Après avoir annoncé son intention d’explorer l’énergie nucléaire avec petits réacteurs modulairesHydro-Québec n’exclut pas de planter des éoliennes en mer d’ici une dizaine d’années pour produire davantage d’électricité.
« Il y a deux avantages : les éoliennes sont beaucoup plus grandes (15 MW à 20 MW) et, comme elles sont en mer, la qualité du vent est meilleure. C’est la théorie. En pratique, les coûts sont vraiment exorbitants », explique Journal Vincent Trudel, chef de l’exploitation du fabricant de tours éoliennes Marmen, qui compte 800 employés au Québec.
« À moyen terme, je vois mal pourquoi, avec tout l’espace disponible dont nous disposons, l’État, ou Hydro-Québec, paierait plus cher pour le mettre en mer alors qu’on peut l’avoir sur terre à moindre coût ? », se demande-t-il à voix haute. La techno a cependant largement le temps d’évoluer d’ici 2035, estime-t-il.
Vincent Trudel, directeur des opérations de Marmen, qui possède une usine à Matane, une à Trois-Rivières et une à Brandon, dans le Dakota du Sud, aux États-Unis. Marmen fabrique des tours d’éoliennes depuis 2003, mais l’entreprise existe depuis 1972.
Photo fournie par Marmen
Ces derniers jours, Hydro-Québec a confirmé Journal qu’elle pourrait « envisager des technologies, comme l’éolien offshore, qui se développent dans plusieurs pays » après 2035.
Le gouvernement français définit l’éolien offshore comme un moyen de transformer « l’énergie mécanique du vent en énergie électrique. Une éolienne offshore, posée sur les fonds marins ou flottante, bénéficie de vents plus fréquents, plus forts et plus réguliers que sur terre.
Projets annulés
Ces dernières années, Marmen, qui fabrique ici des tours d’éoliennes, a remporté sous l’administration Biden un important projet éolien offshore sur la côte est américaine, au large de l’État de New York. Au port d’Albany, le projet majeur devait créer 3 200 emplois et 1,4 milliard de dollars en salaires.
Fabrication de mâts d’éoliennes en acier dans une usine à Marmen.
Photo fournie par Marmen
L’idée était d’implanter des éoliennes en mer pour éviter de devoir construire des lignes de transmission, souvent très controversées aux Etats-Unis.
« Notre projet éolien offshore à Albany est toujours en suspens en attendant de futurs développements sur la côte est américaine », souligne Vincent Trudel
« Nous y avions gagné des projets, mais la plupart ont été annulés car les coûts avaient été estimés avant la COVID-19 », poursuit-il.
Innergex et Boralex
Au Québec, les deux principaux exploitants d’éoliennes sont attentifs aux ambitions d’Hydro-Québec, mais disent se concentrer pour le moment sur d’autres spécialités.
« Innergex s’intéresse davantage à l’énergie éolienne terrestre qu’à l’éolien maritime. Tous nos parcs éoliens sont terrestres», illustre sa directrice des communications, Karine Vachon.
L’arrivée d’une composante de l’éolienne au parc Mesgi’g Ugju’s’n, en 2016. Photo Innergex
Photo Innergex
L’entreprise de Longueuil, cotée à la Bourse de Toronto, consacre son énergie à l’hydroélectricité, à l’énergie solaire et au stockage d’énergie par batterie.
De son côté, Boralex, ancienne filiale de Cascades à Kingsey Falls, affirme se concentrer sur le développement d’infrastructures solaires, d’éoliennes terrestres et de stockage.
Chantier de construction d’un parc éolien Boralex.
Photo d’archives, Jean-François Desgagnes
« Après avoir étudié son potentiel, il a été décidé que l’énergie éolienne au large ne ferait pas partie de son plan de développement », explique sa porte-parole Camille Laventure.
Interrogé par La Revuele député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a déclaré qu’il n’avait jamais entendu parler de projets éoliens offshore dans son coin.
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