Bardella a expliqué sur France 2 vouloir revenir sur cette réforme dans un “Deuxièmement” : le RN veut abaisser l’âge de la retraite à 60 ans pour ceux qui sont entrés dans la vie active avant 20 ans. Le ralliement d’Eric Ciotti, en faveur de la retraite à 65 ans, peut expliquer les retards du parti d’extrême droite sur cet épineux dossier. . L’eurodéputé invoque la situation économique du pays comme raison de tergiverser – le déficit a grimpé à 5,5% du PIB en 2023, la dette dépasse les 3 000 milliards d’euros – et a fixé d’autres priorités, notamment “pouvoir d’achat” et le “factures d’électricité”.

En matière d’électricité, le RN veut notamment réduire la TVA de 20 à 5,5% sur les produits énergétiques (carburant, électricité, gaz, fioul domestique). Lors de la campagne présidentielle de 2022, l’Institut Montaigne, un groupe de réflexion libéral, avait estimé cette mesure à 10,3 milliards d’euros par an. Il a également estimé que son programme économique (retraite à 60 ans, réduction de la TVA, exonération d’impôt sur le revenu pour tous les jeunes travailleurs jusqu’à 30 ans, etc.) coûterait 119,6 milliards d’euros par an pour la partie dépenses, bien loin des 68,3 milliards prévus par le RN.

“Soit le RN renonce à ses engagements, notamment sur les retraites, soit il applique son programme, qui n’est pas un programme de redressement des finances publiques, et des risques existent avec des interrogations sur la réaction des marchés.”

Mathieu Plané, économiste

sur franceinfo

Pour Simon-Pierre Sengayrac, promettre davantage de dépenses sur le poste de dépenses le plus important de l’État risque d’inquiéter les investisseurs.»ce qui explique peut-être les atermoiements du Rassemblement national sur les retraites. Pour ces économistes, les propositions du RN et leur chiffrage pourraient avoir des conséquences sur les taux d’intérêt, le poids de la dette et le déficit public, alors que l’État s’engage à ramener ce dernier en dessous de 3 %. d’ici 2027.

Parce que la gauche promet une « rupture »

“Une rupture totale avec la politique d’Emmanuel Macron.” Selon le député sortant insoumis Manuel Bompard, qui a participé aux négociations pour sceller l’alliance de la gauche, le programme du Nouveau Front populaire est en totale opposition avec les orientations de l’exécutif. La gauche unie souhaite notamment abroger la réforme des retraites avec un « objectif commun du droit à la retraite à 60 ans ». Elle entend également bloquer par décret les prix des biens essentiels que sont l’alimentation, l’énergie et le carburant, indexer les salaires et les retraites sur l’inflation et augmenter le salaire minimum à 1 600 euros net.

Le Nouveau Front populaire entend financer ces mesures, dont le coût n’a pas encore été détaillé, par une augmentation des impôts. Les partis de gauche souhaitent ainsi « restaurer l’ISF et supprimer le ‘flat tax’ »apaugmentation forfaitaire unique des revenus du capital qui vise à réduire l’impôt payé par les contribuables les plus riches, afin de les inciter à investir dans l’économie. Pour Pour Simon-Pierre Sengayrac et Mathieu Plané, la victoire du Nouveau Front populaire pourrait aussi inquiéter les marchés.

“Mais contrairement au RN, qui n’a aucune expérience et dont l’arrivée au pouvoir pourrait s’accompagner de tensions politiques, la gauche a l’expérience du pouvoir.”

Mathieu Plané, économiste

sur franceinfo

Lors d’une conférence de presse, Emmanuel Macron a accusé “les blocs d’extrême gauche” Et “extrême droite” mettre le système de retraite “faillite” en proposant de revenir à la réforme de 2023. “LLe programme du Front populaire, c’est la confiscation des fruits du travail fourni par les Français pour financer des promesses intenables, ce n’est pas la justice sociale.»de son côté a estimé Jordan Bardella sur.

Parce que le vote du budget 2025 se profile

Le projet de loi de finances (PLF), qui définit le budget de l’Etat pour l’année suivante, sera présenté comme chaque année à la rentrée. Sauf que l’exercice 2025 s’annonce particulièrement périlleux : les comptes publics sont très dégradés et le budget 2025 devrait être synonyme de nouvelles coupes budgétaires. Le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, a déjà annoncé que“au moins 20 milliards d’euros” des économies seront nécessaires l’année prochaine, lorsqu’il faudra trouver 80 milliards d’euros pour ramener le déficit français sous la barre des 3% en 2027.

La majorité présidentielle, apparue affaiblie par les élections européennes, ne sortira probablement pas victorieuse des élections législatives anticipées. Cela pourrait avoir des conséquences sur la future trajectoire budgétaire de la France, qui avait fait de la consolidation des comptes publics un objectif. “Et si la majorité en place l’emporte, le gouvernement maintiendra-t-il le cap de la réduction du déficit, avec une politique d’austérité impopulaire ?” se demande Mathieu Plane, tandis que Simon-Pierre Sengayrac prédit un « Budget 2025 assez explosif ».

Dans un communiqué publié lundi, l’agence de notation Moody’s estime que “L’instabilité politique potentielle » constitué “un risque de crédit” en raison de la situation budgétaire dont héritera le prochain gouvernement, qu’il soit ou non dans la continuité du précédent.

 
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