Ce supermarché zurichois ouvre désormais le dimanche.Image: migros
Première ouverture dominicale d’un supermarché Migros « classique ». Détail : le magasin fonctionne sans personnel. Ce modèle pourrait se généraliser. Tour d’horizon des ambitions des principaux distributeurs.
Stefan Ehrbar / ch médias
Si vous êtes claustrophobe ou agoraphobe, mieux vaut éviter les supermarchés des gares et des aéroports le dimanche. Hormis les communautés touristiques de montagne, ce sont les seuls endroits où Coop, Migros et autres ont le droit de faire travailler leurs collaborateurs le dimanche. Les magasins locaux sont cependant fermés. Du moins jusqu’à maintenant.
Migros ose une grande première. Depuis mi-octobre, son magasin situé près de la Toblerplatz à Zurich est même ouvert le dimanche de 9h à 18h. Du lundi au samedi, nous y sommes accueillis par le personnel. Le dimanche, le point de vente fonctionne de manière autonome. Les clients entrent dans le magasin en scannant une carte Cumulus, une carte de débit ou de crédit. Les achats sont payés à une caisse enregistreuse automatique.
En l’absence de personnel, il n’y a donc pas de conflit avec la loi fédérale sur le travail, qui interdit en principe le travail le septième jour de la semaine dans le secteur du commerce de détail.
Les coopératives Migros de Zurich et de Suisse orientale exploitent déjà de manière autonome 24 heures sur 24 des magasins automatisés au format Teo. La filiale zurichoise devient cependant le premier supermarché « classique » du géant orange accessible tous les jours.
Différent d’un canton à l’autre
Migros est « très satisfaite » des deux premiers dimanches, déclare la porte-parole Carmen Hefti. Pour l’instant, aucune autre ouverture similaire n’est prévue ailleurs. Les coopératives observeraient toutefois l’évolution du marché et échangeraient leurs points de vue. La vente dominicale répond à un « grand besoin », notamment en milieu urbain, si l’on en croit Carmen Hefti. Ceci est particulièrement observé dans les gares.
Après des années de lutte infructueuse pour étendre les horaires d’ouverture, Migros a-t-elle trouvé la solution pour dimanche ? La réponse diffère selon les cantons. A Zurich, des locaux d’une surface de vente inférieure à 200 mètres carrés peuvent ouvrir. Avec 175 mètres carrés, le magasin Migros en question répond donc à cette réglementation. À Saint-Gall ou à Berne, la limite est de 120 mètres carrés.
Les succursales Coop ou Migros sont généralement nettement plus grandes, avec des superficies comprises entre 400 et 700 mètres carrés. Dans certains cantons comme Bâle-Campagne ou Argovie, qui n’ont plus de loi sur l’ouverture des magasins, la solution automatique des magasins fonctionne également.
Trop d’actions vandalisme
Le groupe de distribution Valora mise également sur les magasins hybrides, exploités par les salariés la journée et utilisés de manière autonome le reste du temps grâce à une application, avec son concept Avec 24/7. Cependant, Valora a abandonné dans la plupart des casnotamment à cause du vandalisme.
Le concept Go24 de Spar n’a pas échappé à ce problème. Une agence test située au Sihlquai à Zurich, accessible la nuit, a été si souvent endommagée et salie qu’elle n’ouvre désormais plus que le jour. Spar n’abandonne cependant pas complètement : Dans certains cas, le concept de magasins automatiques « a probablement quelques chances », estime un porte-parole. Sans évoquer de projet précis pour le moment.
Chez Coop, nous n’avons pas l’intention de laisser les clients faire leurs courses en l’absence des collaborateurs. Le contact humain est importantdéclare le porte-parole Caspar Frey. Certaines filiales de supermarchés ouvrent le dimanche dans plusieurs gares, lieux touristiques et à l’aéroport de Zurich.
Aldi et Lidl pas convaincu
Les magasins autonomes ne sont pas non plus à l’ordre du jour Lidl. Le détaillant profite des soldes dominicales autorisées par la loi, soit deux à quatre dimanches par an selon les cantons. Ces journées sont « très demandées », assure le porte-parole Sandro Kissayi. Les magasins de la gare de Berne et de Matten, près d’Interlaken, sont ouverts toute l’année sept jours sur sept. Aldi exploite de son côté deux filiales ouvertes le dimanche dans les gares de Bienne et de Zurich-Stadelhofen et occasionnellement des magasins le dimanche dans les régions touristiques.
Aldi abandonne les magasins automatiquesestimant que ceux-ci ne se sont pas encore imposés à grande échelle. Même les grands fournisseurs internationaux comme Amazon ont récemment réduit leurs ventes. Car même si les coûts salariaux diminuent, les investissements dans la technologie atteignent des niveaux importants. Ajoutez à cela les vols et les dégradations, qui sont plus fréquents que dans les magasins avec service. Et un panier moyen plus réduit dans les points de vente automatiques.
Au niveau politique, le camp bourgeois fait campagne pour assouplir les règles. Au printemps, le Conseil national a par exemple adopté une motion exigeant que les petits commerces locaux puissent ouvrir le dimanche dans tout le pays.
Les grandes villes en priorité
La Confédération étudie également l’adaptation d’une ordonnance relative au droit du travail. Il envisage la création de zones touristiques dans lesquelles les magasins pourraient employer du personnel le dimanche – dans les grandes villes. Dans une première version, le Conseil fédéral a voulu limiter cette possibilité aux magasins qui répondent essentiellement aux besoins du tourisme, comme ceux qui vendent des montres, des vêtements de luxe ou des produits alimentaires.
Cela ne serait également possible que pour les localités de plus de 60 000 habitants, dans lesquelles plus de 50 % des nuitées d’hôtel proviennent de clientèle étrangère. En gros: Zurich, Genève, Lucerne, Bâle, Berne et Lugano. Bâle et Berne ont déjà clairement fait savoir qu’elles ne souhaitaient pas créer de telles zones.
Cette modification de l’ordonnance ne peut être contestée par référendum. Toutefois, dans de nombreux cantons, la loi devra être adaptée pour créer de telles zones. Les critiques de la libéralisation pourraient s’y opposer politiquement. Reste à savoir si le conseiller fédéral Guy Parmelin (UDC) ira jusqu’au bout et si les règles initiales seront maintenues. Il relie cela à un autre problème: une initiative cantonale zurichoise qui exige que le nombre d’ouvertures dominicales passe de quatre à douze. La commission du Conseil des Etats a soutenu le texte cette semaine. Selon un porte-parole, le ministre vaudois ne décidera que s’il connaît la position de la commission du Conseil national.
Dans les stations touristiques de montagne, la loi autorise l’ouverture le dimanche en saison. Mais selon un arrêt du Tribunal fédéral, cela n’est pas autorisé toute l’année. Et les abus existent. Ainsi, à Zermatt, de nombreux magasins accueillent les clients en continu le dimanche. Pour Nicolas Bolli, chef du service chargé de la protection des travailleurs en Valais, l’activité du commerce de détail en basse saison reste “un sujet brûlant”. Il ajoute que la collecte de données est en cours pour clarifier la situation.
Des exceptions à l’interdiction d’ouverture le dimanche existent également presque partout pour les stations-service, les boulangeries, les fleuristes, les kiosques ou les confiseries. En outre, les entreprises familiales sont exemptées de l’interdiction du travail dominical dans la mesure où cela ne concerne que le propriétaire, le conjoint, le partenaire enregistré ou la famille proche.
Plus d’articles sur Migros
Afficher tous les articles
Traduit de l’allemand par Valentine Zenker