Les acteurs du secteur des énergies renouvelables s’opposent au scénario catastrophe où l’administration Trump tournerait le dos au développement du secteur. Les besoins en électricité des États-Unis dépasseront, selon eux, la rhétorique électorale du président élu.
« Ce n’est pas le principal cheval de bataille de l’administration Trump », affirme Patrick Decostre, président-directeur général de Boralex, lorsque La presse l’interroge sur l’abandon prévu duLoi sur la réduction de l’inflation (IRA), un programme dans lequel l’administration Biden a injecté des milliards de dollars pour stimuler le secteur des énergies renouvelables.
“Il a d’autres priorités, d’autres chats à fouetter”, a-t-il déclaré. Nous ne sommes plus dans la même situation qu’avant 2020 où le développement de l’industrie dépendait en partie des aides gouvernementales. Aujourd’hui, le moteur du développement est le besoin croissant d’électricité. »
Une demande qui pourrait se traduire par une augmentation de la demande de 15 % en seulement cinq ans, selon une étude publiée la semaine dernière par le cabinet Wood MacKenzie. Énergivore, la croissance de l’intelligence artificielle devrait entraîner une augmentation de la demande en électricité des datacenters de 10 à 20 % par an jusqu’en 2030.
Le gestionnaire de Boralex estime donc que les conclusions d’une analyse publiée jeudi par le Net Zero Industrial Policy Lab de l’Université Johns Hopkins demeurent improbables. Selon eux, l’abandon de l’IRA coûterait cher à l’économie américaine : « Les dommages causés aux États-Unis prendraient la forme d’une perte d’usines, d’emplois, de recettes fiscales et jusqu’à 50 milliards de dollars de pertes à l’exportation. »
Le PDG d’Innergex, Michel Letellier, écarte le scénario catastrophe évoquant l’abandon de l’IRA. La loi a eu pour effet, dit-il, de stimuler l’industrie et de créer des milliers d’emplois.
«Je ne pense pas qu’on va couper ça sans raison», poursuit M. Letellier. Il rappelle que plusieurs États républicains comptent parmi les principaux bénéficiaires de l’émergence de l’industrie, citant l’exemple du Texas.
Le secteur des énergies propres a en effet créé 142 000 emplois en 2023, soit 56 % des nouveaux emplois du secteur de l’énergie, selon les derniers chiffres du ministère de l’Énergie.
Je dirais que le président élu est plus pro-hydrocarbures que anti-énergies renouvelables.
Michel Letellier, PDG d’Innergex
« Y aura-t-il des droits de douane imposés sur les panneaux solaires chinois, par exemple ? Il y a de bonnes chances », dit-il. Ces mesures protectionnistes seraient moins sectorielles qu’une initiative visant à contrer la présence de produits chinois sur le marché américain.
Patrick Decostre rappelle que dans l’industrie, on ne peut pas résumer le développement des énergies renouvelables ou fossiles selon le parti au pouvoir. Les énergies solaire et éolienne ont connu un essor appréciable sous la première présidence de Donald Trump, rappelle-t-il.
« Et quand la production de gaz de schiste a-t-elle augmenté le plus aux États-Unis ? C’était à l’époque où Barack Obama était au pouvoir. Ce n’est pas une critique, c’est un fait », conclut-il.