Les actions chinoises sont en forte hausse. Toutefois, une reprise durable de l’économie ne semble pas probable.
Malgré le feu d’artifice des prix, les actions chinoises restent à la traîne
Fin septembre, l’indice phare chinois CSI 300 a enregistré un pic fulgurant de 33% en six jours de bourse. Cependant, depuis le début de l’année 2021, la bourse chinoise reste nettement en retard par rapport à l’indice boursier mondial. La principale raison de cette faible performance est le krach immobilier dans l’Empire du Milieu. Depuis avril 2022, les prix de l’immobilier ont continué de baisser et se situent, en moyenne nationale, environ 20 % en dessous de leurs niveaux records. L’éclatement de la bulle immobilière a de multiples conséquences. Avec Evergrande, Country Garden et Fantasia Holdings, pas moins de trois grands promoteurs immobiliers se sont retrouvés en difficulté : certains ont dû déposer le bilan.
Les banques commerciales ont alors enregistré d’importantes pertes sur crédits. Près d’un quart de l’économie chinoise dépend directement ou indirectement du secteur de la construction et de l’immobilier, le déclin s’est également fait sentir sur le marché du travail. Le taux de chômage des jeunes, qui a atteint 18,8 % en août, constitue une menace sociopolitique croissante pour le gouvernement de Pékin. À cela s’ajoute le fait que la plupart des Chinois ont investi de loin la plus grande partie de leur richesse dans leur propre immobilier. En raison du manque d’alternatives d’investissement, la pierre était considérée comme un investissement sûr. La correction des prix de l’immobilier a entraîné un effet de richesse négatif. En réaction, les taux d’épargne ont continué de croître dans l’Empire du Milieu.
La Chine, nation des épargnants
Les Chinois mettent de côté près de 45 % de leur revenu disponible – un chiffre qui éclipse même des pays épargnants comme la Suisse (14,9 %), l’Allemagne (11,3 %) et les États-Unis (3,7 %). %). Plusieurs facteurs conduisent la population chinoise à épargner de manière significative et sur le long terme. Il s’agit d’une part de compenser les pertes de valeur des biens immobiliers et d’autre part de remédier aux lacunes du système de sécurité sociale en Chine. Les Chinois disposent ainsi d’une épargne importante, mais la majorité de celle-ci est mise de côté pour leur prévoyance retraite.
Une marge de manœuvre limitée
Malgré la volonté affichée du gouvernement chinois de remettre son économie sur les rails, sa marge de manœuvre reste faible. Fin septembre, la banque centrale chinoise (PBoC) a annoncé diverses mesures de soutien monétaire et budgétaire pour relancer son économie relativement paralysée. Depuis, les taux directeurs ont été fortement abaissés pour stimuler le marché immobilier, des liquidités supplémentaires ont été mises à la disposition des banques et les acheteurs doivent désormais lever moins de fonds propres pour acheter un bien immobilier. Il n’est cependant pas sûr que l’espoir des acteurs du marché de voir l’économie de l’Empire du Milieu se stabiliser durablement se concrétise. Car sur le plan économique, la Chine est en récession bilancielle. Pour y remédier, il faudrait relancer la consommation en réduisant les impôts sur le revenu et les taxes à la consommation. Cependant, la dette de l’administration centrale, qui s’élève à environ 88 % du PIB, et les montagnes de dettes accumulées par les provinces et les entreprises contrôlées par l’État limitent la marge de manœuvre du gouvernement. Les problèmes structurels de l’Empire du Milieu ne peuvent être résolus aussi rapidement qu’on le souhaiterait. À long terme, l’évolution démographique, les guerres commerciales, les tensions géopolitiques et les tendances à la démondialisation sont d’autres éléments qui nuisent également à l’atelier mondial.
Du point de vue de l’investisseur international, la prudence reste de mise à l’égard de la Chine. La récente hausse des prix devrait, une fois de plus, s’avérer être un feu de paille car le dragon reste attaqué. Pour les investisseurs mondiaux, il existe actuellement des actions plus attractives que les actions chinoises. Ceux qui s’attendent néanmoins à une reprise de la consommation dans le pays peuvent miser sur les valeurs exposées à la Chine, comme celles des marques européennes du secteur du luxe qui sont actuellement soldées à des prix soldés.