Conseillère numérique à Trédrez-Locquémeau, Ploumilliau et Ploulec’h (22), Juliette de Liège est en colère : « On fait pression sur les gens pour qu’ils souscrivent à des abonnements fibre. Ce sont les commerciaux de leurs opérateurs qui le font. On lui a dit que sa ligne allait être désactivée si elle n’appelait pas pour s’abonner avant le 4 novembre. Elle habite désormais à Saint-Michel-en-Grève (22). Les gens paniquent et signent des contrats qui ne leur sont pas toujours avantageux en termes de prix. »
A la mairie de Saint-Michel-en-Grève, on confirme : « Avant même les travaux d’installation de la fibre, certains commerciaux menaçaient de la couper, y compris la ligne de la mairie ! Heureusement, dans les petites villes, beaucoup ont le réflexe de nous appeler.
La fin du réseau cuivre en 2030
Cette incitation à se connecter à la fibre repose sur une réalité : le réseau de télécommunications via câbles de cuivre sera supprimé fin 2030. Damien de Kerhor, délégué régional Bretagne d’Orange, explique pourquoi : « Orange, propriétaire du réseau de cuivre, a a décidé d’arrêter son exploitation, en concertation avec l’Arcep (Autorité de régulation des télécoms). Ce réseau ancien et énergivore fournit des services utilisant des technologies qui ne permettent plus d’assurer les usages actuels.
Le cuivre sera remplacé par la fibre sur la majeure partie du territoire et par les réseaux mobiles ou satellite là où la fibre n’atteindra pas. L’opération est réalisée en sept lots. Sur le premier, lancé en décembre 2022, les communes relayent l’information aux habitants, qui ont jusqu’en janvier 2025 pour changer. En Bretagne, une vingtaine de communes sont concernées.
Damien de Kerhor précise : « Dans une commune où la date de fin du cuivre est annoncée, il ne faut pas le faire quinze jours avant. Si vous avez une maison avec jardin, le câble arrive dans une gaine qu’il faut déterrer, s’il est enterré. S’il est bouché, le technicien ne peut pas terminer la connexion. Cela arrive et c’est la responsabilité du propriétaire. Il faut prévoir du temps pour trouver la gaine ou en installer une autre. Pour les immeubles, se pose le problème de l’accès aux parties communes, contremarches saturées, qui prend parfois du temps. »
Solutions pour les lignes fixes
Damien de Kerhor précise que diverses solutions sont proposées, même pour ceux qui ne disposent que d’un téléphone fixe : « On peut connecter le téléphone fixe à la fibre, au réseau mobile ou au satellite sans abonnement internet.
Chez Orange, nous refusons de commenter les cas de pressions. Le délégué régional met en avant une migration nécessaire mais douce : « Nous donnons trois ans, pas trois semaines. Face à un démarcheur, l’idéal est de gagner du temps et de contacter votre mairie ou de vous rendre sur les sites de l’Arcep ou d’Orange pour savoir quand votre commune ne sera plus raccordée au cuivre. »
Rien ne sert donc de se précipiter lorsque la fibre arrive dans votre communauté. En revanche, le raccordement d’une maison individuelle peut être proposé par les opérateurs à un moment donné, payant à un autre moment. Prendre son temps avant de changer d’abonnement permet d’obtenir des informations ou des formations, notamment auprès de conseillers digitaux.
Enfin, face à un vendeur trop insistant, même celui de votre opérateur, c’est peut-être le moment de regarder ce que proposent les concurrents.
