le rendement chute, les vignerons en colère

le rendement chute, les vignerons en colère
le rendement chute, les vignerons en colère

Une performance qui n’est pas provisoire, précise ce dernier, et qui sera validée le 21 juin par l’assemblée plénière et l’organe de défense et de gestion (ODG) du BNIC. Il permettra de répondre à un besoin de 764 846 hl AP à utiliser en chaudière. Mais qui provoque déjà l’ire des vignerons.

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Car c’est un sacré retour en arrière après plusieurs années d’amélioration avec des rendements de plus de 14 hl AP/ha en 2022, 2021, 2019 et 2018. Il faut remonter à 2009 pour constater un niveau aussi bas (8,12 hl AP/ha, qu’on appelait alors la « quantité normalement vinifiable » ou QNV). L’année dernière déjà, face à la baisse des marchés, elle s’est élevée à 10,50 hl AP/ha. Soit, en deux ans, une baisse du rendement d’un peu plus de 40 %.

C’est un point d’équilibre, pas idéal, mais supportable pour que nos deux familles atteignent leurs objectifs.

Cette décision est le résultat de longues discussions et négociations entre les deux familles, commerçante et viticole. Au final, « il est parvenu à un consensus », précise le président du BNIC Florent Morillon. « C’est un point d’équilibre, pas idéal, mais supportable pour que nos deux familles atteignent leurs objectifs », renchérit Anthony Brun, le chef de famille vigneron au BNIC, qui parle de « compromis ».

Un contexte géopolitique incertain

La filière du cognac entend « réagir de manière extrêmement prudente et rigoureuse » à un marché en berne (-12% en volume sur la dernière année glissante, fin mai) et surtout à un contexte géopolitique incertain, pour le moins, ce qui menace ses expéditions à court terme. Notamment la crainte de voir la Chine appliquer des surtaxes, dans le cadre de son enquête antidumping. Risque qui s’est accru cette semaine avec l’annonce, ce mercredi, par la Commission européenne d’imposer des droits provisoires sur les véhicules électriques chinois ce qui fait craindre des mesures de rétorsion de la part de Pékin.

La situation aux Etats-Unis est également préoccupante avec un possible retour de Trump à la Maison Blanche en fin d’année et les taxes qui ont frappé le cognac en 2021, et qui n’ont été suspendues que depuis. En France aussi, la peur plane avec le risque de voir le RN, farouchement opposé aux traités de libre-échange, prendre la tête du gouvernement. « Toutes ces incertitudes nous obligent donc à être extrêmement prudents, tant sur le rendement autorisé que sur le budget du BNIC (lire ci-contre) », appuie Florent Morillon.

Si les vignerons n’ont pas été surpris par ce chiffre de 8,64 hl AP/ha qui circulait depuis plusieurs jours déjà dans le Cognac Landernau, nombreux sont ceux qui s’inquiètent et se fâchent face à leurs revendications. « Le problème, c’est que le projet d’entreprise interprofessionnel a été très mal géré », grogne un jeune viticulteur installé près de Segonzac. Le Cognac a nécessité énormément de droits de plantation, près de 17 000 ha en cinq à six ans pour répondre aux besoins du marché, nous avons demandé aux Vitis d’investir à fond, et aujourd’hui nous n’arrivons plus à vendre ! On finira forcément par des déracinements, comme à Bordeaux. »

« Tournez le dos »

Ce qui l’inquiète, c’est qu’avec un rendement de 8,64 hl AP/ha, de nombreux viticulteurs auront du mal à rembourser leurs emprunts. “Ça va être extrêmement chaotique, d’autant que cela pourrait durer quatre ou cinq ans, et je vous garantis qu’il y aura des fermes à vendre dans les années à venir, car tous les voyants sont au rouge”, prédit-il. Il n’est pas le seul. « Quand la filière ralentit, elle ralentit d’un coup et ça va faire mal », annonce Sabine de Witasse, vigneronne à Angeac-Champagne.


« Prudence » et « rigueur » sont les maîtres mots du président du BNIC, Florent Morillon, en cette période de crise et d’incertitude.

Archives de Quentin Petit

Au BNIC, on est moins alarmiste. “Oui, les fermes et les maisons rapporteront moins d’argent, mais avec ce niveau de rendement, on peut penser que cela passera pour des exploitations gérées en bon père de famille, ce qui est le cas pour 98% d’entre elles, car l’impact sera réparti sur Les années précédentes. Pour ceux qui sont en difficulté, un travail sera fait avec les banques pour les soutenir », promet Florent Morillon, qui appelle l’ensemble du secteur à « faire du surplace ». Même s’il reconnaît que « cela ne devrait pas continuer sur le long terme. Mais je suis confiant dans la dynamique de croissance du cognac à moyen et long terme.

Si la récolte 2024 s’annonce moins abondante que la précédente (qui a battu des records), une question peut se poser : que faire des volumes excédentaires ? Si une partie peut aller vers les réserves climatiques – mais sans doute pas autant que l’an dernier – les vignerons devront trouver des débouchés. « Nous avons décidé de constituer un groupe de travail pour trouver des idées et faire des propositions », annonce le président du BNIC, qui devrait se tourner à nouveau vers les filières jus de raisin et sucre de raisin. « Nous demanderons également de pouvoir prolonger la durée d’utilisation des nouveaux droits de plantation, valables seulement trois ans. » Quant aux commerçants, il promet : « ils respecteront leurs contrats d’achat ». « Même si certaines évolutions étaient proposées », tempère Anthony Brun.

Budget du BNIC en baisse de 14%, « mais pas de plan social »

Validé le 10 juin par l’assemblée plénière, le budget 2024-2025 du BNIC est encore revu à la baisse. Il s’élève à près de 18 millions d’euros, soit 14% de moins que l’année précédente. L’Office annonce ainsi « la mise en œuvre d’un plan d’économies et un recentrage sur les actions les plus prioritaires ». « Mais pas de plan social », insiste Florent Morillon, malgré le bruit insistant des couloirs. « Nous prenons justement ces mesures pour préserver les équipes du BNIC. » Sur les 105 salariés, seuls les CDD – une dizaine de personnes – ne seront pas renouvelés. « Parce que certains projets moins urgents sont reportés à plus tard. » Y compris les travaux du futur siège social, dont le montant (plus de 20 millions d’euros) fait grincer des dents dans le vignoble. « Aucune décision n’a été prise. Le projet a pris du retard à cause du promoteur, mais nous allons le faire», souligne le président, en réalité suspendu à la décision chinoise en matière de surtaxes.

 
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